En novembre 1940, 9999 électeurs de droite sur 10000 soutiennent Pétain. Ses déplacements attirent des foules considérables qui l’applaudissent à tout rompre.
Ainsi, ce 5 novembre 1940, le maréchal aux pleins pouvoirs pavane à Toulouse au milieu des délégations enthousiastes d’anciens combattants et d’enfants des écoles. Au moment où sa voiture découverte atteint le bas de la Rue de Metz (en face l’Hôtel d’Assezat) des nuées de tracts s’envolent puis retombent sur les spectateurs qui lisent effarés : « La jeunesse de France ne veut pas du maréchal félon. »
Qui a eu l’audace de rédiger un tel tract ? Huit membres de Jeunesses Communistes, particulièrement Angèle del Rio (fille de républicains espagnols), Yves Bettini (fils d’immigrés italiens), Robert Caussat.
Par quel stratagème ont-ils réussi à inonder le centre de Toulouse (angle de la rue de Metz et de la rue d’Alsace), exactement au moment où passe le maréchal Pétain ?
Ils utilisent une grande tapette à rats dont l’appât (fromage) est remplacé par des paquets de tracts.
Le ressort est lesté par une boîte de bouillon Kub remplie d’eau et percée d’un petit trou.
L’eau s’écoulant, la boîte s’allège et libère le ressort qui fait jaillir les tracts.
Yves et Robert ayant calculé les délais, avaient mis en place cette mécanique avant midi en haut d’une fenêtre du 13 Rue d’Alsace-Lorraine. Angèle, adossée au musée des Augustins a simplement attendu l’arrivée de Pétain pour s’assurer de la réussite des opérations.
Personne ne les a vus mais la police cherche systématiquement qui a pu réussir un coup pareil. Elle met la main sur un dénonciateur. Le trio est arrêté ainsi qu’une quinzaine d’autres résistants.
Direction : les camps de concentration.
Hommage à ces Résistants, en particulier à Angèle, toujours bon pied bon oeil à Toulouse. Elle vient de livrer son récit « Comment j’ai résisté à Pétain », 96 pages, 10 euros, dans un ouvrage publié par les éditions « Le vent se lève »
Jacques Serieys
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