Une entrée en campagne « carton plein »

jeudi 21 janvier 2021.
 

J’ai lancé ma troisième proposition de candidature il y a tout juste deux mois. J’avais promis un bilan rapide de cette entrée dans l’eau. Je la juge très réussie alors qu’elle comportait sa part de risque, dans le contexte du reconfinement partiel et de la venue des vacances de Noël. D’ailleurs les sarcasmes n’ont pas manqué. « Ce n’est pas le bon moment » ont aussitôt répété en boucle les rageux et les jaloux. Bon ou mauvais moment ? La réponse est dans les faits c’est-à-dire dans les résultats acquis. Ils sont de deux nature. D’abord ce qui est quantifiable. Je commence par les chiffres pour permettre à ceux qui s’intéressent aux campagnes politiques de se faire une idée aussi concrète que possible. Puis bien sûr il faut venir sur ce qui est évaluable.

Donc d’abord un paysage de chiffres. Le départ fut bon. Le 20H de TF1 au cours duquel j’ai fait mon annonce de proposition de candidature avait rassemblé une audience de plus de 8 250 000 spectateurs. Le direct sur les réseaux sociaux ensuite (YouTube, Facebook, Twitter, Instagram, Twitch, Tiktok) a réuni 20 000 visionnages en direct. Il compte 800 000 vues aujourd’hui. Puis dans les jours qui suivirent une interview dans le Huffington post et deux passages télé se diffusèrent largement. L’émission « Face à BFM » réunit une audience de 400 000 personnes en continu et 4,7 millions de personnes en cumulé des rediffusions, ce qui est le record de l’émission. La vidéo YouTube de cette émission a, de son côté, été vue près de 800 000 fois. Le même tandem médiatique doublon la semaine suivante entre le journal « 20 minutes » et l’émission de France 3 « Dimanche en politique » et son audience d’un million de personnes élargit l’impact.

Nous pouvons donc dire que le moment de lancement a été assez largement capté. Le résultat de la collecte de parrainage l’a confirmé. J’avais conditionné ma décision de candidature au rassemblement de 150 000 parrainages. Les rageux se déchainèrent. Mais ils se contredirent. Les uns déclaraient que c’était trop peu, les autres que je devrais tricher pour y arriver. On a d’ailleurs vu un journaliste de Marianne essayer d’inscrire de fausses signatures pour prouver la fraude. Il n’y a pas eu besoin de cela même après qu’on ait supprimé les fausses signatures de journalistes. Le nombre visé de parrainage a tranquillement été réalisées en quelques jours. L’équipe fonctionnelle avait prévu qu’il faudrait deux mois en se référant à nos précédentes campagnes. Et encore avait-on compté court. Car en 2016 on avait mis 5 mois pour atteindre ce chiffre. Certes, un blocage de compteur et d’enregistrements a eu lieu. Mais il n’aura pas trop perturbé la visibilité du mouvement général. Autre indicateur non négligeable : les dons ! Car dans le même temps plus de six cent mille euros de dons ont été collectés. Ce qui est un record pour nous dans un délai aussi court…

Lancée « à froid » l’entrée en campagne a donc reçu un bon accueil et suivi une bonne cadence de réalisations alors que le COVID et les frasques de Trump saturaient l’actualité. Elle s’est maintenue aussi tranquillement que la séquence politique elle-même. Bien sûr elle a été interrompue du 17 décembre au 6 janvier dans l’hexagone puisque je me trouvais à La Réunion du 18 au 26 décembre. Ce fut d’ailleurs un « moment de terrain » bien réussi puisque l’île n’était pas confinée. Images et média audiovisuels locaux en ont donné de bons comptes-rendus. Avec, pour moi, le moment d’émotion complète à la cérémonie de Saint Paul à la mémoire de l’abolition de l’esclavage, aux côtés d’Huguette Bello, maire de la ville, faisant un discours poignant.

Le déploiement des outils de campagne s’est mené au rythme prévu. Sans anicroche. Le reste suivra d’ici au mois d’avril mois après mois. Pendant ce temps, la remise en mouvement des deux mille groupes d’action insoumis « certifiés » s’est organisée par grappe de contacts et les taux d’ouverture des mails dans le fichier général, un record dans le genre, ont confirmé la tendance. Cette première séquence avant mon départ pour La Réunion culmina en quelque sorte avec le meeting en « réalité augmentée » suivi par 25 000 personnes présentes en permanence et plus de 200 000 personnes passées un temps sur le direct. Au final, à cette heure, la vidéo a été vue 680 000 fois. L’expérience technique a donc été validée, même s’il reste beaucoup à faire pour maîtriser complétement les possibilités de l’outil. Au total, politiquement je parle d’un « carton plein » compte tenu des risques que la date de lancement comportait en effet. Les réseaux sociaux, baromètres de vitalité dans notre champ d’influence ont suivi. Sur Facebook ce sont 7 vidéos qui ont fait plus de cinq cent mille vues dans la période dont l’une à 1,2 million et une autre à 4,2 millions. Évidemment mes outils personnels ont décollés recueillant chacun plus de vingt mille abonnés supplémentaires dans la période des deux mois.

