Législatives 2022 : au PS, les élus déchirés entre partisans d’une alliance avec Mélenchon et gardiens du temple...

mardi 3 mai 2022.
 

Les négociations pour une coalition électorale ont été suspendues côté PS après que plusieurs figures socialistes ont dénoncé un rapprochement "inacceptable", synonyme de "mort" pour leur parti.

Un parti au bord de l’implosion.

Le Parti socialiste a "suspendu", vendredi 29 avril, les négociations en cours avec La France insoumise en vue d’un accord pour les élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Une décision censée apaiser les quelques élus, cadres et figures historiques du parti, qui fustigent les discussions avec la formation de Jean-Luc Mélenchon. A seulement quelques semaines des législatives, ces dissensions menacent l’union de la gauche et le PS lui-même, menacé de scission.

Forte de son score au premier tour de l’élection présidentielle (21,95% des suffrages exprimés), La France insoumise a proposé, via son Union populaire, "douze marqueurs" de discussion pour faire converger les formations de gauche vers un accord électoral. Une main tendue vers le Parti socialiste, Europe-Ecologie-Les Verts, le Parti communiste français ou encore le Nouveau parti anticapitaliste.

L’UE et les retraites parmi les points de friction

Après s’être en partie aligné sur le programme de Jean-Luc Mélenchon, comme le précisait un document publié jeudi, le PS prend désormais ses distances et dit avoir besoin de plus de gages pour continuer à négocier. "Nous souhaitons parvenir à un accord de toute la gauche et des écologistes (...) Mais pour y parvenir cela suppose une vraie logique partagée. Il faut rompre avec toute logique hégémonique et accepter la pluralité. A ce stade nous n’en avons pas la garantie", a écrit la direction du PS vendredi dans un message interne, dont franceinfo a pu consulter une copie.

Faut-il voir dans cette suspension un besoin de temps pour s’accorder en interne ? Après la douche froide du premier tour de la présidentielle (1,7% des voix, le pire score du PS à ce scrutin), la formation dirigée par Olivier Faure traverse une zone de fortes turbulences. La perspective des législatives, un temps perçue comme "un outil de reconstruction" par le sénateur socialiste Patrick Kanner, crée à l’inverse d’intenses débats sur des points capitaux comme la place de la France ou sein de l’Union européenne ou le système de retraite.

Dans le document publié vendredi, le PS opère en effet un léger changement de cap à propos de l’UE. "La mise en œuvre du programme que nous construisons conduira nécessairement à des tensions (…) et à ne pas respecter certaines règles", écrit la direction du parti, avant de se justifier : "Nous ne serons ni les premiers ni les derniers à le faire, en France comme en Europe." Une déclaration qui ne passe pas pour l’ancien président socialiste, François Hollande, car elle remettrait en cause "les fondements de l’engagement socialiste".

Dans une tribune publiée vendredi soir, huit maires socialistes de grandes villes semblent adopter une voie médiane. Ces édiles, parmi lesquels les maires de Rennes, Nathalie Appéré, et de Nantes, Johanna Rolland, se disent favorables à une union des gauches "dans le respect des identités et des valeurs de chacun" et réaffirment "la primauté du droit européen". Et soulignent dans le même temps leur volonté de "changer les règles du jeu" au sein de l’UE.

La minorité du PS invitée à "partir"

Au sujet des retraites, la direction du PS s’est dite favorable à un "droit à la retraite à 60 ans", comme le souhaite Jean-Luc Mélenchon. Soit deux ans plus tôt que ce que proposait la candidate socialiste, Anne Hidalgo, qui voulait "sacraliser" l’âge légal de départ actuel, 62 ans. "Tout le monde sait que c’est impossible financièrement", a réagi François Hollande au micro de franceinfo.

En écho aux critiques de l’ex-président socialiste, une fronde de plus en plus virulente se fait entendre au sein du PS. Le courant minoritaire "Debout les socialistes", emmené par la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, ne digère pas les propos tenus par le premier secrétaire du parti lors d’une réunion du bureau national mardi. "Si vous pensez que le PS est mort, qu’il n’y a plus rien à faire, que vous n’appartenez plus à la gauche, alors partez ! Rejoignez La République en marche", avait lancé Olivier Faure aux opposants à la négociation avec La France insoumise.

Une référence à la formule employée quelques jours plus tôt sur Public Sénat par l’ancien ministre et maire (PS) du Mans, Stéphane Le Foll. "Ce parti est mort, ce parti est fini", déclarait-il, ajoutant qu’Olivier Faure se livrait à "une stratégie qui aboutit à l’effacement électoral". "Ce n’est pas une négociation ou un accord qui est proposé [par LFI], c’est une reddition", a pour sa part réagi Hélène Geoffroy dans une lettre publiée mardi. Un point de vue partagé par François Hollande, possible candidat en Corrèze, qui dénonce un accord "inacceptable sur le plan de ce qu’il représente électoralement".

La mise en garde de Mélenchon

Les critiques fusent aussi du côté des sénateurs socialistes, deuxième force politique au palais du Luxembourg. "Qui a été consulté sur le texte adressé par le PS à LFI ? Ni moi, ni aucune instance du PS", s’est étonnée sur Twitter la sénatrice du Nord, Martine Filleul. "Je ne suis ni engagé, ni tenu par cette démarche", a abondé le sénateur du Val d’Oise, Rachid Temal.

Si La France insoumise se dit confiante dans la poursuite des négociations avec le PS, son leader, Jean-Luc Mélenchon, n’a pas manqué d’égratigner les partis de gauche ce samedi dans Le Journal du Dimanche. "Pour certains de nos partenaires, gagner, c’est une chimère. Ils ont la culture permanente de la défaite", a-t-il déploré, sans préciser le nom des partis visés. Pour parvenir à un éventuel accord à gauche, le temps presse. "Nous aimerions que cela soit réglé dimanche", a prévenu Jean-Luc Mélenchon, à la veille de la date symbolique du 1er-Mai. L’Union populaire a prévu de dévoiler les investitures aux candidats pour les élections législatives le 7 mai.


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