Karl Marx aujourd’hui, sur France Culture.

mardi 20 février 2024.
 

Dans son émission « Avec philosophie », Géraldine Muhlmann a organisé quatre épisodes sur la pensée de Karl Marx. Nous en rendons ici compte et formulons quelques commentaires.

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Cette émission a été diffusée sur France Culture du 29/01/2024 au 01/02/2024 en cliquant sur chacun des liens, on accède à chaque émission d’environ 55 minutes. On reproduit ici des extraits de la présentation de chaque émission..

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Épisode1 : Le jeune Marx et l’hégélianisme : 1841 – 1844

https://www.radiofrance.fr/francecu...

De 1841 à 1844, Karl Marx fait partie d’un mouvement berlinois, le Jeune-hégélianisme. Pourtant, à la différence de ses camarades, il s’intéresse moins aux questions religieuses qu’aux questions politiques et sociales…

Avec :

Michaël Löwy Philosophe et sociologue, auteur de Franz Kafka et de Rosa Luxemburg. L’étincelle incendiaire.

Pauline Clochec Maîtresse de conférences en philosophie

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Épisode 2 : le concept d’idéologie hier et aujourd’hui.

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Marx et Engels développent le concept d’"idéologie". Il décrit comment les idées d’une époque, politiques, juridiques, religieuses, reflètent la vision de la classe dominante, même quand on se croit libre. Si les idées évoluent avec la classe dominante, est-ce pour autant une réalité inéluctable ?

Avec :

Isabelle Garo enseignante de philosophie spécialiste de Marx

Guillaume Fondu professeur de philosophie au Lycée François Villon de Beaugency

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Épisode 3 : Le Capital.

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Dans "Le Capital" Marx développe des idées sur la résistance du capitalisme. Ses thèses, comme la théorie de la "plus-value" ou celle de la "fétichisation" de la marchandise, restent-elles pertinentes aujourd’hui ? Comment cette analyse résonne-t-elle dans le monde moderne ?

Avec :

Mireille Bruyère Maîtresse de conférences en sciences économiques à l’université de Toulouse Jean Jaurès, chercheuse au CERTOP (Centre de recherche et d’études Travail organisation pouvoir) du CNRS, membre des Économistes atterrés au sein du Conseil scientifique

Isabelle Garo enseignante de philosophie spécialiste de Marx

Ulysse Lojkine ATER en économie à l’université Paris-Nanterre

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Épisode 4 : le marxisme après Marx

https://www.radiofrance.fr/francecu...

Les multiples orientations des marxismes ne surprennent guère, Marx lui-même exprimait des réserves sur l’appropriation de sa pensée. Engels témoigne de cette phrase prononcée par Marx : "Tout ce que je sais, c’est que je ne suis pas marxiste, moi !". Quels sont les différents marxismes ?

Avec :

Frédéric Rambeau Maître de conférence au département de philosophie de l’Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis

Franck Fischbach Professeur en histoire de la philosophie allemande à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de la philosophie sociale, de l’ hégélianisme, du marxisme et la théorie critique.

Agnès Grivaux Maîtresse de conférence à l’Université de Nantes

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Nos commentaires

Plus-value

Cette série d’émissions concernant Karl Marx sur France Culture est intéressante mais comporte des lacunes importantes pour comprendre la pensée économique de Karl Marx. Elle a néanmoins le mérite d’exister ce qui n’est pas évident dans un contexte idéologique de verrouillage médiatique anti – marxiste quasi-total.

Premières lacunes : la théorie de la plus-value n’est abordée que sous l’angle de la plus-value absolue et n’est pas abordée avec la notion complémentaire de plus-value relative.

La prise en compte de cette notion aurait permis de répondre valablement à la question de l’animatrice Géraldine Muhlmann sur la productivité.

Pour comprendre de quoi il s’agit, je rappelle brièvement les notions essentielles.

Proposition 1 : la valeur (d’échange) d’une marchandise est égale au temps de travail social moyen nécessaire à sa production. Cette valeur se réalise lors de l’échange.

Il s’agit ici de travail abstrait cristallisé dans la marchandise.

Proposition 2 : la valeur de la force de travail est égale à la valeur des marchandises nécessaires à sa reproduction, c’est-à-dire à la somme des valeurs des marchandises (biens et services) que le travailleur doit achetait pour vivre avec sa famille. (Alimentation, logement, etc.)

