Darcos veut réformer le statut des profs

jeudi 6 septembre 2007.
 

Éducation . Service minimum, heures sup et réorganisation du service : alors que doit s’entamer une réflexion sur le métier d’enseignant, le ministre de l’Éducation expose ses visées.

Rentrée des classes... et fête des profs. Hier, dans le Parisien-Aujourd’hui en France, leur ministre de tutelle est revenu, l’air de rien, sur les sujets qui fâchent. À commencer par l’idée d’un service minimum les jours de grève, que Xavier Darcos compte bien imposer. « Cette question concernera à un moment ou à un autre les enseignants puisque ce sont des fonctionnaires », assène-t-il au cours d’un entretien accordé à une dizaine de lecteurs du quotidien et retranscrit sur deux pages. « Ce ne sera évidemment pas la garantie que le cours de français sera maintenu le matin », poursuit-il. Mais il s’agit de « prévoir l’accueil des élèves au moins jusqu’au collège. »

une remise en cause du droit de grève

Avancée en juillet, lors du débat parlementaire portant sur l’instauration d’un service minimum dans les transports en commun, l’idée d’élargir le principe à l’Éducation nationale avait provoqué un tollé chez les organisations syndicales, qui toutes dénoncent une remise en cause du droit de grève. Elle avait, également, donné lieu une singulière cacophonie côté gouvernement. Lancée par François Fillon et reprise par Xavier Bertrand, ministre du Travail, elle avait été modérée, dès le lendemain, par Xavier Darcos et par Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, lesquels avaient assuré qu’elle n’était pas d’actualité. Il s’agissait surtout, avaient-ils précisé, de réfléchir à l’accueil des élèves dans les écoles primaires, particulièrement concernées par cette gêne.

Le ministre use à peu près de la même justification, à cela près qu’il prend pour exemple le secondaire et reformule les mots « service minimum », soudain emprunts d’une sorte d’urgence. « Il faut (l’) institutionnaliser. Je suis déterminé à le faire. »

Au-delà, Xavier Darcos insiste sur le temps de travail et l’organisation du métier d’enseignants. Sans surprise, la question des heures supplémentaires revient à propos des études surveillées créées dans les collèges ZEP. Deux heures d’activités, quatre soirs par semaine, qui pourront être assurées par les profs payés en heures sup. Elle se glisse aussi quand le ministre aborde le sujet du bac. « Nous demanderons aux enseignants, sur la base du volontariat, de corriger les copies en dehors de leurs heures de cours. Et la rémunération (...) devra être plus élevée qu’elle ne l’est actuellement. »

Concernant l’organisation du service des enseignants, il estime que leur « emploi du temps devra être plus souple » et qu’eux-mêmes pourraient être « plus présents ». Pas question de remettre au goût du jour les 35 heures dans les établissements. Mais de donner aux profs qui le souhaitent « les moyens d’y rester ».

En déplacement dans le Nord, hier, il a complété cette idée. Notant la différence entre le temps passé devant les élèves par un prof titulaire du CAPES - dix-huit heures - et un prof agrégé - quinze heures - le ministre a jugé que cela « n’a de sens que s’il y a des différences de missions ». Au reste, Xavier Darcos a biaisé autour de la bivalence disciplinaire. Instaurée l’an dernier par les décrets Robien, elle avait irrité le milieu enseignant, avant d’être abrogée, en mai, par Nicolas Sarkozy. Xavier Darcos revient aujourd’hui sur le principe, estimant que les textes (de 1950, ceux-là même que modifiaient les décrets) prévoyant que « M. Untel doit faire tant d’heures de sa discipline », ne sont plus « adaptés aux besoins d’aujourd’hui ».

un gymnase pour les épreuves d’examens

Mais Xavier Darcos, dans le Parisien, aborde aussi l’organisation du calendrier

scolaire. S’appuyant sur l’exemple de Paris, où certaines écoles n’ouvrent qu’un samedi sur deux, le ministre n’exclut pas de supprimer cette demi-matinée dans le primaire. Dans le secondaire, il souhaite solutionner le problème des périodes d’examens, qui fait que les établissements mobilisés pour faire passer le bac cessent les cours dès le début du mois de juin. Envisageant d’investir les gymnases ou les facs pour faire passer leurs épreuves aux élèves, le ministre veut ainsi ramener la fin du trimestre au 3 juillet. Une à deux académies devraient en faire l’expérience dès cette année. Car là encore le ministre juge le problème urgent. « Ce mois de juin non travaillé équivaut sur l’année à trois heures de cours en moins par semaine. » L’un prendra-t-il la place des autres ?

Marie-Noëlle Bertrand et Vincent Defait


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