Il est des acquis du peuple qu’en son temps une partie du peuple n’a pas considéré comme tels. Ainsi de l’école gratuite et obligatoire et de la vaccination. Elle leur fut imposée par les autorités du moment, malgré leur opposition plus ou moins forte. Les arguments avancés par cette partie minoritaire et récalcitrante du peuple ont été les mêmes que ceux avancés aujourd’hui : atteinte à la liberté individuelle. Heureusement, les gouvernements de ces époques n’ont pas calé. Aujourd’hui, sauf les obscurantistes, plus personne ne s’oppose à l’école gratuite et obligatoire et à la vaccination obligatoire à l’entrée de l’école.
Je ne vois pas où résiderait mon stalinisme à rappeler ces vérités historiques d’évidence. Je confirme donc qu’école et vaccination obligatoires sont des avancées de l’humanité.
Le débat n’est donc pas de savoir si le principe de la vaccination obligatoire garde toute sa pertinence. Pour moi, elle est incontestable. Le débat est de savoir si les vaccins contre le covid comportent plus de risques que d’avantages à être administrés. Il est aussi de savoir si ces vaccins sont susceptibles d’arrêter ou, au moins, de freiner la pandémie.
À ces deux questions, je suis incapable de répondre. Je ne peux donc m’en remettre qu’aux savants dans cette matière. Ils sont très divisés. Mais force est de constater que leur écrasante majorité conclut à l’efficacité des vaccins et au danger de la progression de la pandémie, sauf si la vaccination se généralise. Cette forte majorité est constituée de savants issus de tous les pays du monde, quel que soit le régime politique de leur pays. Une petite minorité défend des thèses exactement inverses à celles de la majorité.
Le béotien observateur que je suis constate que le covid est toujours là et qu’il a même tendance à varier de forme, jusqu’au point où il pourrait échapper à tout contrôle. La vaccination obligatoire me paraît donc être la meilleure solution pour endiguer ce danger. Étant acquis à l’utilité de cette obligation depuis que j’ai l’âge de raison, je ne vois pas pourquoi, aujourd’hui, d’un seul coup, je serais contre, au seul prétexte que Macron en est le décideur. Je ne suis pas un adepte de l’opposition systématique. D’autant plus quand mon soutien ne porte que sur un aspect non fondamental de sa politique néolibérale.
Je ne suis pas non plus contre sa décision de mettre en œuvre un pass-sanitaire, comme moyen d’inciter une grande partie des récalcitrants à se faire vacciner pour, ensuite, ne plus avoir besoin du pass-sanitaire et des tests PCR. Pour moi, effectivement, seules sont discutables ses modalités d’application, pas son principe.
Un certain nombre de mes ami(e)s, heureusement minoritaires, en concluent que ce soutien ponctuel à une décision de Macron vaut ralliement total à sa politique. D’autres ou les mêmes vont même jusqu’à m’accuser de stalinisme parce que je soutiens une mesure liberticide.
N’était la grande qualité de ces ami(e)s, normalement, des accusations aussi excessives et graves ne devraient même pas mériter que j’y réponde. Mais voilà, en dépit de ces attaques gravissimes, ces camarades restent à mes yeux de très belles personnes.
En réalité, ce débat autour de l’obligation vaccinale et du pass-sanitaire est complètement faussé et part, à mes yeux, d’une confusion de genre.
