Imagine-t-on un monde qui ait perdu le nord, comme cela arrive parfois dans le temps géologique ?
Dans le monde politique, nous ne pouvons que constater que le nord n’est peut-être plus aussi sûr. Le brouillard idéologique s’étend et rend le chemin moins sûr. Le travail d’hégémonie politique mené par l’extrême droite s’est étendu à tout le champ politique. Les forces de gauche rivalisent pour s’aligner sur les agendas de campagne des forces conservatrices.
Ils sont nombreux au Parti Socialiste à confondre désormais laïcité et appel à la défense d’une France prétendument éternelle contre le nouvel ennemi de l’intérieur, le séparatisme. Ils ne voient pas que des décennies de politique anti-sociale ont exclu une part grandissante de la population, assignée à résidence dans les quartiers sans services publics, sans transports, sans emplois, que ce soient les cités dortoirs ou la France péri-urbaine qui a lancé depuis les ronds-points le mouvement des gilets jaunes. Ils n’ont désormais qu’un leitmotiv, courir après les provocations de la droite et de l’extrême droite, et entretenir l’esprit sécuritaire. Ne parlons pas de Manuel Valls, le cas est pathologique. Anne Hidalgo se félicite d’avoir créé une police municipale, quand Stéphane Le Foll appelle le Parti socialiste à se recentrer sur la sécurité. Après la participation à la manifestation quasi-factieuse des policiers du 19 mai, Olivier Faure avait même voulu revenir sur la séparation des pouvoirs en demandant un droit de regard sur la justice. Qu’il ait manifesté, avec Yannick Jadot, aux côtés d’Éric Zemmour et de Gérald Darmanin en dit long.
À la veille de l’été, l’extrême droite agite encore le chiffon du burkini, ou des drapeaux ou youyous lors des cérémonies de mariage quand le gouvernement s’inquiète des crop-tops. La planète brûle, désormais littéralement, nous sommes en pleine pandémie mondiale aux millions de morts, en pleine crise sociale, et ils s’agitent pour quelques bouts de tissus, trop long sur les plages et trop courts dans les lycées. Même Éric Piolle au moment où il annonce sa candidature à la présidentielle, choisit d’interpeller le premier ministre sur le port du Burkini. Comme si l’urgence était là. C’est la même dynamique qui les pousse à faire accroire que la France Insoumise serait un mouvement anti-républicain. Yannick Jadot, comme Carole Delga, accusent Jean-Luc Mélenchon de préférer le complotisme à la république : on sait désormais que la polémique a été alimentée par l’extrême droite, et ses officines plus ou moins officielles comme Cnews et Valeurs-Actuelles.
À l’hégémonie réactionnaire, opposons une union populaire. Elle a un programme, l’Avenir en Commun, et des principes fermes, héritiers d’une histoire revendicative : la république sociale, l’écologie politique, le parti de la raison et de la science non ceux du marché et de la peur. Nous n’avons pas perdu le nord.
Benoît Schneckenburger
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