Proposition 3 : l’augmentation de la productivité du travail consiste à pouvoir fabriquer plus de marchandises dans le même temps, ce qui revient pour une marchandise donnée à la produire en un temps plus court. Pour réaliser cela, le capitaliste mécanise robotise le procès de travail, rationalise la division et l’organisation du travail ou encore intensifie le travail.

Pour ce faire, il doit investir en machines et en énergie donc en capital constant C.

Proposition 4 : l’augmentation de la productivité diminuant la valeur unitaire des marchandises, il en résulte qu’elle peut diminuer la valeur de la force de travail dont la valeur a été définie ci-dessus. Ainsi, l’augmentation de la productivité diminue la valeur v de la force de travail. Cela revient à diminuer la valeur du capital variable v investi par le capitaliste pour acheter de la force de travail.

Proposition 5 : cela revient alors à modifier la répartition entre le temps de travail nécessaire à la re production de la force de travail de valeur v et le temps de surtravail dont la valeur est la plus-value pl au profit du capitaliste.

Prenons un exemple pour fixer les idées :

Avant l’augmentation de la productivité pour une journée de 8h, on a la répartition : V = 5 et pl = 3.

Après augmentation de la productivité, pour une journée de 8 h, on a la répartition : v = 4h et pl = 4 h.

Ainsi, le temps de surtravail a augmenté de 1h. Le taux d’exploitation pl/v passe de 3/5 à 4/4 c’est-à-dire de 0,6 à 1.

L’augmentation de la productivité augmente donc la plus-value relative.

L’augmentation de la plus-value absolue, en revanche, s’obtient par allongement de la durée du travail qui peut s’exercer au niveau d’une journée, d’une semaine d’un mois d’un an, d’une vie active ce qui pose alors la détermination de l’âge légal de la retraite.

Par exemple si l’on allonge de 1h la durée de la journée de 8h, on peut avoir la nouvelle répartition : v = 5h et pl = 4h.

Le taux d’exploitation passe de 3/5 à 4/5 c’est-à-dire passe de 0,6 à 0,8 dans l’optique de la plus-value absolue, la salarisation croissante des femmes a augmenté le temps de travail salarié par famille et donc la plus-value pour le capitaliste.

Depuis deux siècles, le droit du travail ayant imposé des limitations de la durée hebdomadaire du travail, le capitaliste utilise donc autant que possible l’obtention d’une plus-value relative par augmentation de la productivité.

Proposition 6 : l’augmentation de la productivité du travail a pour effet d’augmenter la valeur de la composition organiqueC/v du capital.

En effet, le quotientC/v a tendance à augmenter car le capitalC a tendance à augmenter et le capital variabl v a tendance à diminuer

Le capital constantC et le capital investi en matières premières, infrastructures et notamment en machines nécessaires pour la mécanisation. Le capital variablev est le capital investi en salaire correspondant à la valeur des forces de travail utilisé.

On a vu que l’augmentation de la productivité nécessite l’augmentation deC et provoque la diminution dev

proposition 7 : le taux moyen de profit est le quotient entre la plus-valuep et le capital avancéC +v, c’est-à-dire : pl /(C +v)

proposition 8 : la composition organique du capital intervient dans le taux de moyen de profit.

Voici un petit calcul le démontrant : on divise le numérateur et le dénominateur du quotient précédent par v. On obtient ainsi : pour le taux de profi Tt :T = (pl/v)/((C + V)/V) = (pl/v)/(C/v + v/v).

En appelant e le taux d’exploitation pl/v et K la composition organique du capitalC/v, on obtient pour le taux moyen de profit la formule fondamentale : T =e/(K +1)

proposition 9 : la contradiction fondamentale du système capitaliste.

En augmentant la productivité du travail pour augmenter la plus-value relative donc les profits, les capitalistes augmentent du même coup la composition organique du capital ce qui a pour effet de diminuer le taux moyen de profit. En effet, dans la formule précédente, la composition organique du capitalK en augmentant la valeur du dénominateur aura donc tendance à faire baisser la valeur du quotientT c’est-à-dire du taux de profit. C’est une tendance, car le numérateure, c’est-à-dire le taux d’exploitation, a tendance à augmenter, ce qui a tendance à augmenter la valeur deT. Mais le taux d’exploitation e atteint des limites maximales en raison de limites physiques de la force de travail et du droit du travail

En revanche, il n’existe pas de limite a priori de la hausse du capital constant investi en machines pour traiter et transformer la matière, l’énergie est l’information.

