« Vous n’êtes plus la bienvenue » – À Perpignan, cette habitante reçoit une lettre de menaces, bourrée de racisme

mercredi 10 juillet 2024.
 

Racisme et menaces à Perpignan.

Depuis le score alarmant du Rassemblement National (RN) aux élections européennes du 9 juin dernier et la dissolution de l’Assemblée Nationale, un racisme profondément ancré dans l’électorat d’extrême droite se déchaîne en France. Dans le sud, le média Made In Perpignan rapporte le cas d’une habitante qui a reçu une lettre de menace raciste… au simple prétexte de sa couleur de peau. Notre brève.

« Vous n’êtes plus aujourd’hui la bienvenue à Saint-Mathieu » : Brigitte, habitante de Perpignan, reçoit des menaces au prétexte de sa couleur de peau

Ce mercredi 3 juillet, Brigitte, habitante de Perpignan, reçoit dans sa boîte aux lettres un courrier pour le moins inquiétant. Celui-ci affirme que Brigitte ne serait « plus légitime à Perpignan »… du fait qu’elle soit racisée. L’auteur détaille ensuite la procédure l’incitant à conclure une « vente rapide » (en gras dans le texte) de son domicile en insistant : la propriété ne doit être vendue qu’à « une famille de bons français de souche » (aussi en gras dans le texte). Le pire reste à venir.

Les dernières lignes de la lettre portent en effet ni plus ni moins que des menaces : Brigitte n’est « plus en sécurité », « plus la bienvenue » dans le quartier et dans le pays. Elle devrait donc « préparer [son] départ vers l’Afrique ». Le dernier paragraphe s’achève par une menace de nettoyage ethnique dans le quartier, « où nous allons dès […] septembre effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d’en restaurer l’atmosphère catalane d’antan ». Le but est clair : terroriser et menacer nos concitoyens racisés, même si ceux-ci habitent le quartier depuis 10 ans, et le pays depuis 1966, comme Brigitte.

Le courrier est signé de la « Division Marcel Bucard de Perpignan » et finit par un symbole bleu-blanc-rouge en forme de hache. Décryptons ces symboles. Marcel Bucard était un collaborationniste français. Il est fusillé en 1946 et est fondateur en 1933 du mouvement Franciste, très en vogue sous l’Occupation.

Quant au symbole de fin de courrier, il s’agit du logo du Parti Populaire Français, autre parti ultra-collabo, fondé par Jacques Doriot, qui s’est même engagé dans l’armée allemande. Si le symbole fait penser à une francisque (une hache dont l’image est très reprise sous le régime de Vichy), on y retrouve aussi une des origines de la croix celtique, autre signe très utilisé par les néonazis d’aujourd’hui.

L’auteur (ou les auteurs) de cette lettre n’est donc pas « perdu » politiquement. Il connaît et se rattache vraisemblablement à une tendance très radicale dans l’histoire de l’extrême droite, celle des ultra-collaborateurs. Les bons résultats électoraux du RN font remonter à la surface les éléments les plus racistes et nauséabonds de l’extrême droite, qu’on pensait enterrés après la chute du régime de Vichy. Espérons que la plainte déposée par Brigitte permettra de retrouver ce nostalgique de Bucard.


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