Liberté, égalité, fraternité, laïcité

vendredi 18 décembre 2020.
 

Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité voilà le socle républicain. Ces droits fondamentaux des citoyen.ne.s ont été durement acquis. La dérive autoritaire du gouvernement d’Emmanuel Macron les bafoue progressivement.

La Déclaration des droits de l’homme de 1789 a promulgué les deux premiers comme les plus importants de tous, dès son article 1er. Une leçon que devrait retenir ceux qui drapent leur politique sécuritaire en affirmant que la « sécurité est le premier des droits de l’homme ». Non, la garantie de la sûreté, ne peut se faire au détriment de la liberté, et c’est tout l’art politique que de savoir combiner les deux. Les atermoiements gouvernementaux autour de l’article 24 du projet de loi « sécurité globale » sont aisément balayés par cette même Déclaration.

La laïcité demeure notre bien le plus précieux. La loi du 9 décembre 1905 a été le fruit d’un habile compromis pour mettre fin à la confusion des ordres que l’Église catholique s’était arrogée en France, au détriment de la souveraineté démocratique, tout en reconnaissant la liberté de conscience - première dans le texte législatif - et celle du culte. On ne manipule jamais sans conséquences des dispositions établies avec précaution, qui ont mis fin aux guerres de religion : guerre entre chrétiens et protestants, antisémitisme – la loi de 1905 se discute en pleine affaire Dreyfus – et guerre de la sainte alliance cultuelle contre la liberté de pensée. La France hérite de la Saint-Barthélemy, de l’affaire Callas et de l’affaire Dreyfus. Déjà en 1789 on proclamait le droit à la liberté d’opinion, même en matière religieuse. La grande loi de 1905 a séparé les Églises de l’État, divorce nécessaire. Aujourd’hui en jouant avec le nom de laïcité, le gouvernement finit par en faire un étendard d’une nouvelle guerre sainte, la République contre les musulmans, alors que l’enjeu est tout autre : montrer combien seuls les partisans de l’islamisme radical entendent déroger à la République. L’islam n’est pas, en tant que tel, plus incompatible que n’importe quelle autre religion avec la loi de la République ; ce n’est ni dans le Coran, ni dans la Bible qu’on doit chercher la défense de la République, il suffit que les croyants, quels qu’ils soient, admettent la loi commune. Pas besoin d’une hystérisation du débat et de nouvelles dispositions, la loi actuelle suffit pour combattre les entreprises sectaires, terroristes.

Le choix gouvernemental a une autre visée : conserver pour 2022 l’électorat de droite. Cette entreprise est hélas dévastatrice : elle risque de convaincre que les musulmans et la République seraient inconciliables, faisant d’un même coup droit aux arguments racistes et identitaires des deux fascismes que sont l’extrême droite et l’islamisme politique. Ce faisant, la loi sur le séparatisme abolit les deux autres piliers de la devise républicaine, l’égalité et la fraternité.

Benoît Schneckenburger


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