Il s’agit ici d’un résumé très condensé d’une partie centrale du livre Le Capital de Marx. Il faudrait évidemment parler du taux de profit moyen par branche puis du taux général de profit faisant intervenir plusieurs branches de l’appareil productif.

Une autre notion maltraitée dans l’émission est celle de la notion d’argent chez Marx.

Pour cela, il aurait fallu aborder la notion de « forme valeur » forme de la valeur.

La valeur d’une marchandise comme le temps social moyen nécessaire à sa production ne se réalise que lorsque cette marchandise est vendue c’est-à-dire échangée dans la sphère marchande. Lorsqu’une marchandiseA s’échange contre une marchandiseB on exprime la valeur deA dans le « corps » de la marchandise B dont la valeur est équivalente à celle deA. La valeur équivalente deB s’appelle alors forme valeur deA. On pourrait ainsi exprimer ainsi la valeur deA dans une quasi infinité de marchandises ayant toute la même valeur queA. En mathématiques, on pourrait parler ici de classe d’équivalence.

Pour simplifier l’échange et la circulation des marchandises on choisit donc une marchandise de référence, une marchandise étalon qui joue le rôle de ce que Marx appelle un « équivalent général ». Qui permet ainsi de représenter la forme valeur de n’importe quelle marchandise. Il s’agit de l’Argent.

L’Homo sapiens devenu homo économicus pour donner un « corps » à cet argent crée la monnaie dont la valeur se réfère à un métal essieu or, platine, argent celui-ci étend quasiment inaltérable et divisible à souhait. L’argent ou la monnaie est donc la forme de la valeur. L’expression monétaire de la valeur s’appelle le prix.

Marx distingue argent et capital.

L’argent sert à acheter ou vendre des marchandises, c’est-à-dire sert à faire circuler des marchandises.

C’est le circuit de base : M –A –M’. On vend une marchandise M contre une somme d’argentA pour acheter ensuite une autre marchandiseM’. C’est la base de l’économie de marché.

Dans le cas où l’argent devient capital, on distingue deux cas :.

- Le cas du capital commercial.

On a le circuit de bas suivant :

A –M –A’ =A plus dA en appelantdA le proférer réalisé par la vente de la marchandiseM.

L’argentA’ obtenu ainsi après la vente de la marchandiseM est supérieure en quantité (valeur) à celle deA.

La finalité de l’échange n’est pas ici de faire circuler une marchandise mais d’accroître la quantité d’argent. C’est ainsi que l’argent devient capital.

Le circuit de base A M – –A’ est celui de l’économie capitaliste.

L’enchaînement ou l’intrication des deux circuits de base précédents s’appelle économie de marché capitaliste.

Le cas du capital productif ou la rotation du capital.

Le capitaliste dispose d’une quantité d’argentA avec laquelle il achète des matières premières M et de la force de travail FT qui transforme M pour produire une nouvelle marchandiseM’qui est ensuite vendue par le capitaliste. Celui-ci par cette vente reçoit une quantité d’argent A’ évidemment supérieur àA. Comme ci-dessus : A’ = A+dA.

Pendant le processus de production : M + FT –M’ le capitaliste réalise une plus-value pl qui se réalisera par la vente de la marchandise produite M’ par le profit dA .

En résumé le circuit de base de circulation du capital productif est : A –M + FT –M’–A’

remarquons que le terme générique de matière première M peut être un une matière brute , un produit semi fini et M’peut désigner un produit semi fini ou fini.

Pour réaliser la transformation de M en M’ les travailleurs peuvent utiliser différents outils dont des machines diverses qui améliorent la productivité.

le nouveau capital A ’peut servir à son tour à acheter de la matière première et de la force de travail pour produire de nouvelle marchandise qui sauront à leur tour vendues pour obtenir un nouveau capital A’’plus important que le précédent. C’est le processus d’accumulation ou d’élargissement du capital.

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L’expression monétaire de la valeur d’une marchandise et son prix. L’expression monétaire de la valeur de la force de travail et le salaire. L’expression monétaire de la plus-value et le profit.

Proposition 10 : Le prix d’une marchandise peut s’exprimer de la manière suivante : P=C +v +pr Où C est le capital constant investi pour l’achat des matières premières, des machines, de l’énergie, des locaux,…

v est le capital variable investi pour acheter la force de travail : c’est-à-dire le montant des salaires et des différentes cotisations sociales.

