Villepin, Pompili, Guetta… Ces (trop rares) personnalités de la droite et du centre sans ambiguïtés face au RN

mercredi 10 juillet 2024.
 

Article de Thomas Delaunay, Le nouvel Obs

Longtemps combattue, l’extrême droite est aujourd’hui banalisée. Et pour les élections législatives de 2024, de nombreux camps politiques n’appellent plus à faire barrage contre le parti fondé par Jean-Marie Le Pen, mais plutôt contre… le Nouveau Front populaire.

Le troisième bloc principal selon les sondages, la majorité présidentielle menée par Gabriel Attal, renvoie dos à dos le Rassemblement national et le NFP. La droite traditionnelle, qui se désolidarise de l’union voulue par Eric Ciotti avec le RN, appuie ce brouillage des repères.

Pourtant, quelques personnalités de la macronie et des LR « canal historique » ont appelé clairement à un front républicain face au Rassemblement national.

Des anciens ministres macronistes

Ancien ministre, chargé de l’Europe, puis des Transports, Clément Beaune est député sortant Renaissance. Candidat à sa propre succession dans la 7e circonscription de Paris, il est opposé, entre autres, à Céline Tacher du RN, et à Emmanuel Grégoire du NFP, premier adjoint à la mairie de Paris. Sur Franceinfo le 14 juin dernier, l’ex-député s’est montré très clair : « Je suis prêt à voter pour un candidat LFI face au RN. » « Je ne mets pas de signe égal entre l’extrême gauche, même La France insoumise, et l’extrême droite du Rassemblement national », ajoutait Clément Beaune

Députée de la Somme sous la bannière de la majorité présidentielle, Barbara Pompili était Ministre de la Transition écologique dans le gouvernement de Jean Castex. Le 25 juin, elle signe et relaie une tribune publiée dans le quotidien « le Monde », exhortant les forces politiques à « s’entendre pour empêcher que le RN n’obtienne une majorité ». « Sortir des postures et des anathèmes, montrer notre capacité collective à construire un esprit de coalition pour faire face et agir ensemble », ajoute-t-elle sur X.

Ephémère ministre de la Cohésion des territoires, mais surtout secrétaire d’Etat chargé de la Ruralité entre 2020 et 2022, Joël Giraud est député sortant Renaissance. Il n’est pas candidat à sa réélection, et a pris sa retraite politique à la suite de la dissolution du 9 juin dernier. « L’annonce à venir d’un gouvernement de cohabitation entre le président de la République et l’extrême droite, (…) ça ne fait pas partie de mon ADN politique », s’exprimait-il sur BFM DICI.

Il avait rejoint la macronie dès les débuts du mouvement, Stéphane Travert était ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation dans le gouvernement d’Edouard Philippe, avant de siéger à l’Assemblée nationale comme député sous les couleurs de la majorité présidentielle depuis 2018. Il fait partie des signataires de la tribune publiée dans « le Monde ». Sur X, il relaie l’appel du maire de Dijon, François Rebsamen. « Face au danger que représente l’extrême droite, il faut tout faire pour éviter à notre pays la catastrophe que représenterait l’arrivée au pouvoir du RN », écrit ce dernier.

Des députés et un ancien Premier ministre

Député européen depuis 2019 et récemment réélu au sein de l’institution européenne aux couleurs de Renaissance, Bernard Guetta a également signé la tribune parue dans « le Monde ». « Il faut cesser de dénoncer les gauches unies comme un danger aussi grand que le lepénisme, systématiquement voter contre l’extrême droite au second tour et ouvrir la voie d’une union nationale entre la social-démocratie, la droite et le centre », écrit l’eurodéputé sur X.

Il est l’un des membres fondateurs d’En Marche !, dont il a été délégué général. Conseiller spécial d’Emmanuel Macron, Philippe Grangeon publie une tribune sur Mediapart et « l’Express », dans laquelle il alerte que « placer le RN et LFI sur un pied d’égalité est dangereux ». Il réclame « des consignes de vote claires au second tour », appelant un barrage contre l’extrême droite.

Avec le Rassemblement national, une xénophobie d’Etat

C’est l’une des seules figures de la droite à s’être clairement positionnée contre l’extrême droite, et il s’agit d’un ancien Premier ministre. Dominique de Villepin, chef du gouvernement sous la présidence de Jacques Chirac, a mis les points sur les i, le 19 juin dernier, sur LCI. « Je considère que la priorité doit être donnée à la lutte contre le Rassemblement national. Il constitue, aujourd’hui, la véritable menace pour notre pays », martèle-t-il. « Renvoyer dos à dos l’ensemble des formations, c’est prendre le risque de banaliser le Rassemblement national », alerte l’ancien Premier ministre.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message