Le criminel de guerre nazi Heinz Barth, surnommé "l’assassin d’Oradour-sur-Glane", est mort à 86 ans en Allemagne et restera pour la postérité associé à ce massacre de civils commis par des SS en 1944 en France et érigé en symbole de la barbarie nazie.
Heinz Barth s’est éteint le 6 août à Gransee, près de Berlin, sa ville natale, a indiqué lundi le pasteur de la ville, Heinz-Dieter Schmidtke.
Il a dit à l’AFP être "prêt à présider son enterrement car tout le monde a le droit à un enterrement".
Barth fut l’un des responsables du massacre de 642 civils, dont plus de 200 femmes et autant d’enfants, commis le 10 juin 1944 dans le petit village d’Oradour-sur-Glane, non loin de Limoges (centre de la France), par une unité de quelque 150 SS qui remontait du sud vers le front de Normandie.
Il était chef de section de la 3e compagnie du 1er bataillon du régiment blindé "Der Führer", au sein de la division "Das Reich" commandée par le général Heinz Lammerding.
Prétextant un contrôle d’identité, les SS de la 3e compagnie rassemblèrent à Oradour la population puis séparèrent les hommes des femmes et des enfants. Les premiers furent abattus à la mitrailleuse dans des granges. Les femmes et les enfants furent eux enfermés dans l’église du village. Les SS introduisirent un gaz suffocant puis mirent le feu à l’édifice. Il n’y eut que quelques survivants.
La veille, les SS avaient pendu à Tulle (sud) 99 civils aux balcons et aux lampadaires de la ville.
Condamné à mort en France en 1953, par contumace, Heinz Barth a vécu caché sous une fausse identité en RDA jusqu’à ce qu’il soit démasqué, puis condamné en RDA en 1983 à la prison à vie pour crimes de guerre. Il fut le seul à être condamné en RDA pour de tels crimes commis en France.
Devant la justice, il avait reconnu : "le chef de la compagnie m’a donné l’ordre (...) de tuer les citoyensfrançais dans la grange (...) A l’intérieur, les hommes étaient très énervés (...). Alors j’ai ordonné : "Feu !" et tous ont tiré. Moi-même, j’en ai tués 12 à 15. Ils ont été tués en moins d’une minute".
Aussi quand Barth recouvra la liberté en juillet 1997, à 76 ans, en raison de son âge, de son état de santé -il souffrait de diabète- et "des regrets" exprimés pour ses actes, sa libération suscita un tollé.
Le fondateur de l’association des fils et filles des déportés juifs de France, Serge Klarsfeld, a déploré lundi que "le principal responsable de ce crime affreux (commis à Oradour), celui qui avait autorisé son exécution, le général Heinz Lammerding, qui vivait en République Fédérale d’Allemagne, (soit) mort impuni".
Barth, lui, "a été jugé et condamné par la RDA qui voulait montrer la différence avec l’ouest", a souligné M. Klarsfeld. En ce sens, "sa condamnation était politique".
Sa mort pourra "sans doute apporter une sérénité" à Oradour-sur-Glane, a déclaré le maire du village, Raymond Frugier, tout en regrettant qu’il ait fini sa vie en homme libre.
Outre Ouradour, Heinz Barth avait également participé au massacre de Lidice, en 1942 en Tchécoslovaquie, où une centaine d’hommes et adolescents furent exécutés.
Comme il avait perdu une jambe pendant la guerre, il avait obtenu en 1991, après la réunification allemande, le versement d’une pension de "victime de guerre" de 800 Deutschmarks (DM) par mois (environ 400 dollars de l’époque).
Un traitement dont ont bénéficié d’autres anciens nazis et qui, une fois connu, suscita une vive controverse. Le Bundestag vota finalement fin 2001 une loi privant les anciens criminels de guerre de toute pension d’invalidité.
Evoquant Oradour-sur-Glane en 2004, au 60e annniversaire du massacre, le chancelier allemand d’alors, Gerhard Schroeder, avait dit éprouver "de lahonte".
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