Pr est le profit réalisé résultant de l’exploitation de la force de travail et de la vente des marchandises produites.

Le prix P peut être considéré comme un prix global de vente de marchandises d’un même type ou comme prix unitaire en réalisant une moyenne par rapport au nombre de marchandises produites et vendues. V

Proposition 11 : le prix fait intervenir le taux moyen de profit.

Considérons la définition du taux moyen de profit : T =pl/(C +v) cette formule permet d’écrire :pl =T (C +v).

Lors de la vente sur le marché des marchandises produites par les travailleurs, la plus-value se réalise en fonction des taux de profit par branche ou du taux de profit moyen. L’expression monétaire de la plus-value pl devient alors le profit pr.

La formule précédente devient :pr =T ( C +v)

si nous revenons maintenant à la formule précédente du prix P vue ci-dessus, en remplaçant pr par cette valeur, on obtient : P =C +v +T (C +v)

d’où l’expression du prix d’une marchandise en fonction du taux moyen de profit :

P= (C +v). (T +1)

ainsi, le prix d’une marchandise dépend du capital avancé C +v et du taux général de profit moyen

Je ne rentre pas ici dans les détails de la détermination du taux moyen de profit par branche puis entre branches de production faisant intervenir la concurrence entre les entreprises capitalistes.

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Correctif précision sur la notion de valeur et de prix.

Karl Marx fait intervenir aussi la notion de valeur de marché qui dépend de l’offre et de la demande pour la vente du produit fabriqué

Pour clarifier cette notion délicate, il nous suffit de distinguer la quantité Q1 de marchandises d’un type donné produites et la quantité Q2 de marchandises demandées de même type sur le marché après leur production.

Si l’on appelle t le temps total de travail social abstrait pour fabriquer ces marchandises, le temps de travail social moyen cristallisé dans chaque marchandise produite est t/Q 1 , c’est la valeur d’échange, notée ici V1, défini par Marx, et le temps social moyen abstrait cristallisé dans chaque marchandise demandée est : t/Q 2, notée ici V2. Qui n’est rien d’autre que la valeur de marché.

On a alors trois cas de figure :

Q 2 >Q 1 : la quantité de marchandises demandées et plus grande que la quantité de marchandises offertes ou produites. Alors :V 2 < V1 ; la valeur de marché est inférieure à la valeur de la marchandise.

Q2 V1, c’est-à-dire que la valeur de marché est supérieure à la valeur de la marchandise..

Enfin, siV1 =V2, l’offre coïncide avec la demande et la valeur de marché est égale à la valeur de la marchandise.

Marx explique que, dans la pratique, la valeur de marché oscille autour de la valeur.

Remarquons que la demande dépend du besoin social d’acquérir telle ou telle marchandise (pour sa valeur d’usage) et du pouvoir d’achat des acheteurs.

Le prix d’une marchandise comme vue ci-dessus de l’investissement en capital nécessaire à sa production et du taux moyen voir même du taux moyen général de profit. Il gravite autour de la valeur de marché et dépend aussi de l’offre et de la demande.

Le prix intégrant le taux moyen de profit fait intervenir la concurrence de différentes entreprises pour la production et la vente d’une marchandise déterminée.

En résumé : la détermination de la valeur d’une marchandise est un rapport social qui dépend du rapport de force entre salariés et capitalistes notamment pour déterminer le temps nécessaire à sa production et la répartition entre temps de travail est temps de surtravail, c’est-à-dire entre capital variable et plus-value.

La valeur de marché fait intervenir en plus la notion de demande d’une marchandise sur le marché.

Le prix fait en outre intervenir la concurrence entre les capitalistes pour la détermination du taux de profit.

L’approfondissement de ces questions et assez complexes comme on peut, entre autres, s’en rendre compte avec l’article suivant :

Marché et concurrence chez Marx (remarques sur Le Capital, liv. III, chap. X)

Par Ghislain Deleplace

https://www.persee.fr/doc/cep_0154-...

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Il est fait allusion dans l’émission a Hébert Marcuse de l’école de Francfort à laquelle se réfère souvent Géraldine Muhlmann. Un élément central du livre de Marcuse Le marxisme soviétique est de montrer l’importance d’un phénomène sous-estimé par Marx : le contrôle démocratique des moyens de production et non pas seulement la propriété des moyens de production.

