VITE UN REVENU ÉTUDIANT

mardi 27 septembre 2022.
 

Madame la Ministre,

Cette année encore, un·e étudiant·e sur deux travaillera pour financer ses études. Deux étudiant·es sur trois sauteront régulièrement des repas et plus d’un·e étudiant·e sur dix renonceront à des soins faute d’argent. Deux étudiant·es sur trois seront en situation de mal-être. Ce constat alarmant n’est pas nouveau mais il a sauté aux yeux de tout le monde pendant la crise sanitaire avec ces files interminables devant les points de distribution alimentaire.

Le danger est de s’y habituer. Nous prenons la parole pour le dire avec force : il n’est plus supportable que nos camarades, notre jeunesse, soient méprisés et laissés pour compte.

Il y a 5 ans, le Président de la République s’était déjà engagé à réformer le système de bourse. Que faut-il de plus pour agir ? Combien de jeunes en situation de mal-logement, combien d’échecs scolaires, combien de suicides pour réaliser que c’est toute une génération qui est mise à mal, paupérisée et fracturée à coups de coupes budgétaires et de sélection ?

Cette année, trois millions d’étudiant·es sont attendu·es sur les bancs de l’Université et seulement un·e sur quatre bénéficiera d’une bourse sur critères sociaux - qui, dans le meilleur des cas, se situera 506€ sous le seuil de pauvreté. Ces bourses ne toucheront qu’une minorité d’étudiant·es en les rattachant à leur situation familiale, et donc en les infantilisant. Déjà insuffisant, le montant des bourses est rendu dérisoire par l’inflation galopante de la rentrée.

La souffrance des étudiant·es est un symptôme de notre société inégalitaire. Les supers profits d’une poignée de profiteurs de crise coexistent avec la super précarité d’une grande part de la jeunesse.

Si la jeunesse a été oubliée de la feuille de route du précédent quinquennat, malgré des promesses de réforme des bourses, le projet doit être relancé dans les prochains jours. Alors que depuis 20 ans les réformes successives sont allées dans le sens d’un élargissement des boursier·es et des montants, tendant à l’universalisation, le gouvernement fait le choix d’un recul des droits pour les étudiant·es.

Si le système de bourses doit être refondé, c’est au contraire afin de permettre à chaque étudiant·e d’accéder à l’enseignement supérieur sans travailler à côté et de pouvoir s’y émanciper, et ce quel que soit son milieu social d’origine et sans condition.

Nous nous refusons à laisser toute une jeunesse sacrifiée par un gouvernement cherchant à faire des économies sur le dos des étudiant·es et de leur avenir. Nous devons garantir à tous l’émancipation et l’autonomie permettant une orientation libérée de toute contrainte et délivrant une qualification nécessaire dans un contexte où les enjeux sociaux, économiques et de transition écologique nous obligent.

Plus que jamais, nous avons besoin d’investir dans l’avenir de ce pays alors que la bifurcation écologique doit se faire de façon impérative sous les trois prochaines années et que notre modèle social est sans arrêt remis en cause. Seule la mise en protection sociale de la jeunesse s’impose en solution.

Le temps n’est plus aux demi-mesures : mettons en place un revenu étudiant à 1102€ par mois permettant de sortir structurellement chaque jeune de la pauvreté.


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