Un arrêté du 17 janvier 2011 relatif au poids total roulant autorisé des véhicules terrestres à moteur utilisés pour le transport combiné, la desserte des ports maritimes et fluviaux et le transport de certains produits agricoles et agroalimentaires autorise les ensembles routiers jusqu’à 44 tonnes.
Hier, la longueur des camions était limitée à 18,75 mètres et leur PTAC à 40 tonnes (avec une dérogation jusqu’à 44 tonnes pour la desserte des ports et pour le transport combiné rail-route).
L’imposture du patronat routier confirmée par celle du gouvernement consiste à affirmer qu’autoriser des camions beaucoup plus lourdement chargés permet d’en diminuer le nombre sur les routes et donc la pollution. C’est exactement l’inverse qui va se produire à travers la perte prévisible de trafic ferroviaire supplémentaire reporté vers la route.
En réalité, cette autorisation :
* Augmente la compétitivité du transport routier par rapport au ferroviaire et renforce le report des trafics du mode le moins nuisant (le train) vers le plus nuisant (le poids lourd). La perte prévisible de trafic ferroviaire reporté vers la route est chiffrée entre 10 % et 15 %. C’est une confirmation des décisions selon lesquelles, la SNCF (premier transporteur routier de France par l’intermédiaire de sa filiale Géodis) abandonne le transport par wagon isolé, pour ne plus accepter que d’acheminer des trains complets de fret.
* Amènera des inégalités de compétitivité chez les travailleurs indépendants et petites entreprises qui ne pourront pas renouveler leur flotte aussi rapidement que les plus grosses entreprises.
* Accroît la dangerosité des camions sur les routes, alors que les accidents où un poids lourd est impliqué sont déjà nettement plus graves que la moyenne des accidents routiers.
* Alors que le transport routier continue à être subventionné, ce décret va occasionner des dépenses supplémentaires sur l’infrastructure routière (aménagement des ronds-points, des parkings, des chaussées) qui seront prises évidemment en charge par les contribuables, comme c’est le cas quand il s’agit du réseau routier public.
* Permet de dégager des marges supplémentaires pour les grandes surfaces du secteur alimentaire sans nécessairement en mesurer l’impact sur la baisse des prix à la consommation.
Un sondage CSA réalisé en 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 1012 personnes indiquait que 81% des français étaient hostiles à la circulation de « méga-camions » sur les routes de France et d’Europe et que 79% seraient inquiets s’ils circulaient sur les routes françaises.
Nous condamnons absolument cet arrêté délirant, conforme aux incohérences habituelles entre les annonces du « Grenelle de l’environnement » et les politiques anti-écologiques réellement menées par le gouvernement de Sarkozy.
La planification écologique que le Parti de Gauche entend mettre en œuvre implique la réduction importante du nombre de camions sur les routes et celle de leur taille. Elle s’accompagne de reports du trafic de fret depuis la route vers les modes de transports les moins nuisants (voie navigable, rail, cabotage maritime) et d’une diminution générale des déplacements de marchandises, dont beaucoup sont dénués de toute utilité sociale.
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