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Après la faillite désastreuse de la social-démocratie, la gauche moderne de rupture doit faire bloc pour porter un projet alternatif au néolibéralisme armé de son nouvel outil politique : l’extrême droite.
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Nous revenons ici sur la très bonne émission de l’institut La Boétie intitulée : La résistible ascension de l’extrême droite.
Cette première émission de l’institut fait suite à la parution du premier livre collectif du même institut en septembre 2024 dont le titre est : extrême droite, la résistible ascension.
Descriptif du livre sur le site de l’institut :
https://institutlaboetie.fr/extreme...
(Cet ouvrage fait suite à un colloque de deux jours qui a eu lieu à l’institut et dont nous avons rendu compte sur notre site.)
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On peut visionner l’émission avec le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=iSP...
Nous nous intéresserons particulièrement à l’intervention du sociologue Stefano Palonbarini. Il vient de faire paraître le 5 novembre 2024, avec Bruno Amable
Chocs sociaux, conflits et domination. Pour une économie politique néoréaliste, aux éditions Raisons d’agir.
Son intervention a lieu dans la seconde partie de l’émission.
Il est certes important comme le fait l’institut La Boétie d’analyser la nature, historique, la stratégie politique de l’extrême droite et ses impostures, d’analyser la sociologie et même la psychologie des électeurs de l’extrême droite, de rendre compte des facteurs économiques ayant favorisé l’essor du FN puis du RN, mais il est aussi nécessaire de comprendre en quoi la gauche et particulièrement La France Insoumise à de grandes difficultés à freiner et bloquer l’ascension de l’extrême droite.
Je ne parle évidemment pas ici de l’effondrement de la gauche socialiste et ses satellites occasionnée par les trahisons du gouvernement Hollande qui a provoqué une fuite des électeurs de gauche et un renforcement du FN – RN.
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Stefano Palonbarini mentionne 4 causes ne permettant pas de lutter efficacement contre l’extrême droite :
1) l’absence d’un « paradigme » alternatif, un projet de société à gauche constituant une alternative au paradigme néolibéral dans lequel s’encastre l’extrême droite avec une apparence d’homogénéité.
2) La diminution de la notion de classe en raison de la diversification des statuts professionnels, de la diversité des conditions de vie et de l’affaiblissement des syndicats. La faiblesse de la conscience de classe rend les classes populaires sensibles aux sirènes de l’extrême droite.
3) La construction de la NUPES a été un pas en avant pour la constitution d’un bloc de gauche mais les divisions internes n’ont pas permis la constitution fiable d’un tel bloc. En face, l’extrême droite donne l’apparence d’un bloc relativement unitaire, en tout cas beaucoup moins fragmenté.
4) La puissance de feu des médias hostiles à la gauche de rupture couplée à une faiblesse de l’implantation locale de cette même gauche de rupture face à l’implantation locale de la vieille gauche réformiste rend encore difficile la constitution d’un tel bloc de gauche radicale. Ainsi les élections municipales de 2026 constitueront un enjeu important pour l’émergence d’un tel bloc de gauche de rupture.
Je suis tout à fait en accord avec cette analyse qui se rejoint celle que j’avais fait il y a plusieurs années
Je retrouve dans les propos de Stefano Palonbarini ce que j’avais décrit dans le systèmePAFOU comme « clés de la victoire pour La France Insoumise » (et auparavant pour le Front de Gauche)
on accède à cet article avec le lien suivant : https://www.gauchemip.org/spip.php?...
je reprends brièvement la signification de ces lettres en les comparant aux 4 points Précédens.
P : Programme de gouvernement mais aussi Projet de société alternative. J’avais mentionné le travail d’élaboration déjà très avancée de Jacques Généreux dans son ouvrage « le socialisme néomoderne » devenu un peu plus tard « L’Autre société ».
Je rappelle que l’économiste Jacques Généreux est l’un des cofondateurs du Parti de Gauche et de La France Insoumise et coordinateur du programme avec Charlotte Girard pour l’élection présidentielle de 2017.*
(J’avais constaté que les derniers ouvrages de Jacques Généreux n’avaient fait l’objet d’aucune publicité dans des médias comme Mediapart et Politis, témoignant ainsi d’une grande superficialité intellectuelle, ce qui a provoqué mon désabonnement à ces magazines.)
Il me semble nécessaire que tout candidat à une élection sous l’étiquette France Insoumise devrait avoir lu « L’Autre société ».
