« Il faut combattre l’extrême-droite »

mardi 18 mai 2021.
 

Une vingtaine de jeunes journalistes, militants politiques ou associatifs et responsables jeunesses de mouvements politiques dénoncent la « publication honteuse » de la tribune « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » dans Valeurs actuelles. « En aucun cas ce qu’incarnent ces hommes ne saurait être la solution trouvée aux défis d’avenir que la France doit relever. C’est même précisément l’inverse. Elle est une menace centrale de l’époque que nous traversons. »

Il y a quelques jours, l’hebdomadaire d’extrême-droite Valeurs Actuelles publiait une tribune intitulée « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants », signée par une vingtaine de généraux en partie retraités.

Nous, collectif de jeunes citoyennes et citoyens âgés de 20 à 30 ans, militants associatifs, syndicaux et politiques, créateurs de contenus, journalistes, blogueurs, avons décidé de dénoncer cette publication honteuse.

La lettre, adressée au Président de la République, aux ministres et aux parlementaires, reprend l’intégralité des fantasmes d’extrême-droite

Dès l’introduction, le ton est donné : la France serait en « péril » et en « danger de mort ». Ici, un peu de « valeurs civilisationnelles », ici encore, la « sauvegarde de la nation » face au « laxisme ». Voici que « notre honneur » reposerait dans les mains de ces hommes, et dans leur volonté de « dénoncer le délitement de notre patrie »...

Avec sarcasme, reconnaissons d’abord une chose : il est vrai qu’à travers l’Histoire, la droite la plus radicale a toujours su faire de la dénonciation une de ses grandes spécialités.

Viennent ensuite les prétendus maux de la France

Ces impérieuses menaces qui pèseraient sur notre pays.
 En pleine pandémie de Covid-19, nous aurions pu attendre un appel à défendre l’hôpital public et les soignants. Ou une démonstration visant à défendre l’ensemble des métiers indispensables au bon fonctionnement de notre société, et souvent majoritairement occupés par des femmes, toujours trop mal considérées, trop peu mises en valeur et trop peu rémunérées. Ou bien, face au réchauffement climatique et à l’urgence environnementale, un appel à l’action concrète, planifiée et organisée par les pouvoirs publics pour limiter notre impact destructeur sur la planète.


Il n’en est rien.

Les cibles sont celles de l’extrême-droite

L’antiracisme d’abord, accusé de provoquer « la haine entre les communautés ». Car l’extrême- droite a cette incroyable audace, toute honte bue, d’accuser les autres d’être responsables du mal qu’elle organise.


L’Islamisme ensuite, et les « hordes de banlieue ». Car l’extrême-droite déshumanise toujours, autant qu’elle hait. Son analyse n’est pas sociologique, mais repose sur du prêt-à-penser (ou à détester). Elle est raciste, xénophobe, et les réflexes identitaires de ses militants suintent à travers leur esprit et jusque dans leurs mots.


La haine, enfin. Et c’est peut-être là le plus grand danger : que la bête immonde se grime en défenseur des droits et des libertés des pauvres, alors qu’ils sont ses premières cibles lorsqu’elle arrive au pouvoir et organise, méthodiquement, une violente répression contre tout ce qui ose lui tenir tête politiquement, intellectuellement ou philosophiquement.

Nous leur répondons ceci : 


Jamais aucun courant de pensée, dans l’Histoire de notre pays, n’aura autant propagé la haine de l’autre que l’extrême-droite. Jamais aucune famille politique n’aura autant fait le lit du communautarisme, ni fait de la misère son fond de commerce et de la xénophobie son porte- étendard.

Partout où elle domine dans le monde, l’extrême-droite tue, enferme, néglige les droits et se pose en ennemi du vivre-ensemble. Toujours dans l’Histoire, elle a organisé la persécution de certains, la domination d’autres, et a agi comme l’un des premiers ennemis de l’émancipation humaine. Bref, partout et chaque fois que la Lumière brille, l’extrême-droite s’acharne à essayer de l’éteindre. Car telle est sa nature : l’obscurantisme.

En aucun cas ce qu’incarnent ces hommes ne saurait être la solution trouvée aux défis d’avenir que la France doit relever. C’est même précisément l’inverse. Elle est une menace centrale de l’époque que nous traversons.

Nous dénonçons ce courrier honteux et dangereux

Nous refusons de voir les valeurs de notre pays ainsi bafouées dans un texte rédigé par d’auto-proclamés gardiens de la patrie, dont les desseins fascisants ne font pas l’ombre d’un doute.

