Notre collectif a signé l’appel à la constitution d’un nouveau Front populaire « rassemblant toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes pour porter un programme de ruptures sociales et écologique ». Changer de Cap a envoyé sa lettre de signature aux dirigeants des partis concernés.
Nous avons signé, car il y a danger immédiat. Dans la situation où nous sommes, l’heure n’est pas aux divisions ou aux critiques, mais à l’action commune, en surmontant la cassure entre mouvements politiques, sociaux et citoyens, préjudiciable à la résistance et à la transformation sociale. Un sursaut se produit, une dynamique commune est en train de naître.
Dans l’immédiat, il est indispensable de faire barrage à la possibilité pour l’extrême droite de mettre en application ses projets racistes et fascistes en participant activement à la campagne législative dans une dynamique unitaire.
Mais il faut que cette dynamique unitaire se prolonge dans la durée, afin de faire le lien entre la richesse et la diversité de ces actions associatives ou citoyennes et la préparation d’un programme d’espoir et de rupture avec le libéralisme que semble vouloir construire le nouveau Front populaire.
On ne part pas de zéro. Face aux atteintes aux libertés, aux expulsions, à la maltraitance institutionnelle, à la surveillance généralisée du gouvernement, nous constatons depuis plusieurs mois que surgit un bouillonnement d’actions et d’idées, une effervescence qui répond au durcissement des politiques publiques. Au cœur des détresses surgissent des solidarités exemplaires. Des initiatives novatrices montrent la voie en matière de reconstruction écologique, d’autonomie, de coopération, de sécurité alimentaire. Il ne s’agit donc pas de créer, mais d’amplifier une dynamique qui a déjà démarré. La mise en lien de ces multiples actions rend visible un autre avenir. La possibilité d’un débouché politique permet l’espoir de les consolider sur le plan législatif.
Le Front populaire a réussi à imposer des réformes fondamentales en 1936 parce que la mobilisation populaire s’est traduite par des grèves, des manifestations et une pression sur les forces économiques dominantes. Aujourd’hui, c’est notre mobilisation qui permettra de concrétiser un programme de rupture dans les 100 jours du gouvernement du nouveau Front populaire, si celui-ci est majoritaire. Mais elle permettra aussi de résister dans le cas contraire.
C’est pourquoi dès à présent nous appelons chacun et chacune à se mobiliser là où il est, en premier lieu en signant individuellement l’appel à constituer le Nouveau Front Populaire, afin de signifier son attachement à l’unité de la gauche et son désaccord face aux candidats faisant cavaliers solitaires, au détriment de tous. Mais surtout, nous appelons chacun et chacune à participer à cette dynamique en multipliant les débats, les rencontres, les collectifs citoyens, comme le font déjà le Syndicat de la Montagne limousine dans rural, Pas sans nous dans les quartiers, ALDA au Pays basque, et bien d’autres. Nous appelons à multiplier les actions porteuses d’alternatives, de coopération, de solidarité, d’autonomie, de reconstruction écologique, d’une économie solidaire répondant aux besoins du plus grand nombre, et à réfléchir ensemble à leur sens et à leur portée politique.
Les gilets jaunes, les marches pour le climat, les innombrables réflexions sur « le monde d’après » pendant la crise sanitaire, les manifestations contre la réforme des retraites, etc., ont posé toutes ces questions. Elles ont été étouffées, réprimées violemment par le pouvoir. Celui-ci a échoué. Elles ressurgissent aujourd’hui. À nous de les faire vivre.
Le Conseil d’administration de Changer de Cap
13 juin 2024
La lettre de signature de Changer de Cap Chers amis,
Nous avons pris connaissance de l’appel à la constitution d’un nouveau Front populaire rassemblant toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes pour porter un programme de ruptures sociales et écologiques.
Nous vous remercions d’avoir engagé très rapidement une dynamique d’unité permettant de combattre le projet raciste de l’extrême droite et de construire une alternative aux politiques actuelles. C’était nécessaire et cela ouvre un espoir.
Nous répondons positivement à cet appel et nous souhaitons y participer de toutes nos forces. Votre proposition surmonte la cassure entre mouvements politiques, sociaux et citoyens que nous avons toujours jugé préjudiciable à la résistance et à la transformation sociale. Nous participerons activement à ces deux semaines de campagne avec toutes nos forces, car il y a un danger immédiat.