La pandémie du covid, à l’origine de tout ce débat, n’est effectivement pas qu’un problème sanitaire. Elle est la conséquence directe du productivisme comme mode de développement de l’économie mondiale. Qu’elle ait pris la forme de l’économie socialiste, jusqu’en 1990, du capitalisme d’État en Chine, ou du capitalisme mondialisé et financiarisé (CMF) presque partout ailleurs. Productivisme oblige, donc, l’humain empiète de plus en plus sur l’habitat naturel des animaux, à coup d’extension des surfaces d’habitation, industrielles, agricoles. Au détriment des forêts. Il s’ensuit la disparition de nombre d’espèces animales et une promiscuité de plus en plus grande entre les humains et celles résistant à notre irrépressible envahissement. Et voilà comment les virus charriés par certaines espèces animales en viennent à sauter sur l’humain et à proliférer en leur sein. Et, circulation d’un bout de la planète à l’autre des humains et des marchandises, les virus se répandent à grande vitesse. Là est la responsabilité des deux productivismes dominant le monde. Le chinois et le CMF. Interfèrent ensuite, dans l’aggravation de cette crise due à la pandémie, les particularités des économies de chaque nation. Celles de la France sont que les gouvernements successifs depuis 1983 ont entrepris, pour des raisons dites de rentabilité, d’affaiblir la recherche médicale et l’hôpital public. Ils ont aussi décidé d’appliquer les directives de l’UE. Résultat, nos gouvernants ont délibérément sacrifié notre indépendance nationale en matière de production des médicaments et des équipements et accessoires médicaux. Ils ont fermé des dizaines de milliers de lits, imposé un numérus clausus pour la formation des médecins. Et du premier rang mondial qui était celui du système sanitaire français, le voilà rendu dans le ventre mou. Ajoutons à cela, la recherche à marche rapide de vaccins susceptibles de combattre le virus du covid et leur découverte étonnamment ultrarapide. Seulement voilà, une telle vitesse, loin de soulager, a éveillé des soupçons chez nombre d’entre nous. D’autant plus que ces vaccins sont fabriqués dans des conditions mercantiles, par des labo privés géants constituant ce qu’on appelle les Big Pharma. Même la communauté scientifique est soupçonnée de conflits d’intérêt.
Ajoutons à cela, que nombre de scandales concernant des médicaments : Médiator, Distilbène, le sang contaminé,…… ont émaillé l’actualité ces dernières années. Il est inévitable qu’une telle accumulation de scandales, tous pour des raisons mercantilistes, a entraîné nombre d’entre nous à ne plus faire confiance en la médecine. Tout cela, je le comprends. Mais, dans le même temps, mon cas personnel d’usager des services médicaux et pharmaceutiques a de quoi redonner confiance en la médecine, la chirurgie et la pharmacie.
Cardiovasculaire depuis 1991 (pose d’un premier stent et pose de 6 stents en 2004) et, depuis, consommateur à vie de médicaments, pour mon plus grand bien, j’ai appris à ne plus jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est-à-dire que je sépare complètement le mode capitaliste de gestion des hôpitaux et labos, de production des médicaments et des matériels médicaux, de la qualité des médicaments et matériels médicaux produits dans ces conditions mercantiles. Même produits dans ces conditions que je réprouve, les stents lovés au mitan de mes coronaires et les médicaments que je prends me permettent de vivre très agréablement. Sans eux, je serais ou mort, ou grabataire.
C’est à mon avis là que se situe l’incompréhension entre certain(e)s de mes ami(e)s et moi. Je dirais même, la confusion sur la cible du combat à mener nécessairement.
Au prétexte de leur perte de confiance compréhensible à l’encontre de tout le système sanitaire capitaliste, ils en viennent à rejeter et les capitalistes à la tête de ce système condamnable et certaines de leurs productions. Je dis certaines, parce qu’en réalité nombreux sont celles et ceux qui rejettent les vaccins contre le covid, pour perte de confiance, mais qui, par ailleurs, prennent en toute confiance des médicaments produits par les mêmes labos qui proposent les vaccins contre le covid.
Cette confusion fausse le débat. Je suis sûr que s’ils avaient autant confiance en ces vaccins qu’ils l’ont avec les médicaments qu’ils prennent, ils accepteraient sans réticence de se faire vacciner contre le covid.
Nos chemins divergent provisoirement, sur fond de malentendu. Ils vont très vite reconverger, quand vont revenir les vraies luttes contre les méfaits du capitalisme mondialisé et financiarisé, à savoir, le rejet absolu de la réforme de l’indemnisation du chômage, de la réforme des retraites, des multiples directives de l’UE, des mesures s’attaquant à notre environnement,……..
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