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F Formation des militants et des citoyens. : l’absence de conscience de classe ne s’explique pas seulement pour des raisons économiques mais surtout pour des raisons idéologiques. L’une des tâches essentielles de France Insoumise est d’expliquer à tous les salariés, quel que soit leur statut professionnel, qu’ils sont exploités physiquement et intellectuellement lors de l’exercice de leur force de travail. Quant au travailleur indépendant, on peut leur expliquer qu’ils partagent une communauté de destin avec les salariés étant eux-mêmes soumis à la domination des grands groupes industriels et financiers directement ou indirectement.
C’est la raison pour laquelle nous avons écrit plusieurs articles, dans le cadre de l’éducation populaire, sur la notion de classe. En voici quelques-uns :
Classes sociales : Dominants ? Dominés ? De qui parle-t-on ? https://www.gauchemip.org/spip.php?...
La notion de classe : un concept absent dans l’univers mental des partis électoralement majoritaires. https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Partis politiques et classes sociales : gauche populaire et gauche élitaire. https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Remarquons que les deux notions clés à développer pour une gauche de rupture sont celles de classe sociale et de partage équitable des richesses produites par la population active.
U : Unité interne àLFI et Unité avec les partenaires politiques et mouvements sociaux. Nous abordons ici le troisième obstacle.
L’unité interne est préservée par le programme l’Avenir en commun, la charte des groupes d’actions, les principes du mouvement L’unité. externe avec des partenaires politiques repose sur un programme, en l’occurrence c’était celui de la NUPES puis à un moindre degré celui du NFP mais cette unité programmatique résultat d’âpres compromis ne peut suffire pour constituer un bloc alternative de gauche. Il lui faut pour cela un projet de société commun qui soit en rupture avec le néolibéralisme et on pourrait ajouter en rupture avec l’asservissement à des puissances économiques extérieures comme celle des États-Unis et en rupture avec l’asservissement à des structures supranationales comme l’union européenne. Mais cela pose le problème de la souveraineté nationale et populaire. La conception fédéraliste vous supranationales de l’union européenne soutenue par les socialistes et la conception régionaliste des écologistes sont incompatibles avec une conception collaborative entre États – nations souverains au niveau européen.
Il n’est pas inutile de rappeler ici que le référendum de 2005 avait rejeté le Traité Constitutionnel Européen.
Il apparaît donc que la question de la nation, de la souveraineté nationale et populaire sont des sujets sensibles provoquant des divisions non seulement entre la gauche radicale et la gauche réformiste mais au sein même de la gauche radicale.
Ne pas traiter sérieusement ce domaine, c’est non seulement laissé perdurer les divisions à gauche mais laisser le champ libre à l’extrême droite qui exploite à son compte non seulement en France mais aussi au niveau européen cette thématique du souverainisme qui peut prendre différents contenus.
Le travail intellectuel fourni sur cette question est pour l’instant très insuffisant et il faudrait réunir des groupes pluridisciplinaires (historiens, juristes, politologues sociologues, économistes, anthropologues, des officiers des services de renseignement indépendants, etc.
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A : Audience. Cela fait intervenir le problème soulevé au quatrième point il existe effectivement des difficultés à surmonter : celle de la puissance des médias hostiles qui impose des perceptions déformées du réel et la faiblesse de l’implantation de la gauche de rupture au niveau local.
Nous avons abordé cette question dans notre article sur le système PAFOU où nous développons aussi un plan média qui a été en partie réalisé.
https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Porte-à-porte émancipateur, l’arme absolue pour combattre l’idéologie dominante et pour changer de système ? https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Mais c’est implantation à développer dans les territoires va de pair avec la capacité d’organisation. D’où
O : Organisation verticale et horizontale du mouvement : et de ses alliés. Évidemment, les groupes d’actions locaux ont un rôle fondamental à jouer dans ce travail organisationnel local comprenant notamment la création de réseaux locaux.
On pourrait pour finir ajouter ceci : améliorer, à tous les niveaux de l’organisation, les techniques de communication en interne et en externe en améliorant encore la connaissance des mécanismes de fonctionnement des médias.
En conclusion, nous souscrivons, comme Clémence Guetté, à l’analyse de Stefano Palonbarini et nous apportons ici une illustration de ses arguments en apportant des réponses aux questions qu’ils posent.
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Hervé Debonrivage
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