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En effet, par la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron ouvre la porte à l’accession au pouvoir du Rassemblement national, alors qu’il s’était engagé à en être le rempart. Il n’en est pas le rempart, mais le marchepied, par sa politique néolibérale, pro-riches, antisociale, anti-immigrés, antiécologique, autoritaire…. Une démocratie dévoyée ne prend plus en compte l’intérêt des citoyens, mais les exploite au profit d’un système dérégulé. Cette politique, qui a aggravé l’exclusion, la pauvreté, les souffrances matérielles et psychiques d’une part sans cesse croissante de la population génère une angoisse profonde et de la colère. Cette situation a nourri l’extrême droite, qui capitalise sur ces colères. Nous savons que les politiques d’un gouvernement RN auraient des conséquences encore plus terribles, symboliques et concrètes, sur des millions de personnes.
C’est pourquoi il est indispensable de mobiliser et de mobiliser largement la population dès aujourd’hui et dans les prochaines semaines.
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Cependant, nous voulons vous signifier qu’au sein de notre collectif, la décision de rejoindre le Nouveau Front populaire n’a pas fait l’unanimité. Nous agissons pour la défense des usagers de la CAF, et nous sommes en lien avec de nombreux collectifs citoyens et initiatives locales porteuses d’alternatives. Nous rencontrons quotidiennement des personnes qui subissent dans leurs vies les conséquences des promesses politiques non tenues, des comportements individuels contraires à l’éthique, la primauté de l’intérêt des partis sur l’intérêt général, les calculs d’appareil…, en considérant comme des dommages collatéraux les souffrances des plus vulnérables et de toute la population. Le fonctionnement actuel de la démocratie, désastreux, ne prend plus en compte leurs intérêts et leurs besoins, mais les rejette, les maltraite et les humilie.
Cette situation produit un dégoût de la politique chez ceux qui ont intérêt au changement et nourrit l’extrême droite, qui capitalise sur ces colères. C’est la gravité du moment qui nous a conduits ensemble à décider que Changer de cap rejoigne le Nouveau Front populaire, car l’heure n’est pas aux divisions ou aux critiques, mais à l’unité.
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Pourtant, malgré ce climat délétère, nous constatons que partout localement, aussi bien en matière sociale et qu’écologique, surgit un bouillonnement d’actions et d’idées, une effervescence qui répond à la gravité de la situation. Au cœur des détresses surgissent des solidarités exemplaires. Des initiatives novatrices montrent la voie en matière de reconstruction écologique, d’autonomie, de coopération, de sécurité alimentaire. La mise en lien de ces multiples actions rend visible un autre avenir et entretient l’espoir. C’est pourquoi nous souhaitons que cette dynamique unitaire se prolonge dans la durée, afin de faire le lien entre la richesse et la diversité de ces actions associatives ou citoyennes et la préparation d’un programme d’espoir et de rupture avec le libéralisme.
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Bien sûr, il faut abolir les lois iniques (assurance chômage, immigration, exonérations fiscales, et bien d’autres). Mais au-delà il faut changer d’état d’esprit et de vision du monde. L’économie de demain ne peut pas être basée sur le profit de quelques-uns, mais sur la réponse aux besoins du plus grand nombre, en reliant justice sociale et justice écologique. Les classes populaires, les habitants des quartiers et des territoires ruraux ne sont pas le problème, ils sont la solution. Ils ne doivent pas seulement être « écoutés », mais être au cœur des décisions. C’est le respect de la parole donnée qui permettra de restaurer leur confiance dans le travail politique, qui constituera le fondement d’un renouveau politique et de méthodes émancipatrices, pour que chacun devienne citoyen d’un monde solidaire et acteur de sa propre vie.
L’instauration d’un droit à des relations humaines et à des services publics tournés vers l’intérêt général est constitutive du contrat social, en rupture avec l’État plate-forme 100 % numérique qui constitue le rêve des libertariens jusqu’ici au pouvoir.
Nous sommes confiants dans la possibilité de surmonter ensemble les obstacles. Tous et toutes ensemble, nous pouvons changer la société !
Didier Minot, président
pour le Conseil d’administration de Changer de cap
P.-S.
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