« Comment peut-on dire que l’inflation baisse alors que nos jeunes font la queue pour la file d’aide alimentaire ? », s’interroge Sarah. Elle est l’une des 40 participantes au café populaire organisé par les insoumis de Bagnères-de-Bigorre vendredi 15 décembre. Dans la salle pleine à craquer, les curieux au comptoir écoutent et se joignent aux discussions sur le thème retenu pour la soirée : la lutte contre la vie chère. L’économiste Anne Isla, des « économistes atterrés » est venue pour l’occasion. Mais en quoi consiste au juste un « café populaire » ?
Ils sont l’un des nouveaux outils en vogue dans la grande palette d’initiatives proposées par la France insoumise. Une « discussion politique, ouverte à toutes et tous, pour apprendre et échanger sur un sujet précis avec un déroulé qui permet à chacun de prendre la parole », rappelle le co-animateur du groupe d’action dans son mot d’introduction. Un grand moment d’éducation populaire, permis par le pôle des cafés populaires, en partenariat avec l’Institut la Boétie, la fondation insoumise qui monte partout en puissance.
À la fin du café, les éloges ne manquent pas. « Un grand succès : la moitié des personnes au café n’étaient pas des militants, c’est une réussite pour parler au plus grand nombre, on va le refaire ! », raconte l’un des participants. « Le format permet d’apprendre beaucoup de choses, et aussi de partager nos connaissances, nos vécus », renchérit un autre. L’Insoumission relaye dans ses colonnes le récit d’une des participantes pour cette « soirée mémorable ». Récit.
« La moitié des personnes au café n’étaient pas des militants, c’est une réussite pour parler au plus grand nombre »
Le 15 décembre, le groupe d’action militant Haut-Adour Insoumis organisait son premier café populaire dans une brasserie de Bagnères-de-Bigorre. Quarante personnes se sont retrouvées dont une moitié de militants actifs.
Nous sommes dans les Hautes-Pyrénées, au pied des montagnes enneigées. Dans l’un des départements les plus vieillissants d’Occitanie, le niveau des revenus est plus bas que la moyenne nationale. Et quand les salaires sont insuffisants, la vie est chère… Les retraités, nombreux dans la salle, sont inquiets de voir la vie qui augmente pendant que leurs pensions stagnent.
Électricité, loyers, carburant, alimentation… Quelqu’une dit « on parle beaucoup de la perte du pouvoir d’achat des classes moyennes, mais on ne parle pas des classes les plus pauvres ». Un autre fait remarquer qu’il y a trop « d’objets qui brillent », à moindre prix, des ersatz d’objets. Une participante lance : « mais on ne peut pas se priver de tout ! ». Le débat s’oriente sur le lien de cause à effet avec la révolution : « Les révolutions naissent toujours d’une situation où le peuple a faim ». On parle du mouvement des gilets jaunes. Une participante dit : « il faut arrêter de travailler et qu’on partage tout ».
L’économiste Anne Isla, des « économistes atterrés » revient sur les interventions des uns et des autres et explique la situation économique actuelle. « Depuis la dernière guerre mondiale, c’est la première fois que la consommation alimentaire diminue ». Nous vivons un épisode d’inflation des prix. L’inflation est un mécanisme qui a potentiellement plusieurs causes. Elle peut être due à une hausse de la demande – ce qui n’est pas le cas actuellement.
Elle peut être due à une augmentation des salaires – on n’en est pas là. La troisième raison est l’augmentation des profits – c’est précisément ce qu’il se passe : le secteur de l’agroalimentaire a profité de la guerre en Ukraine pour faire des profits excessifs. Et la grande distribution a augmenté ses marges. Cette forme d’inflation fait exploser les inégalités. « Il n’y a pas d’inflation sur les yachts, mais il y en a sur les produits alimentaires. Cela fait tomber des gens sous le seuil de pauvreté ».
Pour autant, l’inflation n’est pas forcément négative : par exemple, quand les salaires augmentent, les prix augmentent et ça diminue la dette du pays.
La discussion se poursuit sur le rôle de l’Europe. Les traités européens postulent que plus il y a de concurrence, plus il y a de richesses. « Ça ne marche pas ! ». La hausse des taux d’intérêts fait baisser la demande. La productivité des entreprises baisse, parce que les bénéfices sont versés en dividendes aux actionnaires. Ils ne sont pas réinvestis dans la modernisation de l’outil de travail. « Certains économistes sont atterrés de voir que l’Europe promeuve des théories qui ne fonctionnent pas ».
En conclusion, quelques idées d’actions sont exprimées : boycotter la grande distribution, acheter local, informer la clientèle des supermarchés des profits de la grande distribution, utiliser la monnaie locale « la sonnante », changer de banque pour aller dans une banque plus responsable.
Ce café populaire fut très détendu et convivial. La députée LFI Sylvie Ferrer fit le récit de quelques exemples de conséquences sur notre économie locale et a présenté à l’ensemble des participants le panel des propositions de lois de la niche parlementaire de la France Insoumise.
Par Victoria Klotz
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