Cela pose la question de la gestion, de l’organisation de la mise en œuvre de ces moyens de production et du processus de domination. En d’autres termes, l’importance du savoir, de la compétence et des cadres. Cet ensemble finit par former une couche sociale particulière nommée technostructure ou nomenklatura pour URSS.

Or c’est précisément cette question centrale qui a été au cœur du travail des deux intellectuels marxistes Jacques Bidet et Gérard Duménil. Ils ont approfondi la notion d’organisation du travail chez Marx et son impact sur la structure de classe.

Pour Bidet, la classe dominante n’est plus monopolaire mais bipolaire : un pôle de la propriété et du marché et de l’autre un pôle de l’organisation, du savoir, de la compétence.

Ces deux pôles constituent une unité dialectique dans le sens du matérialisme dialectique.

À cette classe s’oppose la classe dominée constituée de trois composantes : les salariés du Public, les salariés du Privé et les travailleurs indépendants. Il ne sera pas question dans cette émission de cette avancée majeure de la pensée marxiste.

Les deux auteurs précédents ont écrit un livre invisible dans l’émission : Alter marxisme (Presses universitaires de France)

rappelons que Jacques Bidet a été le directeur de la collection Actuel Marx aux PUF et organisateur des colloques internationaux de l’espace Actuel Marx.

Pour avoir des informations sur Actuel Marx utiliser le lien suivant : https://assoeconomiepolitique.org/a...

La revue Actuelle Marx sur Cairn info : https://www.cairn.info/revue-actuel...

Un exemple de colloque organisé en décembre 2014 sur le rapport entre Foucault et Marx..https://sophiapol.hypotheses.org/16279

Il est assez surprenant de constater que dans cette émission n’ont pas été mentionnés des travaux économiques et sociohistoriques comme ceux de Jacques Bidet, de Robert Fossaert qui ont fait progresser notablement la pensée marxiste. La recherche marxiste ne s’est pas arrêtée avec l’école de Francfort comme on pourrait le croire en écoutant l’émission.

Un ouvrage de Jacques Bidet en relation avec l’émission est : explication et reconstruction du Capital. (PUF)

On peut mentionner une vidéo, parmi d’autres, de Jacques Bidet sur l’émancipation :

https://www.youtube.com/watch?v=pya...

Le travail considérable de Robert Fossaert consigné dans son ouvrage en six volumes : La Société (Fayard) et résumé dans une étude : théorie de la société de Robert Fossaert.

https://www.erudit.org/fr/revues/cg...

l’ouvrage de Louis Althusser Idéologie et appareil idéologique d’État est disponible gratuitement en ligne avec le lien suivant :

http://classiques.uqac.ca/contempor...

Mais cette approche est largement dépassée par celle de Robert Fossaert dans son volume : les appareils idéologiques.

Cependant il existe une étude encore plus complète des idéologies : c’est l’approche multilatérale de Raymond Robert Tremblay de la notion d’idéologie.

Robert Tremblay : Sens et pouvoir fondements pour une socio sémiotique de l’idéologie (Thèse de doctorat, Montréal 1991.)

https://www.academia.edu/100349219/... Cette thèse de doctorat en sémiologie de 1286 pages constitue, à ma connaissance, la synthèse la plus complète des différentes approches de la notion d’idéologie. Une attention particulière est portée sur l’articulation entre idéologie et imaginaire.

Concernant l’articulation entre infrastructure et superstructure, cela fait bien longtemps que les marxistes, y compris dans leurs publications aux éditions de Moscou pendant la période soviétique, considèrent une action rétroactive de la superstructure sur l’infrastructure.. Les idées ont une force matérielle.

Henri Lefebvre dans son ouvrage Le mode de production étatique écrit, dans son premier volume, que la séparation entre infrastructure et superstructure n’est pas toujours évidente. Si l’on considère les rapports de production qui font donc parti de l’infrastructure, ils font intervenir un rapport de propriété, un acte de propriété qui est de nature juridique et qui fait donc parti de la superstructure. De même, l’utilisation de la force de travail fait parti de l’infrastructure mais fait intervenir un contrat de travail de nature juridique qui, lui aussi, fait parti de la superstructure.

* La théorie marxiste est loin d’être achevée et est toujours, au niveau international, l’objet de nombreuses recherches en économie et dans les différentes branches des sciences humaines.

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On peut trouver sur le site de Jacques Bidet l’ensemble de ces publications traduites dans de nombreuses langues :

https://sitejacquesbidet.fr/

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Hervé Debonrivage


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