« L’extrême droite, on a déjà essayé » : face à la montée du RN, des victimes du fascisme sonnent l’alarme

jeudi 18 juillet 2024.
 

RN. À deux jours du second tour fatidique de ces élections législatives anticipées, plusieurs anciens résistants et déportés s’inquiètent de la montée de ce parti fondé par des Waffen-SS, et par la possibilité d’un retour de l’extrême droite au pouvoir en France. Ils invitent les français à se souvenir des principes de la Résistance au nazisme. Face au péril fasciste, leurs paroles, leurs souvenirs, doivent être entendus. Notre brève.

Face à la menace du RN, des résistants appellent au sursaut

Mélanie Berger-Volle a beau avoir 102 ans, elle a toujours les idées claires. Cette franco-autrichienne, née en 1921 à Vienne dans une famille juive, a dû fuir son pays en 1938, suite à l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie. Elle avait assisté à la montée du pire là-bas. « On a oublié que Hitler est arrivé légalement au pouvoir », rappelle-t-elle.

Dès le début de l’occupation, cette glorieuse militante communiste antifasciste décide de rejoindre la Résistance et distribue auprès des soldats allemands des tracts anti-hitlériens. En 1942, elle est arrêtée et amenée en prison, mais parvient à s’échapper avec plusieurs camarades. Elle poursuit ses actions de résistance jusqu’à la Libération.

Encore aujourd’hui, le souvenir de cette sombre période reste vif dans son esprit. Elle observe avec horreur la progression du RN. « Ils sont très intelligents. Ils disent qu’ils sont devenus comme tout le monde, mais si vous grattez un peu, rien n’a changé. À Toulon, quand il y a eu un maire FN, il s’est d’abord attaqué à la culture, alors que nous ne pouvons pas vivre sans cela. Ils veulent aussi faire des différences dans les cantines scolaires », affirme-t-elle à France 24.

Roger Lebranchu, 101 ans, est, lui aussi, lucide sur la situation. En 1943, il est arrêté lorsqu’il tentait de rejoindre la France libre en Afrique du Nord en passant par l’Espagne. Il est déporté au camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, dont il parvient à s’enfuir. Il n’a rien oublié : « j’ai été déporté pour des faits de résistance et je ne veux pas qu’on soit gouverné par des anciens SS ».

Un autre ancien résistant sonne l’alarme face aux similarités qu’il observe entre les deux périodes. « On retrouve les éléments qu’on a connus à la fin des années 30. Je crois qu’on évolue dans le même système. Le danger est aussi à nos portes ». Il y a 80 ans déjà, il s’était engagé sans hésiter face au danger. À 20 ans, Jean Lafaurie s’engage dans les rangs des résistants communistes, les FTP du Lot. Arrêté et condamné à dix ans de travaux forcés, il parvient à organiser une mutinerie dans son camp de travail, mais celle-ci échoue. Il est alors déporté avec 1200 autres prisonniers à Dachau, où il survit miraculeusement pendant presque un an.

« L’extrême droite, on a déjà essayé ! », clame-t-il. « Ils ont peut-être changé leur façon de parler pour mieux tromper les gens, mais la base du mouvement est toujours la même. (…) La France est vraiment en danger, mais c’est le cas de toute l’Europe à l’heure actuelle ».

Léon Landini, ancien camarade de Missak Mélinée Manouchian et dernier survivant des FTP-MOI, que Macron avait tenté d’évincer de la panthéonisation du groupe Manouchian, a également écrit plusieurs textes pour dénoncer la continuité entre le RN d’aujourd’hui et Vichy.

Enfin, Daniel Huillier, 96 ans, est l’un des derniers résistants du maquis du Vercors encore en vie. Il avait pris le maquis dès 15 ans, aux côtés de son père et d’une partie de sa famille. Lui qui a vu nombre de ses camarades tomber sous les balles des nazis tient à rappeler la menace que constituent leurs héritiers. Il a récemment publié une tribune rappelant les valeurs de fraternité prônées par les résistants. « Dans la Résistance, il y avait bien sûr des Français, mais il y avait aussi beaucoup d’étrangers. Dans nos rangs, il y avait 36 nationalités ».

En effet, entre juin et septembre 1944, une cinquantaine de tirailleurs sénégalais participent à la bataille dans le Vercors, et contribuent à libérer les villes alentours, notamment Romans-sur-Isère. Plusieurs tombent au combat. Dans la nécropole des résistants du Vercors, on trouve encore ces trois noms : Abdesselam Ben Ahmed, Ahmed Ben Ouadoudi, et Samba N’dour. Aujourd’hui comme hier, les étrangers ont fait honneur à la France.

Si ces anciens résistants et déportés nous rappellent le profond danger que représente le RN, ils rappellent également que face au racisme et à la tyrannie, il reste toujours des hommes et des femmes capables de tenir tête héroïquement.


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