Sociologie de l’électorat Macron, Le Pen et des abstentionnistes au 2ème tour 2022

samedi 30 avril 2022.
 

Résultats présidentielle : quel est le profil des électeurs d’Emmanuel Macron, de Marine Le Pen et des abstentionnistes ?

Article rédigé par franceinfo

France Télévisions

https://www.francetvinfo.fr/electio... Publié le 25/04/2022

Second tour ? Eléments de réponse avec une enquête Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France 24, les chaînes parlementaires et Le Parisien, réalisée entre jeudi et samedi, auprès de 4 000 personnes inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Temps de lecture : 7 min.

rs d (JEREMIE LUCIANI / FRANCEINFO)

**

1 – L’électorat Macron

L’électorat du président sortant, réélu dimanche soir avec 58,54% des suffrages, est dans l’ensemble plus diplômé et plus favorisé que celui de Marine Le Pen.

Cinq ans de plus. Le président sortant, Emmanuel Macron, a été réélu à la tête de l’Etat, dimanche 24 avril, recueillant 58,54% des voix au second tour de l’élection présidentielle, contre 41,46% pour sa rivale du Rassemblement national Marine Le Pen, selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur. L’abstention atteint 28,01% lors de ce scrutin, soit 1,7 point de plus que lors du premier tour (26,31%), le 10 avril.

Emmanuel Macron : des électeurs très jeunes ou âgés, plus favorisés et diplômés

Le président sortant capte les suffrages d’une majorité des plus jeunes... et des plus âgés. Ainsi, 61% des électeurs âgés de 18 à 24 ans et s’étant déplacés dimanche ont voté pour Emmanuel Macron, tout comme 59% des 60-69 ans et 71% des 70 ans et plus ayant voté. Dans l’ensemble, 68% des personnes retraitées ont voté pour le président-candidat. Une très légère majorité (51%) des 25-34 ans ayant voté ont donné leur voix au chef de l’Etat, comme 53% des votants de 35 à 49 ans.

Sur le plan politique, 65% des électeurs de Yannick Jadot au premier tour se sont tournés vers Emmanuel Macron au second tour, tout comme 53% des électeurs de Valérie Pécresse et 42% des électeurs du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Une large majorité des sympathisants du Parti socialiste et d’Europe Ecologie-Les Verts (91%) ont voté pour le chef de l’Etat, tout comme 69% des sympathisants des Républicains.

Les catégories sociales plus diplômées et plus favorisées ont aussi plébiscité le président sortant lors de ce scrutin : 74% des votants ayant plus de trois ans d’études à leur actif ont préféré Emmanuel Macron à Marine Le Pen, tout comme 58% des bac+2 ayant voté. Par ailleurs, 77% des cadres ayant voté dimanche l’ont fait pour Emmanuel Macron, tout comme 59% des professions intermédiaires, contre seulement 33% des ouvriers. Le chef de l’Etat capte les suffrages d’une majorité de salariés et d’indépendants (53% et 58%), tandis que seuls 36% des demandeurs d’emploi s’étant déplacés dimanche ont voté pour lui.

Dans la lignée de ces résultats, une majorité des votants déclarant être d’un milieu social plus favorisé ont voté pour Emmanuel Macron : ils sont 71% au sein des classes moyennes supérieures et 79% dans les milieux aisés ou privilégiés, contre seulement 35% des votants de milieux défavorisés. Plus le niveau de revenus s’élève, plus la part d’électeurs d’Emmanuel Macron est importante : 65% des votants ayant un revenu mensuel net (par foyer) de plus de 3 000 euros ont choisi Emmanuel Macron, contre 44% des votants gagnant moins de 1 250 euros net par mois.

Dans l’ensemble, les électeurs du chef de l’Etat sont plutôt satisfaits de leur vie, selon cette enquête : 71% des votants "très satisfaits" de leur vie l’ont préféré à Marine Le Pen, tout comme 69% des votants "plutôt satisfaits" de leur vie. Au contraire, seuls 24% des votants "pas du tout satisfaits" de leur quotidien ont voté pour le président sortant.

**

2 – Marine Le Pen : des électeurs moins aisés et plus "insatisfaits" de leur vie

Parmi les Français âgés de 50 à 59 ans et ayant voté dimanche, une courte majorité (51%) l’a fait pour Marine Le Pen. D’après l’enquête, la candidate du Rassemblement national a aussi recueilli les suffrages de 49% des 25-34 ans ayant voté, tout comme 47% des 35-49 ans s’étant déplacés. A l’inverse, seuls 29% des électeurs de 70 ans et plus ont placé un bulletin dans l’urne pour la candidate d’extrême droite.

Au-delà des sympathisants du Rassemblement national, Marine Le Pen a recueilli les suffrages de 93% des sympathisants de Reconquête !, le mouvement politique d’Eric Zemmour, de 41% des sympathisants de La France insoumise et de 31% des sympathisants LR et de l’UDI ayant voté dimanche. Du côté des électeurs de Valérie Pécresse, 18% ont choisi la candidate d’extrême droite au second tour, tout comme 17% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Dans l’ensemble, Marine Le Pen recueille davantage de voix parmi des électeurs se déclarant "très à gauche", "à droite", "ni à gauche ni à droite" et, sans surprise, "très à droite".

