René Revol, maire LFI de Grabels, intimidé par 2 brutes d’extrême droite

lundi 2 octobre 2023.
 

Samedi (17 heures), une marche est organisée à Grabels (Hérault), une semaine après l’agression de René Revol (LFI), le maire de cette commune de la métropole de Montpellier. L’élu rentrait d’une manifestation contre les violences policières, dans le centre-ville de la capitale héraultaise, lorsqu’il a été pris à partie et menacé par deux individus. A la veille de ce rassemblement contre les violences de l’extrême droite, auquel participera Jean-Luc Mélenchon (LFI), René Revol s’est confié à 20 Minutes.

Que s’est-il passé, le 23 septembre ?

Je revenais de la manifestation, et je rejoignais le tramway, au Corum, pour rentrer dans ma commune, en passant par les petites rues. Dans une rue, derrière le musée Fabre, deux individus m’ont collé contre le mur, et m’ont dit « on te connaît très bien, tu es l’ami des Arabes, et tu ne perds rien pour attendre ». Je n’ai pas été frappé, je n’ai pas été blessé. Mais j’ai été intimidé. Comme le dit le procureur de la République, c’est une agression d’intimidation. J’ai évidemment porté plainte contre les menaces de mort, et désormais, je porte plainte pour l’agression physique que j’ai subie. On m’a bloqué contre un mur, et on m’a menacé, tout de même. Et demain, ce sera quoi ? On me cassera la gueule ? On sortira un couteau ? Où va-t-on ?

Pour vous, ce sont des militants d’extrême droite, cela ne fait aucun doute ?

Bien évidemment… « Tu es l’ami des Arabes », qu’est-ce que ça veut dire ? C’est signé. C’est une agression qui intervient dans un contexte où j’avais déjà, cet été, reçu des menaces de mort, après que j’ai dénoncé le refus de Robert Ménard, le maire de Béziers, de célébrer un mariage franco-algérien. J’avais rappelé que le mariage est un droit imprescriptible. J’ai reçu des tas de courriers, de mails… Des immondices.

Ces menaces ont bondi, depuis votre prise de position sur le mariage que Robert Ménard a refusé de célébrer ?

Oui. Avant, des menaces, cela m’arrivait d’en recevoir. Je suis militant de la France insoumise, je suis maire… Ça m’arrivait, deux ou trois, par Internet. Mais là, cette mouvance-là se sent plus libre, j’ai l’impression, pour le faire.

Vous êtes élu depuis quinze ans, militant depuis…

Depuis toujours.

Est-ce que ces menaces, vous avez le sentiment qu’elles sont plus importantes aujourd’hui qu’il y a quelques années ?

Oui, bien sûr. Cette parole est malheureusement plus libérée. La société doit se réveiller et dire « non, ce n’est plus possible ».

Votre agression intervient dans un contexte où les agressions d’élus se multiplient. Comment vous les expliquez ?

Il y a une véritable violence qui s’exprime contre les maires, notamment. Je pense que c’est parce que nous sommes accessibles. Le matin, je vais à la boulangerie, je vais à pied à la mairie… C’est ça, un maire. Ça ne me déplaît pas du tout de discuter avec un habitant, qui ne me dit qu’il n’est pas d’accord avec moi. C’est tout à fait normal. Mais il arrive que des gens, un peu énervés, exercent leur violence sur nous… Comme le maire est proche des habitants, c’est une cible. C’est plus difficile de trouver un député, un député européen, un ministre, etc.

Est-ce que vous avez mis en place un service de sécurité particulier autour de vous, depuis cette agression ?

Non. Simplement, j’ai décidé que je n’irai plus dans une manifestation seul. J’irai avec des amis. Nous aurions été deux ou trois, cela ne se serait certainement pas produit.

Vous avez été très largement soutenu, depuis cette agression, par des élus de tous les bords politiques…

Oui. Tous les mouvements politiques républicains, hormis le Rassemblement national, m’ont fait part de leur soutien. Et que mon ami Jean-Luc Mélenchon vienne, samedi, ça me touche beaucoup. Samedi, [cette agression], ça m’a déprimé. J’ai rapidement retrouvé de la force, et cette vague de soutiens m’a fait du bien.

Vous n’avez pas peur, aujourd’hui ?

Non. Vous savez, j’ai 75 ans. Quand j’avais 20 ans, j’étais président de l’Unef [Union nationale des étudiants français] de Grenoble. C’était en 1968. Alors ce qui se passe aujourd’hui, c’est bien moins grave. Mais tout de même… Je sens venir quelque chose qui est un peu du même ordre. On règle les problèmes par la violence, ce n’est pas bon. Je n’ai pas peur. Je suis simplement plus prudent, désormais.

Propos recueillis par Nicolas Bonzom •


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message