Des bouquins pour un été

dimanche 22 juillet 2007.
 

Pour répondre à la chronique de Jacques, dans l’Aveyron, voici un choix de lectures, pas toutes très militantes, mais toutes enthousiasmantes, en tous cas, celles que j’ai déjà goûtées. Pour les autres, je vous dirai quand je m’y serai attaquée ! Je vous ferai grâce de mes grands hits, ils vous sont peut-être passés sous les bésicles au fil de ces pages pendant l’année. Là, ce sont des nouveautés, sur ce site. D’abord et avant tout, faire savoir qu’il existe encore à Strasbourg deux libraires indépendants. La librairie Kléber, sur la place du même, le jour de la manif anti-Le Pen, le 1er mai 2002, ils avaient décoré la vitrine bien dans le ton, ça faisait chaud au cœur de constater qu’on n’était pas tout seuls à protester. Et puis, plus récente, en tous cas dans le centre-ville, le Quai aux Brumes, Grand’Rue (Langstross, comme on dit là-bas !) c’est bien d’y aller, ils sont compétents oui, mais surtout si disponibles, on discute un peu, on a l’impression de les connaître depuis trente ans, au fait de tout ce qui est le bonheur des amoureux du papier, plein de découvertes marrantes, un rayon jeunesse très au point, des raretés sur le comptoir qui côtoient TOUJOURS « Matin Brun », le temps de payer, tu les feuillettes et des petites notes sur les bouquins qui te donnent envie de les prendre et de ne plus les lâcher. Voilà, c’est là que je vais, et en plus, ils ont même une carte de fidélité, tout pour plaire, je vous dis !

C’est là que j’ai rencontré un jour une collection dont je suis tombée raide. « Le goût de... » ça s’appelle. Premier coup d’œil, tu te dis : Tiens, encore des guides de voyage, et quand tu y regardes, ce n’est pas ça du tout. Ce sont des textes écrits sur des pays, sur des villes, et là, depuis peu, sur des choses. J’ai craqué pour le chocolat (on ne se refait pas !!!), les chats, Marrakech, la mer, les jardins, Saint-Pétersbourg, que je m’obstine à appeler Leningrad ! Pour cet été, si on n’est pas assez en forme pour se tartiner le GR 20, se rabattre sur « le goût de la Corse » Bonne pioche ! Me balader en fiction avec Rinaldi, Pancrazzi, Chabrol, Gracq et même Daudet histoire de retomber vraiment en enfance, ça ne va pas trop me fatiguer. La voyageuse immobile !

D’autres pages, vous allez vous régaler : déniché tout au fond du fond un « Louise Michel en Algérie » de Clotilde Chauvin. En Nouvelle Calédonie, Louise avait rencontré des Kabyles, déportés eux aussi. En 1904, elle tint une promesse qu’elle leur avait faite, et partit donner des conférences dans leur pays. Son voyage fut évidemment militant : l’armée, les religions, le colonialisme, tout fut dénoncé. Et cela, juste avant de mourir en 1905 à Marseille. Dernier épisode oublié (peut-être bien volontairement, non ?) de cette vie de combat, d’engagement. À ne pas rater. Pour elle.

Si on a le temps, seulement dans ce cas-là, la série des Boro, de Franck et Vautrin. On court l’Europe derrière le reporter-photographe, au gré du siècle, en s’arrêtant dans les époques-clés : 33, 36, l’Espagne, la France, l’Allemagne, des aventures qui font semblants d’être romanesques, mais qui, pour de vrai, sont un prétexte à raconter l’Histoire, avec un grand H, avec un grand parti pris aussi. Eh ! Tiens ! C’est Franck et Vautrin, quand même...

Pour continuer dans les voyages, toujours bien aussi de partir vers l’Amérique du Sud, la Patagonie, la Terre de feu, avec Luis Sepulveda, et Coloane, et aussi Chatwin. Tu rencontres des marins, des Indiens, des pirates, des baleines, Moby Dick le retour si on veut. Tu lis tout ça avec un atlas ouvert sur les genoux, tu suis avec ton doigt, tu es sur un cargo, tu rêves un peu entre deux chapitres, ça ne coûte pas cher, et tu ne risques même pas le mal de mer !

Une autre Amérique, plus au Nord celle-là, avec John Cheever. Il a publié des tonnes de nouvelles, la plume pointue et l’œil sans complaisance pour ses contemporains-compatriotes. Là, j’ai commencé « Déjeuner de famille ». Les désenchantés de l’après-guerre, les riches, nouveaux et anciens, les bourgeois de là-bas, ici on dirait bobos, bien sûr ! Parfois, j’ai pensé à Fitzgerald, le charme des années trente en moins.

Christian Gailly, ça ne vous rappelle rien ? Le prix Inter 2002. « Un soir au club ». L’auteur situe son roman dans un club de jazz, le héros est pianiste et alcoolique repenti. En un soir, il va replonger, dans le jazz, et dans la vodka. Il sait de quoi il parle, Christian Gailly, lui aussi est musicien. Jamais entendu, mais s’il joue aussi bien qu’il écrit, ça doit être sympa les soirées entre amis chez lui. Du coup, j’en ai trouvé un autre, plus ancien, « Nuage rouge », un soupçon polar, aussi. Si « Un soir au club » est dans les bleus (la fameuse Blue Note, sûrement !), celui-là vire au rouge, et c’est très bien aussi.

Pour finir, le livre Inter de cette année « Ouest » de François Vallejo. Je ne l’ai pas encore ouvert, mais on en dit grand bien. On verra.

Une autre liste, dans quelques semaines, j’ai un peu honte, on avait promis de relire Marx lors du dernier conseil à Viry Châtillon. Pas eu le temps. Ne me caftez pas !

brigitte blang prs 57


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