La candidate du RN continue de capter le vote des ouvriers et des employés : 67% des ouvriers et 57% des employés l’ont préférée au chef de l’Etat, contre seulement 23% des cadres. En conséquence, les personnes ayant des niveaux de revenus moins élevés se sont davantage tournées vers elle : 56% des votants gagnant moins de 1 250 euros net mensuels (par foyer) l’ont plébiscitée, contre 35% des votants gagnant plus de 3 000 euros nets par mois. Marine Le Pen a ainsi recueilli les suffrages de 65% des votants se déclarant d’un milieu social "défavorisé" et de 56% des votants des "catégories populaires". La candidate obtient d’ailleurs les voix de 64% des demandeurs d’emploi ayant voté, et d’une nette majorité (respectivement 76% et 80%) des électeurs "pas du tout satisfaits" et "plutôt pas satisfaits" de leur vie.

En matière de diplôme, seuls 26% des votants ayant fait plus de trois ans d’études ont voté pour Marine Le Pen, contre une courte majorité (52%) des personnes n’ayant pas poursuivi leurs études après le baccalauréat.

**

3 – L’abstention : des jeunes plutôt à gauche

Les plus jeunes sont ceux qui ont le moins voté lors de ce second tour : 41% des 18-24 ans ne se sont pas exprimés dans les urnes, tout comme 38% des 25-34 ans et 35% des 35-49 ans, selon cette enquête. En suivant cette logique, les retraités sont ceux qui s’abstiennent le moins (16%) ; seuls 33% se sont abstenus parmi les cadres, les professions intermédiaires et les ouvriers, et 31% chez les employés.

Du côté des convictions politiques, les abstentionnistes se trouvent plutôt à gauche. Les sympathisants de La France insoumise sont ceux qui comptent dans leurs rangs le plus grand taux d’abstention (43%), soit un taux plus important que du côté des électeurs qui ne se revendiquent d’aucune sympathie partisane (40%). De même, les citoyens qui se disent "très à gauche" comptent 45% d’abstentionnistes. Parmi ceux qui ont voté au premier tour, c’est ainsi chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon que l’on trouve la plus grande part (24%) d’abstentionnistes. Ils sont 16% parmi les électeurs de Yannick Jadot à ne pas s’être rendus aux urnes pour le second tour, 15% chez ceux de Valérie Pécresse et 14% chez ceux d’Eric Zemmour.

Le taux d’abstention est le plus élevé chez les titulaires d’un diplôme de niveau bac+2 (30%). Mais il varie peu : il est de 28% chez les électeurs ayant le bac ou moins, et de 27% chez les plus diplômés (bac +3 et plus). En revanche, plus leur niveau de revenus est faible, plus les Français s’abstiennent . Ainsi, 40% des personnes touchant moins de 1 250 euros par mois ne se sont pas rendues aux urnes. Ils sont 32% parmi ceux qui gagnent entre 1 250 et 2 000 euros, contre 22% chez ceux dont les revenus dépassent 3 000 euros. C’est ainsi parmi les personnes au chômage que l’on trouve le plus d’abstentionnistes (38%), devant les salariés –du privé comme du public –, à 33%.

De même, les personnes se disant "pas satisfaites" de leur vie sont celles qui votent le moins : le taux d’abstention s’élève à 37% chez elles (39% pour les Français "plutôt pas satisfaits" et 30% "pas du tout satisfaits"). Juste derrière, à 35%, figure le taux des abstentionnistes parmi ceux qui s’estiment "ni satisfaits, ni insatisfaits".

**

Voir aussi le sondage Ipsos sur la sociologie électorale des élections présidentielles 2022 avec des variations depuis 2017.

https://www.ipsos.com/fr-fr/preside...

voir aussi une étude comparative de la sociologie des électorats de Mélenchon et de Le Pen aux élections de 2017.. La tribune 01/10/2017.

https://www.latribune.fr/opinions/t... autre article intéressant : le vote ouvrier. (Différentes études relatées par Europe 1 en 2017) https://www.europe1.fr/politique/fr...

Le taux d’abstention chez les ouvriers est relativement élevé (entre 40 % et 60 %), mais les ouvriers qui votent porte de plus amples leur voix sur le FN puis RN : 42 % à 44 % en 2017 ; 67 % en 2022. Ils sont beaucoup moins nombreux à voter pour Mélenchon. Il faudrait s’interroger d’une manière approfondie sur ce phénomène.

Autre article d’intérêt rétrospectif : sociologie de l’électorat de Mélenchon 2012 https://www.ifop.com/wp-content/upl...

** remarques complémentaires : selon les instituts de sondage le report des voix d’une partie des voies de l’électorat de Mélenchon a été le suivant : 38 % à 42 % pour Macron ; 13 % à 18 % pour Le Pen. Un calcul simple montre que même sans les voir de l’électorat de Mélenchon, Emmanuel Macron aurait devancé Marine Le Pen.

L’argument qui sera sans doute utilisé pour les élections législatives par l’extrême droite selon lequel Macron a été élu grâce aux électeurs de Mélenchon est donc faux.

**

HD


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message