Arrestation du journaliste Guillaume Dasquié : le véritable visage de la démocratie française.

samedi 22 décembre 2007.
Source : Respublica
 

Avant tout, il faut aller regarder sur le site bakchich.info la vidéo de Guillaume Dasquié chez Paul Amar sur France 5. Ce journaliste indépendant décrit en détail la perquisition à son domicile puis la quarantaine d’heures de garde à vue au siège de la DST.

C’est poignant : l’émotion de cet homme est à la hauteur de sa désillusion. Jusqu’à cet épisode, Guillaume Dasquié croyait en l’état de droit et à l’existence des libertés démocratiques, en particulier celles protégeant la liberté de la presse. Que diable, la France de 2007 n’est pas le Chili de septembre 73 ! Mais ces belles certitudes s’effondrent un certain matin lorsque six policiers « très polis » sonnent à son domicile... De menace en pression, le « dispositif » policier et juridique se met en place et amène Dasquié à parler. Sans révéler sa source, il cède à la pression et « balance » (l’expression est de lui) quelques noms d’intermédiaires pour pouvoir rentrer chez lui retrouver sa famille. Car la menace était tout simplement d’être incarcéré en préventive pendant de longs mois.

Regardez cette vidéo : vous aurez mal pour lui. Cet homme est ému d’avoir eu peur. Il a le courage de nous le dire. Oui, il a avoué et il a la honte des justes qui ont parlé. Guillaume Dasquié se sent sale. Le « dispositif » est satisfait, il a son information.

Regardons cette vidéo et disons à Guillaume Dasquié que nous sommes, au sens propre, en sympathie avec lui, que nous estimons son courage de nous dire, de nous décrire la violence policière et judiciaire qu’il a subie. Nous voulons lui dire : la honte n’est pas sur toi Guillaume, elle est sur les servants de la Machine, sur les ordonnateurs de l’Ordre qui usent de techniques perverses pour faire perdre la face à un homme... et en faire un exemple.

Oui, il faut voir cette vidéo et la faire circuler car il faut toucher du doigt la catastrophe qui nous attend. La rupture a eu lieu : pour garder le pouvoir, l’engeance Sarkozyste, à défaut de relance du pouvoir d’achat, ne peut compter que sur une « petite tyrannie ». Les médias seront donc vissés d’une poigne de fer. Et malheur aux journalistes qui ne joueront pas le jeu en refusant le cynisme. Le message est clair, le pouvoir nous dit en quelque sorte : « bien sûr Dasqué est innocent, bien sûr il n’a fait que son métier mais justement c’est avec des coupables et des cyniques que nous voulons travailler ».

Donc, l’alternative est simple : d’un côté, le confort, les facilités, la tranquillité, la renommée ; de l’autre, les harcèlements, les ennuis voire le chômage. Le Sarkozysme ne réinvente pas l’eau tiède, il applique les vieilles recettes des régimes autoritaires et celle en particulier de toujours miser sur la parti sombre de l’être humain. Ces gens sont des pessimistes pour lesquels le noir domine chez l’homme. Vous voulez une illustration de cet état de fait : le livre sur Rachida Dati, dont le titre provisoire était « la tricheuse », ne sortira pas, du moins pour le moment. L’auteur, un journaliste de l’Est Républicain, aurait subi une aimable pression du charmant Devedjian et a décidé de renoncer...

Renoncer, ne pas résister, ne pas faire preuve de courage et avoir honte de sa faiblesse ou de son cynisme, voilà le programme que l’on nous réserve.

L’infamie de la mise en examen de Dasquié pour divulgation de documents « secret défense » est parallèle à la révélation de l’arrêt depuis 2003 du programme nucléaire iranien par les services secrets américain. Comme quoi, nous ne devons pas prendre pour argent comptant les arguments changeants des pouvoirs exécutifs en matière d’ « intelligence ». En France, Dasquié a mené ce boulot d’investigation pour donner justement aux citoyens les moyens de comprendre. C’est ce que le sarkozysme ne veut pas. C’est justement le sens de notre engagement aux côtés de Guillaume.

Philippe Hervé


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