L’exigence de démocratie

dimanche 15 septembre 2019.
 

Comment l’adapter aux bouleversements liés aux nouvelles technologies qui brouillent les frontières établies entre le privé et le public, le temps de la réflexion et l’impulsivité de la réaction ? Comment la rendre efficiente pour lutter contre le changement climatique, tant les intérêts des uns et des autres semblent incompatibles ?

Aujourd’hui la petite musique médiatique désigne les coupables : les populistes auxquels s’opposeraient d’honnêtes réformateurs. Cette partition rapide s’accommode de tous les arrangements dès lors qu’il s’agit de faire prévaloir le seul intérêt du marché. L’exemple du Brexit est édifiant. Nul ici n’aura de sympathies pour Boris Johnson, pur produit du parti conservateur anglais, ami de la finance. Pourtant le feuilleton du Brexit nous montre combien les arguties idéologiques sont convoquées pour maintenir la Grande Bretagne dans l’institution européenne contre le vote du peuple. Comme avec le référendum de 2005 des cohortes d’éditorialistes, de sondologues, assènent à qui mieux mieux que le vote de 2016 ne doit pas être pris en compte, que les électeurs se sont trompés, qu’ils ne voteraient pas de nouveau. Le parlementarisme anglais est opposé à la souveraineté populaire, et l’inénarrable Bernard Guetta en profite dans une tribune pour préférer la monarchie constitutionnelle anglaise à la Révolution française et sa « terreur » - oubliant que cette Angleterre est aussi née d’une guerre civile. Certains théorisent même « un droit à l’erreur » des peuples, s’érigeant en sages capables de déterminer contre le scrutin électoral, quelle serait la bonne ou la mauvaise solution. Au début de la crise grecque Alexandre Adler appelait de ses vœux une « douce dictature » pour imposer le diktat de l’union Européenne et du reste de la Troïka.

On ne peut badiner avec la démocratie, la rendre à géométrie variable en fonction des choix faits par le peuple. Nul ne peut s’ériger en expert de la politique, sachant par avance ce qui serait le bon et le juste. Elle réside dans un processus d’implication populaire. Elle s’est construite dans ces moments d’intense activité politique où le peuple se mobilise : conseils ouvriers, grèves de 1936… Plus récemment le mouvement des Gilets Jaunes, dans ses contradictions mêmes, a montré comment une mobilisation initialement partielle a pu déboucher sur des questions d’intérêt général et de démocratie, incluant la revendication du Référendum d’initiative citoyenne. Aujourd’hui la campagne pour le référendum contre la privatisation d’aéroport de Paris porte cette exigence de démocratie. Les collectes des signatures ne sont pas une fin, mais un moyen de construire une culture démocratique.

Benoît Schneckenburger


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