Ça devient sérieusement inquiétant. On a connu l’installation du pouvoir du Conseil de Défense sur la crise sanitaire. Ses travaux sont secrets. Mais ses décisions s’appliquent immédiatement. Et elles sont annoncées parfois sans que le Conseil des ministres ait eu à en connaître. On a constaté depuis peu à l’Assemblée nationale une nouvelle forme de censure sans recours n’y appel. Des fonctionnaires de l’Assemblée dressent des listes d’amendements déclarés « irrecevables ». Les présidences de commission, toutes tenues par des députés macronistes, valident ensuite systématiquement ces listes. De cette façon, dans une loi sur l’organisation des élections présidentielles, notre amendement visant à confier à 150 000 citoyens le pouvoir de parrainer un candidat a été déclaré « hors sujet ». Auparavant, dans la loi de Finances pour la Sécurité sociale, nos amendements sur les ambulanciers, par exemple, ont également été déclarés hors sujet. Sur la loi concernant le prétendu « renforcement des principes républicains », le tiers de nos amendements ont été déclaré « irrecevables ».
À présent on voit encore pire. La majorité a purement et simplement décidé de dissoudre par surprise la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la gestion gouvernementale de la pandémie ! Stupéfiant ! En effet le titre de cette mission était « Impact, gestion et conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid 19 ». C’est un objet assez large pour qu’on puisse continuer le travail sans craindre d’être hors sujet. La pandémie est-elle terminée ? Non, bien sûr. Alors pourquoi l’évaluation de ce qui est fait pour y faire face devrait échapper au contrôle parlementaire avec la vue d’ensemble que donner une commission spéciale ? Les oppositions n’ont pas pris part au vote d’une telle décision. D’ailleurs, le règlement de l’Assemblée nationale ne prévoit pas que de telles décisions puissent faire l’objet de votes par visioconférence. Les macronistes s’en fichent ! Pour eux, tout ce qui concerne le fonctionnement de l’Assemblée nationale est avant tout un inconvénient, un ralentissement insupportable, une perte de temps.
Ainsi semaine après semaine, mois après mois, le champ des libertés en France réduit à vue d’œil. Bien sûr les macronistes protestent du contraire avec cet incroyable aplomb qu’ils ont quand ils mentent en le sachant. Mais telle est bien la situation ! L’État d’urgence est passé dans le droit commun. L’État d’urgence sanitaire s’apprête à le faire. Les lois organisant la censure privée par les propriétaires des réseaux sociaux y ajoutent. L’interdiction de filmer les violences policières, d’abord repoussée, revient dans la prochaine loi sur le prétendu « renforcement des principes républicains ». C’est un sérieux sujet d’inquiétude. On ne peut plus nier que notre pays soit engagé dans une pente glissante ou les mesures autoritaires, les intimidations, les transgressions de toutes sortes de la part des tenants de l’autorité politique nous mènent tout droit vers le pire. Pas seulement vers un régime insupportable de confiscation des libertés publiques. Mais il s’agit bien d’une marche vers le chaos dont le principal facteur est désormais aujourd’hui une politique sanitaire hasardeuse. Elle a développé un scepticisme généralisé et une tentation de désobéissance collective largement répandue. Elle s’observe de toutes parts sans qu’on puisse dire ce qui va en résulter.
Dans ce contexte le journal Le Parisien publie un sondage qui présente un deuxième tour de l’élection présidentielle où le président sortant n’a plus l’avantage sur la challenger qu’il avait mis tant de soin à installer. La dé-diabolisation totale et permanente de Madame Le Pen, la banalisation de la présence sur les plateaux de télévision de groupes violents d’extrême droite et, en parallèle, le harcèlement diabolisant contre les insoumis – bref, la stratégie macroniste – a produit une situation qui sera bientôt tout simplement hors de contrôle pour le pouvoir et ses amis. Au deuxième tour, aujourd’hui, Madame Le Pen gagnerait si l’on en croit cette enquête. Dès lors, il devient évident que le président Emmanuel Macron est à la fois la cause des progrès de sa poursuivante la plus proche et la raison active pour laquelle bon nombre de gens ne l’empêcheront plus de gagner. Au demeurant, le message présidentiel en faveur de la mémoire de Pétain et de Maurras, deux collaborateurs des nazis, a détruit les dernières digues qui séparaient la bonne société macronistes de la droite extrême.
Cette situation est ressentie en profondeur jusque dans nos milieux. Nombreuses sont les personnes venues me dire que si le deuxième tour se reproduisait comme en 2017, ils ne voit d’avance aucune raison de voter Macron. Apparemment, si l’on en croit le sondage, cette attitude semble devenir courante dans toutes les catégories de la gauche. Il est naturellement inutile de lancer l’alerte. Les macronistes n’écoutent rien ni personne. Leur dirigeant est muré dans une solitude arrogante qui le coupe de toute réalité. Le niveau de violence des ministres dans l’hémicycle face aux questions des députés est un indicateur de la débandade qui semble se préparer. La haine constante déployée contre les insoumis montrant – sans qu’il y ait de doute crédible – que pour les macronistes et l’oligarchie qui les soutiendront, décidément : « plutôt Le Pen que les insoumis ». Tout cela dans une ambiance de pagaille, d’improvisation, d’incohérences sans précédent. Les gouvernements macronistes sont déjà les gouvernements les plus instables de la Ve République. Il y aura eu un départ de ministre tous les 65 jours sous la primature d’Édouard Philippe ! La suite ne devrait pas être plus brillante. Jusqu’à quand ? Jusqu’où ?
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