Fin août 2022, la Première ministre Élisabeth Borne dévoile fièrement un « fonds vert » : 1,5 milliard d’euros à destination des collectivités locales, pour « mettre en place des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ».
Le 3 avril 2023, la locataire de Matignon qualifie ce projet de « succès ». Deux jours plus tard, nous apprenons que 521 000 euros de ce fonds, présenté comme « la territorialisation de la planification écologique » est utilisé à Ajaccio pour installer des bouées d’amarrage pour yachts géants.
On comprend mieux pourquoi Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, annonce en grande pompe un plan d’adaptation du pays à +4° d’ici à la fin du siècle. Le tout, sans un quelconque projet de bifurcation écologique. L’inaction climatique du gouvernement Macron est criminelle pour les générations futures. Et quand ils agissent ? C’est encore pire. Notre article.
Entre les deux tours de l’élection présidentielle 2022, Emmanuel Macron l’assure. Cette fois-ci c’est la bonne : fini l’inaction climatique. S’il est élu, il mettra en œuvre une planification écologique. Lorsqu’il nomme Élisabeth Borne au poste de Première ministre, la mission centrale qui lui serait confiée en premier est encore la planification écologique. Alors, lorsqu’elle annonce fin août la création d’un « fonds vert », une enveloppe d’1,5 milliard d’euros pour accompagner les collectivités territoriales dans les nécessaires investissements de la transition écologique, en macronie, on ne finit plus de s’auto-féliciter.
On passera sur le montant totalement anecdotique de ce budget comparé aux besoins (l’Avenir en Commun les chiffrait à 150 milliards d’euros) et aux enjeux (la possibilité pour les jeunes d’aujourd’hui de pouvoir être grand-parents). Car il y a plus grave encore.
Le 3 avril 2023, Elisabeth Borne qualifie de « succès » cette minuscule action en faveur de la transition écologique. Dans la bouche de la première ministre, c’est carrément la réalisation concrète de la planification écologique sur le territoire.
Deux jours plus tard, on apprend que 521 000 euros ont été utilisés pour financer l’amarrage de yachts géants dans le golfe d’Ajaccio. Est-ce une erreur ? Quelqu’un aurait-il réussi à tromper la vigilance du gouvernement et à détourner ces fonds ? Point du tout. L’exécutif assume. L’amarrage de yachts géants rentre complètement dans les objectifs d’investissements écologiques au titre de préservation de la biodiversité.
Le raisonnement est le suivant. Accrochez-vos ceintures, on décolle au royaume de la manipulation macronienne.
Les yachts géants sont munis de gigantesques ancres pour se poser en toute quiétude dans les plus belles baies de Méditerranée. Ces ancres raclent le fond de la mer et détruisent les champs d’herbiers de posidonie (herbe marine essentielle dans l’écosystème marin, ndlr). C’est un fait incontestable que cela constitue une menace directe sur la biodiversité marine. Une menace croissante puisque le nombre de ces navires de plus de 24 mètres est en constante augmentation, accentuant mécaniquement la pression sur l’écosystème.
Dans cette situation, quelle est la conclusion d’un esprit sensé ? Réguler, réduire ce nombre de navires pour qu’ils puissent tous tenir dans les ports sans utiliser leur ancre. Quelle est la conclusion d’un cerveau macronisé ? Si les ancres des yachts géants abîment les fonds marins, alors, il faut utiliser les impôts du peuple pour installer des amarres que seuls pourront utiliser les quelques millionnaires qui peuvent se payer de tels navires.
Ce nouveau scandale révèle que le gouvernement d’Emmanuel Macron n’est pas seulement lâche, inactif ou inutile. Non, c’est bien pire que cela. Ils sont nuisibles. Leurs actions sont nuisibles. Car le modèle économique, le capitalisme et l’idéologie sociale sur laquelle ils s’appuient, le néolibéralisme, sont le cœur du problème.
Toutes les personnes qui prétendent agir contre le réchauffement climatique, sans remettre en cause le capitalisme, sont soient naïfs puisqu’elles parlent sans s’informer de l’état de connaissance de la science, soit nuisibles, parce qu’elles connaissent les causes du problème et son ampleur, mais préfère consacrer leur vie à être un obstacle à la résolution de ce problème, un obstacle le plus haut et le plus infranchissable qui soit.
Qui peut croire qu’Emmanuel Macron ou un membre de son gouvernement sacrifiera un jour les profits au présent des plus grandes entreprises pour sauver les conditions de vie au futur ? Qui peut croire que Marine Le Pen ne fera rien qu’un jour dans sa vie quoi que ce soit d’anticapitaliste ? Quoi que ce soit qui gêne un tant soit peu les plus grandes fortunes de ce pays ?
Cette caste ne peut pas régler le problème, car elle est le problème. Pour rappel, 63 milliardaires possèdent autant que… 50% de la population française. La caste s’opposera quoi qu’il arrive et de toute sa force à une révolution de l’ampleur de la « règle verte », cette nouvelle norme de l’organisation de notre société qui pose comme objectif commun de ne plus jamais prendre plus à la Terre que ce qu’elle peut reconstituer en un an.
La révolution citoyenne, ce grand pas en avant démocratique, cette séparation stricte entre le pouvoir politique et la puissance financière sont le passage obligé pour engager les changements à la hauteur de l’enjeu écologique.
Par Ulysse
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