« Mur de blouses » : misère de l’hôpital public

dimanche 12 juin 2022.
 

« Mur de blouses » : misère de l’hôpital public

** Nous traitons une nouvelle fois ici le saccage de l’hôpital public par les libéraux et nous aborderons aussi la question de la chirurgie ambulatoire qui expliquerait, selon une propagande médiatique au service du pouvoir, la suppression d’un grand nombre de lits dans les hôpitaux. Il s’agit ici, bien sûr, d’un mensonge car cette destruction massive a aussi d’autres causes.

** ** 1) trois semaines d’action du 27 mai au 17 juin 2022 organisé par plusieurs organisations du secteur de la santé du médico-social.

Voici deux liens permettant d’accéder à deux articles concernant ses actions.

Source : fédération CGT

7 juin 2022 : La Fédération impulse une journée de mobilisation nationale http://www.sante.cgt.fr/7-juin-2022...

* Voir aussi déclaration unitaire :

Les organisations syndicales paramédicales et médicales AMUF, CGT, SUD, UNSA, les collectifs Inter Blocs, Inter Hôpitaux, Inter Urgences, le printemps de la psychiatrie et la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et des Maternités de proximité interpellent sur la situation de l’hôpital public, des établissements du sanitaire, du médico-social et du social.

Lire la suite en utilisant le lien suivant : https://sante.cgt.fr/Declaration-un...

*

sur la journée du 7 juin 2022, voire l’article sur notre site : https://www.gauchemip.org/spip.php?...

*

2) « Mur de blouses **

Source : Le Quotidien du médecin https://www.lequotidiendumedecin.fr...

Moins de 3 500 euros par mois pour un médecin, l’hôpital délabré : le dépit des soignants dans une mini web-série (voir vidéos ci-dessous) PUBLIÉ LE 04/06/2022

Médecin, interne, infirmière… Dans la mini-web série « Mur de blouses », la réalisatrice Belisa Jaoul met en scène des soignants et des épisodes de leur vie pour sensibiliser l’opinion publique à « la dégradation de l’hôpital public ». À partir de témoignages de personnels hospitaliers, elle a écrit huit épisodes de 4 minutes, diffusés sur Youtube depuis la fin du mois de mai. Ces paroles « fictionnées » sont interprétées par Joshua, Aloïs, Grégoire, Sylvie, Jehane, Nathalie, Étienne et Marion, tous soignants à l’hôpital public.

Aloïs est interne. Il se dit « qu’il va prendre l’habitude », « que cela va s’arranger » mais « le temps passe ». « Tout empire et (il) ne s’y fait pas du tout ».

Sylvie, « infirmière depuis 30 ans », se remémore ce moment où son patient est mort alors qu’elle n’avait pas pu lui accorder les 5 minutes qu’il lui avait demandées du fait de « la réalité de son programme », « de ses 12 patients », de sa collègue « absente et non remplacée ».

Jehane Fadlallah est médecin « précaire » mais « veut rester  ; enfin voulait... », elle ne sait plus trop. La jeune femme de 37 ans, spécialiste en médecine interne à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), s’est également illustrée en faisant la Une de « Paris Match » le 25 mai dernier. Le magazine y consacre un dossier à l’hôpital public, dans lequel plusieurs soignants dévoilent leur fiche de paie, « Les salaires de la honte », titre l’hebdomadaire.

Précarité de nombreux soignants

Contractuelle depuis huit ans, Jehane estime qu’elle touche 2 000 euros de moins par mois en raison de son statut. Son salaire  ? « 3 484 euros net par mois, gardes comprises  ! », relate « Paris Match » qui précise qu’elle ne bénéficie pas de la prime d’exclusivité au service public.

Dans « Mur de blouses », la médecin met également en exergue la précarité des contractuels, qui représenteraient 41 % de la masse salariale médicale à l’AP-HP. « Je me bats pour un poste qu’on ne veut même pas me donner, se désole Jehane. Tous les six mois, je rédige une lettre de motivation pour le demander. » Elle fustige la direction de l’AP-HP, qui ne veut « plus engager des CDI alors ils privilégient des CDD ».

Très combative, Jehane a également interpellé sur France Inter le directeur général de l’AP-HP. « Pourquoi y a-t-il autant d’intérimaires  ? Parce que les conditions d’exercice n’attirent plus personne. Entre autres, le salaire, évidemment. […] Il faut revaloriser les salaires, il n’y a pas de discussion là-dessus », implorait la praticienne devant Martin Hirsch.

Les gens doivent savoir

À l’origine du projet « Mur de blouses » avec Belisa Jaoul, la Dr Marion Malphettes, hematologue à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) justifie cette initiative : « Les citoyens doivent savoir dans quelle situation se trouve l’hôpital, doivent se sentir concernés par la mort de l’hôpital, pour faire pression sur nos élus », explique-t-elle à l’AFP.

« Dans un contexte de dégradation extrême des conditions du soin à l’hôpital public, les enjeux des politiques publiques concernant l’hôpital ne font pas l’objet de discussions démocratiques. La parole des soignants rencontre de multiples obstacles qui empêchent chacun d’être conscient de ce qu’il se passe vraiment », détaillent les créateurs de « Mur de blouses » dans un communiqué de

Des vidéos sur YouTube : « Mur de blouses

https://www.youtube.com/watch?v=lKR...

https://www.youtube.com/watch?v=EXT...

https://www.youtube.com/watch?v=odP...

