17 novembre 2018 Naissance des Gilets Jaunes : dis, quand reviendras-tu ?

jeudi 24 novembre 2022.
 

Gilets Jaunes. Il y a 4 ans jour pour jour, le 17 novembre 2018, commençait le plus long mouvement social en France depuis des décennies. On célèbre aujourd’hui le 4ème anniversaire de la naissance des Gilets Jaunes. Du plus grand mouvement populaire et révolutionnaire dans le pays depuis mai 1968. De la naissance d’un espoir populaire à déplacer des montages, à faire la révolution. Les références à la Révolution française étaient d’ailleurs omniprésentes dans les cortèges.

Il y a 4 ans jour pour jour, tout le ras-le-bol du peuple éclate enfin. Il embrase les rues de Paris. La revendication est simple : pouvoir vivre dignement de son travail. Et non plus survivre. Et pour ça, partager les richesses. Les classes populaires montent à Paris pour demander enfin la justice sociale. 4 ans plus tard, on a plus que jamais besoin du retour des Gilets Jaunes. Journée spéciale de témoignages sur l’insoumission.

Hommage aux Gilets Jaunes

Il y a 4 ans jour pour jour, c’est l’acte 1 sur les Champs Élysées. Les éditorialistes de plateaux, le pouvoir, ne comprennent pas bien ce qui se passe. Une partie de la gauche bourgeoise non plus. Ils voient là des « fachos » montés à la capitale. L’événement fortuit de la révolution citoyenne ? L’explosion du prix de l’essence. Au Chili, c’est la hausse du ticket de métro. En Tunisie, l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi. Au Liban, l’annonce d’une taxe sur l’application WhatsApp. En Équateur, l’essence. À Hong Kong, la loi d’extradition. Au Soudan, le prix du pain. En Iran, la mort de Mahsa Amini. Et ainsi de suite.

Mais en France, quand le peuple jaillit sur la scène de l’Histoire, revient dans un champ politique qu’il a déserté, qui l’a dégoûté, dans un pays où plus de la moitié des Français restent chez eux les dimanches d’élections, le champ médiatique, politique, et une partie de la gauche bourgeoise, se bouchent le nez. Le peuple ne correspond pas à ses fantasmes. Tout ce beau monde découvre que le peuple en a gros. Ne pas pouvoir partir en vacances avec ses gosses (40% des Français) alors qu’on charbonne toute l’année ? Ça agace un peu. Alors quand feu Christophe Castaner envoie ses troupes fracasser les manifestants, la colère sociale explose dans le pays.

Il y a 4 ans jour pour jour, le peuple a relevé la tête en France. Fini l’exploitation tête baissée, sans rien dire. Fini d’accepter un pays où 5 milliardaires possèdent autant que 27 millions de Français. Fini l’abstention, sans rien dire. Plus de 75% des Français soutiennent le mouvement des Gilets Jaunes (retrouvez la liste des 42 revendications des Gilets Jaunes à la fin de cet article). Le logiciel macroniste bugge. La réponse ? La répression dans le sang. 4 décès. 353 blessures à la tête. 30 yeux crevés. 6 mains arrachées (retrouvez le décompte complet établi par le journaliste David Dufresne depuis novembre 2018). Depuis Didier Lallement s’en est allé, mais les mains arrachées ne repousseront pas.

4 ans après, la colère est encore plus grande. Une étude RMC, avant même la guerre en Ukraine et l’inflation historique des prix qui s’en est suivie, a révélé un chiffre difficilement croyable pour les éditorialistes et politiques vivant dans les dorures parisiennes : 55 euros. C’est ce qu’il reste le 10 du mois en moyenne sur le compte des Français gagnant moins de 2000 euros. 55 euros pour survivre pendant 20 jours.

Quand le seul Rodolphe Saadé a pris 30 milliards d’euros en une seule année, en 2020, en pleine pandémie. Car oui, depuis l’époque des Gilets Jaunes, les raisons de la colère sont encore plus nombreuses. Avec les 2 ans de confinements, la guerre en Ukraine et l’explosion des prix à la pompe quand Total avec 17 milliards d’euros réalise le résultat net le plus élevé jamais réalisé par une entreprise française dans l’Histoire.

Mais 4 ans après, qu’est-ce qu’elle paraît loin l’époque des Gilets Jaunes. Elle semble appartenir à une autre époque, un autre siècle. Entre temps, les 2 ans de confinement sont venus comme suspendre le temps. Suspendre le mouvement social aussi. Car après les Gilets Jaunes, le pays a connu le deuxième mouvement social le plus long depuis des décennies : le mouvement des retraites, suspendu par le premier confinement en mars 2020.

Pourtant, 4 ans jour pour jour après l’acte 1 des Gilets Jaunes, qu’est-ce que les samedis sur les ronds points et dans le gaz lacrymogène sur les champs-Élysées manquent. Qu’est-ce qu’une nouvelle irruption du peuple est urgente. Quand 63 milliardaires polluent plus que la moitié des Français, quand les assistés d’en haut sont en train de détruire la planète et les gens, qu’est-ce qu’un mouvement populaire pour cibler les responsables de la catastrophe serait salutaire.

Les députés aussi combatifs qu’ils soient à l’Assemblée nationale ne pourront rien sans la rue. Dès qu’une avancée historique est arrachée par la NUPES, comme les 12 milliards d’euros pour la rénovation thermique des bâtiments, plus grande avancée écologique sous Macron, elle est ensuite balayée par 49.3. Macron crache sur la démocratie. Et s’allie avec l’extrême droite quand il le faut pour protéger les intérêts du capital contre les intérêts du travail. Contre la hausse du SMIC, le blocage des prix, le gel des loyers, le rétablissement de l’ISF, la taxation des super-profits, et ainsi de suite.

4 ans jour pour jour après la naissance des Gilets Jaunes, leur retour est vital pour le pays.

Par Pierre Joigneaux.


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