Pétain « grand soldat », « pays réel », « nation organique » : Macron, le nauséabond glissement vers la rhétorique d’extrême-droite

dimanche 31 juillet 2022.
 

Stratégie électorale dangereuse ou conviction nauséabonde profonde ? Emmanuel Macron adopte la rhétorique d’extrême-droite. La polémique « Pétain » de ce weekend suite au tweet de Mathilde Panot, est l’occasion d’effectuer une série de rappels factuels.

Une série de déclarations d’Emmanuel Macron avec lesquels la macronie est visiblement mal à l’aise. 7 années d’appels du pied, de sourires complices et de clins d’œil appuyés : La République “construite sur un malentendu” ; « le grand absent de la politique est la figure du roi » ; « Pétain “grand soldat” ; rhétorique maurrassienne “pays réel” contre “pays légal” ; Napoléon “le premier des romantiques”, “infiniment libre” ; reprise du concept fasciste de « nation organique » le jour de l’anniversaire de la prise de la Bastille.

Alors, stratégie électorale dangereuse ou conviction nauséabonde profonde d’Emmanuel Macron ? La question reste ouverte. Le résultat est certain : celui qui promettait bruyamment qu’il n’y aurait “plus de raison de voter pour le Front national” est devenu son meilleur marche-pied. L’insoumission retrace pour vous 7 ans d’appels du pieds d’Emmanuel Macron à l’extrême-droite. Notre article.

Juillet 2015 : le « grand absent de la politique » est « la figure du roi »

Juillet 2015, les tendances anti-républicaines de celui qui allait s’autoproclamer Jupiter (le Roi des dieux romains), qui allait plus tard rendre hommage à Napoléon et participer à la réhabilitation de Charles Maurras et Philippe Pétain, éclatent pour la première fois au grand jour.

Dans une interview donnée au journal Le 1, le ministre de l’Économie de François Hollande fait tomber pour la première fois le masque : “Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort.” Cette première sortie lui vaut les hommages du très monarchique Lys Ardent. Badaboum, le voilà catapulté “jeune prodige” et “sémillant ministre” dans cette feuille de chou numérique dont la devise est quand même : “Il faut décorer le Lys Ardent pour rendre à la France sa couleur d’antan”. Plus réac, tu meurs.

2017, lancement de campagne pour le fils parricide du traître à la gauche François Hollande

Après la reprise des mots des courants les plus réactionnaires de l’histoire de France, vient le moment de l’appropriation des symboles réactionnaires dès sa prise de pouvoir. Macron revient aux traditions les plus crassement monarchique : les chasses “présidentielles”. Qui ne sont en fait que la poursuite des chasses royales. « Il ne faut pas être honteux, il faut les reconnaître comme un élément d’attractivité. C’est quelque chose qui fascine partout, ça représente la culture française, c’est un point d’ancrage« . Fascinant pour qui ? La question est vite répondue.

Anecdotique ? “Juste” un symbole ? Que nenni. La politique se nourrit des symboles et les symboles bornent le dicible et le faisable du politique. Reprendre les symboles de la monarchie, c’est ouvrir la voie à des législations du bon vieux temps de l’Ancien Régime.

Du symbole à la législation, Macron ne se fait pas attendre. Dès septembre 2017, il lance ses troupes de députés au “garde-à-vous” dans le terrible projet de loi “asile-immigration”. L’objectif : empêcher les personnes qui fuient la mort de trouver asile dans la patrie des Droits de l’Homme. Le Monde étrille un texte “tout répressif”. Le Président ni droite ni gauche (une rhétorique abondamment utilisée par l’extrême droite fasciste depuis son origine) chasse bel et bien sur les terres les plus conservatrices de France.

Qui sera le plus dur avec les plus démunis de notre pays ? Le bal est lancé. Il aboutira quatre ans plus tard à un débat télévisé où le ministre de l’Intérieur du parti se réclamant « progressiste » accusera la cheffe du principal parti d’extrême droite, fondée par des Waffen SS, d’être « trop molle ».

A partir de 2018, les gestes en direction des nostalgiques du régime de Vichy se multiplient depuis l’Elysée.

Bicentenaire de l’armistice de la guerre de 14-18. Le président se laisse aller à son admiration pour le maréchal Pétain. Polémique, outrage des défenseurs de la République et des associations antiracistes et de luttes contre l’antisémitisme. France info décrypte cette opération de séduction des réactionnaires et amoureux du chef de Vichy.

Tout commence avec une note sur l’agenda du ministère de l’Éducation Nationale :

Dimanche 11 novembre, Hôtel national des Invalides

Cérémonie organisée par l’état-major des armées et le gouverneur militaire de Paris, en présence du président de la République. Il s’agira de rendre hommage aux huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Première Guerre mondiale.

Problème, pour arriver à 8, il faut aller bien au-delà des cinq maréchaux honorés au Panthéon. France info nous donne la liste : “Joffre, Foch, Fayolle, Franchet d’Espèrey, Gallieni, Lyautey, Maunoury… et Pétain.” Un hommage justifié par le Président lui-même qui assume haut et fort de rappeler aux Français que le Maréchal qui serrera la main d’Hitler était “un bon soldat”

Qui retrouve-t-on en défense de son cher Président ? Elisabeth Borne, alors ministre des transports, sur le plateau de France 2 : « Écoutez, c’est une polémique incroyable. Il n’a jamais été question de rendre hommage au maréchal Pétain. Il y a un hommage à six maréchaux de la Grande Guerre. Mais jamais au maréchal Pétain. Donc, il n’y a pas de rétropédalage. » Euh… Comment dire sans vous traiter de menteuse Madame la future Première ministre ? Si. C’est même très exactement le terme dans ce cas là : rétropédalage.

La note d’agenda sera supprimée face au tollé médiatique. Le bon mot du Président envers le traître à la patrie Pétain, lui, reste comme une tâche indélébile faîte à l’honneur de la République Française. Une tâche bien loin de déplaire aux réactionnaires monarchistes, napoléoniens ou vichystes qui n’en n’ont jamais voulu de cette République.

Après cette tentative pour réhabiliter un militaire antisémite et antidreyfusard bien avant la Première Guerre, dont le statut de “bon soldat” a aussi été vivement critiqué puisque le “vainqueur de Verdun” s’est surtout illustré dans sa capacité à envoyer des milliers d’hommes à la boucherie sans jamais approcher un champ de bataille, toutes les digues ont sauté. Emmanuel Macron se lance à corps perdu dans la drague lourdingue des franges les plus réactionnaires de l’électorat.

2019, Macron susurre des confidences dans la poubelle à ordures d’extrême droite, le journal Valeurs Actuelles. Impossible d’accéder au contenu sans donner de l’argent à cette clique raciste. Les Inrocks nous livrent des extraits de cette conversation puante. A propos d’une manifestation contre l’islamophobie à Paris le 19 octobre, Emmanuel Macron déclare ainsi  : “La manifestation du samedi 19 octobre pour le voile, place de la République à Paris  : c’était du tiers-mondisme non-aligné aux relents marxistes.”

Nouvelle levée de bouclier des défenseurs de l’égalité républicaine. Mais qui écoute encore dans une France de plus en plus zemmouro-bollorisée ?


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