**

3) Suppression de lits d’hôpitaux et croissance de la chirurgie ambulatoire.

Des esprits naïfs et bien formatés par l’idéologie libérale ambiante considèrent que la diminution du nombre de lits dans les hôpitaux est normale puisque on développe de plus en plus la chirurgie ambulatoire.

Certes, la diminution du nombre de lits peut s’expliquer en partie pour cette raison mais ne suffit pas à expliquer la totalité de ces suppressions comme nous allons le voir dans l’article suivant.

À l’hôpital, toujours moins de lits mais des capacités ambulatoires en croissance constante PAR MARTIN DUMAS PRIMBAULT - PUBLIÉ LE 29/07/2021

Source : Le Quotidien du médecin https://www.lequotidiendumedecin.fr...

Entre 2003 et 2019, la tendance à l’hôpital est très claire : on observe une diminution continue des places d’hospitalisations complètes en parallèle d’une hausse des capacités de prise en charge ambulatoire. Le très exhaustif panorama 2021 (sur les chiffres de 2019) des établissements de santé de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), rattachée au ministère de la Santé, le prouve une fois de plus.

En 2019, 393 000 lits d’hospitalisation complète ont été dénombrés dans les établissements de santé de France contre 396 000 l’année précédente. Soit une baisse d’environ 1,5 % en un an. Depuis 2003, pas moins de 76 000 lits ont disparu, note la Drees. Ce mouvement s’accompagne sans surprise d’une réduction de l’activité en hospitalisation complète. En 2019, les hôpitaux français ont réalisé 100 000 séjours de moins que sur l’exercice précédent pour un total de 11,7 millions de prises en charge.

Là encore, la Drees observe une dynamique de long cours. « Depuis une vingtaine d’années, le nombre de séjours en hospitalisation complète diminue. Après une relative stabilisation au début des années 2010, due notamment au vieillissement de la population, ce mouvement de recul a repris depuis 2013 », écrit-elle.

+29 000 places depuis 2003

Parallèlement, les capacités ambulatoires des établissements français progressent de manière continuelle notamment dans les cliniques privées à but lucratif. Ces dernières sont responsables des trois quarts de l’augmentation de 2,6 % de l’activité en hospitalisation partielle observée en 2019. En comparaison, les hôpitaux publics ont joué un rôle minime (0,1 %). Tous secteurs confondus et toutes disciplines confondues, 17,6 millions de prises en charge ambulatoires ont été réalisées sur l’année.

En conséquence, et avec la multiplication des actes réalisable en ambulatoire − de la pose de prothèse de hanche à la chirurgie thoracique sur enfant jusqu’à des interventions lourdes sur l’appareil digestif − le nombre de places augmente continuellement depuis les années 1980. Entre 2018 et 2019, elles sont passées de 77 000 à 79 000 pour un total de 29 000 places supplémentaires depuis 2003, la majorité en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO).

L’Île-de-France bonne élève

En Île-de-France, cette dynamique s’observe très concrètement. Dans un récent communiqué, l’Observatoire régional de la chirurgie ambulatoire (ORCA), a annoncé que 60 % des interventions franciliennes étaient désormais proposées sans nuitée. Ce bon score n’a quasiment pas pâti de la crise sanitaire. Si lors du premier confinement la chirurgie ambulatoire a diminué de plus de 60 % comme l’essentiel des activités programmées, cette diminution n’était que de 3 % pendant l’automne.

« La chirurgie ambulatoire dans un contexte sanitaire difficile offre l’avantage de pouvoir assurer une continuité des interventions. Les risques d’exposition au virus ainsi qu’à toute autre infection bactériologique sont très significativement réduits, puisque le patient rentre chez lui quelques heures seulement après l’opération », explique le Pr Henri-Jean Philippe, gynécologue-obstétricien et coordinateur médical de l’ORCA. Reste à savoir si cela suffira pour atteindre l’objectif de 70 % d’interventions réalisées en ambulatoire en 2022 fixé par le gouvernement.

* Petit commentaire HD : Ainsi 76 000 places détruites et 29 000 places créées (sur 12 heures et non pas 24 heures) correspond à 47 000 places détruites.

**

** Voir aussi l’excellent article de Basta :

Comment les soins en ambulatoire favorisent le secteur privé plutôt que l’hôpital public 4 janvier 2021 par Jennifer Simoes Source : Basta mag https://basta.media/Chirurgie-ambul...

**

Annexe

Rapport 1997 sur la chirurgie ambulatoire en France. https://www.irdes.fr/Publications/R...

rapport sur la médecine ambulatoire 2016. Distinguer médecine et chirurgie ambulatoire. http://cme.aphp.fr/sites/default/fi...

perspectives de développement de la chirurgie ambulatoire en France. Rapport 2020 https://www.vie-publique.fr/rapport... cette spectives-du-developpement-de-la-chirurgie-ambulatoire-en-france

Faut-il aller plus loin avec la chirurgie ambulatoire ?. Le Quotidien du médecin https://www.lequotidiendumedecin.fr...

Chirurgie ambulatoire : a besoin d’un SAV https://www.lequotidiendumedecin.fr...

nombre de lits supprimés en 2019. Le quotidien du médecin https://www.lequotidiendumedecin.fr...

rappel de notre article : comment expliquer la volonté des gouvernements d’affaiblir l’hôpital public en France ? https://www.gauchemip.org/spip.php?...

** Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message