Nous dénonçons avec force leur menace d’une « intervention de leurs camarades », putsch assumé à demi-mots, et appelons le gouvernement et le Président de la République à prendre les dispositions nécessaires pour répondre. Il est urgent de rappeler que la République Française est une, indivisible, et que le pouvoir s’y prend par les urnes et non par les armes.

Nous dénonçons leurs cibles plantées dans le dos d’associations syndicales, caritatives ou politiques, accusées depuis des mois d’ « islamogauchisme » comme les fascistes avaient ciblé les groupes « judéo-maçonniques » partout en Europe dans les années 30.

Nous disons notre colère et notre dégoût de voir la lutte antiraciste, pourtant essentielle et fondamentale dans l’Histoire de notre pays, ainsi pointée du doigt comme un ennemi de la République.

Nous affirmons que le débat démocratique doit avoir lieu partout, tout le temps, et qu’aucun aspect de notre vie publique ne saurait lui échapper. Que les gloires d’hier peuvent être dénoncées demain, que les citoyennes et citoyens honorés jadis peuvent être remis en cause lorsque la progression intellectuelle et morale de notre société en crée les conditions, voire l’obligation.

Nous dénonçons ce courrier pour ce qu’il est : l’expression claire et décomplexée d’une extrême-droite organisée et décidée à conquérir le pouvoir. Nous appelons ses destinataires à le prendre comme il se présente : une menace contre la République.

Si la jeunesse n’est pas éternelle, elle est porteuse d’une promesse : celle de l’avenir

Elle confère ainsi la tâche de réfléchir et de s’engager pour la société qu’il nous reste à construire, organiser et améliorer ensemble lorsque notre heure sera venue.



Face à la montée en puissance de l’extrême-droite, nous avons décidé de ne pas rester les bras croisés. Parce que nous ne nous reconnaissons pas dans les idées portées par ce mouvement, nous appelons chacune et chacun à prendre ses responsabilités, à s’exprimer et à agir pour lui barrer la route.

Nous appelons les pouvoirs publics à analyser les causes et les conditions de sa progression dans les têtes et dans les urnes, pour mieux la combattre et protéger ainsi le socle républicain de notre pays. Emmanuel Macron en avait fait la promesse lors de l’entre-deux tours en 2017, et a compté de nombreuses voix pour cette unique raison face à Le Pen. L’heure est venue pour lui d’enfin respecter sa parole, sauf à vouloir construire une autoroute à la candidate du RN jusqu’aux portes du pouvoir.

Nous appelons les militants associatifs, syndicaux et politiques engagés pour l’émancipation humaine à prendre la mesure du danger et à agir en conséquence, en ciblant l’extrême-droite comme ennemi commun malgré les divergences qui peuvent s’exprimer dans notre société.

Nous appelons les journalistes, blogueurs et autres producteurs de contenu à s’engager pour démonter les discours haineux, mensongers et réducteurs d’un camp politique qui surfe sur les préjugés, les rumeurs et les fake news pour diffuser son idéologie.

Nous appelons chacune et chacun à agir en conscience et à assumer les responsabilités qui lui incombent.

Il y a urgence. Et notre appel est clair : combattons l’extrême-droite !

Signataires :

Bastien PARISOT, communicant politique, blogueur et militant France insoumise Julie MAURY, journaliste et chroniqueuse sur la webradio "Les Jours Heureux" Thibault LHONNEUR, directeur du journal Fakir Matthieu BARBERIS, responsable de communication, streamer Twitch, militant France insoumise Marion BEAUVALET, co-créatrice du podcast "Plan B" Coline BOURET, co-créatrice du podcast "Plan B” Romain SPYCHALA, créateur du podcast "Résiste" Martin MENDIHARAT, dramaturge et co-animateur du Groupe culture de La France insoumise Gaspard FONTAINE, décrocheur de portrait d’Emmanuel Macron Aurélien LE COQ, co-animateur des Jeunes insoumis Emma SALLEY, co-organisatrice des Jeunes insoumis Hugo GUIRAUDOU, animateur du Pôle Jeunesse de la Gauche Républicaine et Socialiste Alexandre CAILLETEAU, secrétaire national du Parti de Gauche Tristan PEGLION, coordinateur national des Jeunes Génération.s Aneth HEMBERT, co-secrétaire fédérale des Jeunes Écologistes Joakim LE MENESTREL, co-coordinateur de Résilience Commune Adrien SARTRE, co-coordinateur de Résilience Commune Nathan ABOU, délégué national du Parti Socialiste Raphaëlle MARTINEZ, conseillère municipale déléguée, France insoumise Camille MÉNARD, coordinatrice nationale des Jeunes Génération.s Grégoire VERRIÈRE, membre de la coordination nationale de Génération.s Alice BOSLER, membre de la coordination nationale de Génération.s


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