J’avais promis ce bilan chiffré. Il est donc fait sur ce blog (qui reçoit de nouveau dix mille personnes par jour). Toute cette description atteste d’une façon de mesurer le travail qui s’accomplit en politique selon des critères quantifiables. Certes, c’est moins lyrique qu’une description subjective de l’ambiance. Mais c’est aussi un aspect non négligeable de la réalité. Pourtant cela ne suffit certainement pas. L’efficacité de l’action ne résume pas une situation.

Il faut donc apprécier aussi ce qui résulte de ce qui a été fait politiquement. La première source de satisfaction est d’avoir pu faire vivre des thèmes de débats sur des contenus. Ce fut le cas aussi bien sur la question des libertés publiques et de la dérive autoritaire et violente du régime puisque mon meeting en réalité augmentée portait sur le sujet le jour même de la première marche dans la rue sur le thème, contre la loi sécurité globale. Puis ce fut la question de la Conscription qui a donné lieu pour la première fois à un débat sur un point de notre programme. Je sais que l’impact de la de la fin de l’esclavage n’a pas rayonné dans l’Hexagone depuis La Réunion. Mais il a permis dans nos cercles une prise de conscience de ce que ce thème porte en lui.

À côté de ces résultats d’efficacité politique, il faut considérer l’environnement. D’une manière ou d’une autre, ma déclaration de candidature a modifié « l’espace-temps » politique dans notre secteur d’opinion. La gauche traditionnelle a dû elle-même accélérer ses préparatifs séparés et les rendre public. Ce qui a clos la séquence de l’hypocrite danse du ventre « pour l’unité ». Tout le monde a pu constater que chacun se préparait en fait de son côté. Un tel tableau permet de dégager l’horizon plus rapidement. Au lieu de discuter sans fin d’un sujet sans contenu : l’unité comme un projet en soi, il va falloir venir dans le débat sur les programmes pour se distinguer. C’est l’objectif.

Aussitôt Jadot a eu le bon coup d’œil comprenant comment la scène se dessine désormais pour tout ce secteur de l’opinion : EELV et PS sont en compétition pour créer et dominer une « espace entre Macron et Mélenchon ». Les deux formations ont choisi de traiter désormais la mise au point de leur programme. Dans le passé le PS rédigeait un programme puis le candidat proposait le sien qui s’en inspirait plus ou moins. Ce fut encore le cas en 2017. À EELV, le candidat porte très directement le programme fixé par les adhérents. Les deux formules ont un inconvénient. Au PS, les candidats ont intérêt a bien délimiter leurs programmes pour se distinguer personnellement. À EELV, le programme commun interne étant respecté, les candidats doivent dès lors creuser leurs différences personnelles pour se démarquer. On verra. Il sera toujours temps d’aviser à mesure pour apprécier ce que cela impacte.

L’important est que l’on entre dans une phase programmatique. Je fais le pari que de chaque côté il y a aura beaucoup de copié collé de morceaux de notre programme « L’Avenir en commun ». C’est une bonne chose car cela augmente l’impact des propositions concernées et leur imprégnation. L’autre bon côté, c’est que le débat public pourra se concentrer sur les différences donc sur des contenus concrets et non des apparences ou de la psychologie de comptoir comme c’est encore le cas à cette heure. Et c’est là que se joue la dynamique de campagne sur laquelle nous comptons : la conviction par la comparaison. Et la réalité de ce que signifie nos programmes respectifs dans le rapport à la décennie cruciale qui s’avance.

Mais il ne faudra pas se tromper de mode ni de ton. La priorité n’est pas la polémique. La première urgence est que les exposés de chacun labourent bien des champs d’idées et de vocabulaire communs. Il y a urgence. Que cela fasse prospérer des idées qui signent une résistance morale et intellectuelle large. Car nous sommes à l’heure où, de l’extrême droite à Macron, un champ extrêmement large d’idées communes menacent de submerger la société. Élargir l’audience des mots et d’idées comme l’entraide, les biens communs, la planification écologique, la sixième République et ainsi de suite est l’enjeu. Peu importe qui vole nos mots ! Le plus important est qu’ils circulent, imprègnent, changent les tours d’esprit.


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