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Indigènes de Rachid Bouchareb n’est pas seulement un film réussi et émouvant, c’est une page d’histoire que beaucoup ne connaissaient pas. Hommes d’Algérie, du Maroc ou encore du Sénégal, ils ont versé leur sang pour sauver la patrie française des affres du nazisme. Le jeu des acteurs est simple, sans fioritures, à la mémoire de ceux qu’on appelait les « indigènes ».
« De Gaulle a dit qu’on se battait pour le culte de la liberté, mais moi je me bats aux côtés de la France contre le nazisme ». Le caporal Abdelkader, alias Sami Bouajila, n’est pas venu par obligation mais pour sa patrie et pour la reconnaissance. Il attendra toujours l’honneur d’avoir libéré, aux côtés de ses compagnons d’arme l’Italie, la Provence ou l’Alsace. Mais, la France d’alors n’accordait le mérite et les grades qu’aux Français de l’hexagone.
Engagés dès 1943, Saïd, algérien chétif, désireux d’agir pour le bien, Yassir, berbère peu scrupuleux, engagé dans la guerre pour amasser de l’argent pour le mariage de son frère, ou encore Messaoud se battront jusqu’au bout pour la mère patrie. Sans jamais avoir foulé son sol, ni même avoir connu le confort qu’elle offrait, ils entrent en France sans a priori, ni haine.
Mais, cette France a, malgré Vichy, conservé son arrogance et son esprit dominateur. Pourtant, quand le colonel français affirme avec gravité à Abdelkader : « La France se rappellera de vous », l’espoir naît chez ce caporal déçu par l’injustice qui le touche. Mais, la France a bien vite tourné cette page d’histoire, notamment lorsqu’elle a décidé de geler les pensions des soldats des colonies, au moment de leurs indépendances, en 1959.
Ils chantaient pourtant tous en arrivant :
« C’est nous les Africains
Qui revenons de loin
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie
Nous avons tout quitté
Parents, gourbis, foyers
Et nous avons à cœur
Une invincible ardeur
Car nous voulons porter haut et fier
Le beau drapeau de notre France entière (...) »
Fanny Costes
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