Les crises sont toujours des moments de vérité, surtout pour le capital. Du rachat de Suez par Véolia à la volonté réaffirmée de la Commission européenne de démanteler EDF, en passant par les délocalisations à peine cachées, les exemples sont éclatants. Ce qui est à l’ordre du jour est un nouveau dépeçage industriel de la France, une nouvelle saignée d’emplois qualifiés, un nouvel abandon de souveraineté, un nouveau ligotage face à l’urgence écologique. Peut-être un coup fatal.
Voyez l’oligarchie dans ses œuvres. Véolia veut racheter son concurrent de toujours Suez, aujourd’hui propriété d’Engie (ex GDF) dont l’État est actionnaire principal. Sont ici en jeu des questions majeures comme la gestion des réseaux et services urbains, à commencer par l’eau. En l’espèce, la bonne gestion serait de sortir ces réseaux de la main privée, que ce soit celle de Suez ou de Véolia. Mais cela n’empêche pas de voir ce qui se joue dans ce rachat. Le PDG de Véolia est un soutien actif de Macron. Il veut sa part de gâteau, en récompense de son soutien. Le gouvernement fait mine de s’opposer mais organise la réussite du projet par affidés interposés, dans une collusion scandaleuse entre les forces de l’argent, le pouvoir politique et quelques obligés. Il flotte une odeur de république bananière, de manœuvre poutinienne où les amis du pouvoir se servent sur le dos de l’intérêt général. Le carnage industriel et social est en vue.
La Commission européenne n’est pas en reste. Sa cible c’est EDF. Les premières cartouches ont été tirées depuis longtemps : ouverture du capital, saucissonnage entre production, transport et distribution de l’électricité, ouverture à la concurrence, privatisation des barrages etc. Le coup que l’UE s’apprête à porter serait un démantèlement pure et simple. Le gouvernement avait pris les devant avec le projet « Hercule ». Mais la Commission voudrait aller encore plus loin dans le dépeçage ne gardant qu’une holding sans rôle opérationnel et des filiales sans lien entre elles. C’est l’indépendance énergétique du pays, le service public, et un outil de planification qui serait saccagé. Là encore, les choix d’orientation devraient être revus (maîtrise publique et citoyenne, sortie du nucléaire, etc). Mais là encore, l’intérêt du pays exige d’abord d’empêcher ce démantèlement !
On le voit, les dix huit mois qui nous séparent de la présidentielle risquent d’être dévastateurs. L’indépendance nationale, la réindustrialisation, la planification de la transition écologique, l’emploi appellent un sursaut. L’Agora de la France insoumise le 10 octobre a permis une réflexion féconde sur le rôle de l’État dans la transition écologique. Ceux qui veulent un avenir industriel pour la France devront choisir un candidat capable de résister aux injonctions européennes comme aux magouilles oligarchiques. En la matière l’insoumission n’est pas une option mais un devoir.
Matthias TAVEL
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