Grotesque désinformation sur le Venezuela et graves menaces d’intervention militaire

vendredi 22 février 2019.
 

Je viens d’entendre le ministre des affaires étrangères, le ci-devant Drian, ramer pour essayer de justifier la décision de la France et de l’Union Européenne de reconnaître Juan Guaidó comme président du Vénézuela. Rappelons que ce personnage trouble, créature de la CIA, est membre du parti Volonté populaire, la formation la plus à droite, la plus radicale, la plus convaincue qu’une intervention armée est la meilleure méthode pour se débarrasser du chavisme.

Insupportable ingérence dans les affaires intérieures d’un pays mais aussi suivisme lamentable de la politique de Trump. Celui-ci, reprenant à son compte la Doctrine Monroe, veut la peau du chavisme au Venezuela – détenteur des premières réserves pétrolières du monde - et entend bien balayer tout ce que la gauche a réussi en Amérique latine.

Pour bien comprendre pourquoi les États-Unis mènent une guerre économique contre le peuple du Venezuela, il faut analyser le système des pétrodollars. Avant le XXe siècle, la valeur de la monnaie était liée à l’or. Lorsque les banques prêtaient de l’argent, elles étaient contraintes par la taille de leurs réserves d’or. Mais en 1971, Le président américain Richard Nixon a sorti le pays de l’étalon-or. Nixon et l’Arabie Saoudite sont parvenus à un accord « pétrole contre dollars » qui allait changer le cours de l’histoire et devenir la cause fondamentale d’innombrables guerres pour le pétrole. En vertu de cet accord de pétrodollars, le dollar américain était la seule monnaie à laquelle l’Arabie saoudite pouvait vendre son pétrole. Le Royaume saoudien veillerait ensuite à ce que ses profits pétroliers soient réinjectés dans les trésors américains et les banques américaines. En échange, les États-Unis se sont engagés à fournir au régime de la famille royale saoudienne une protection militaire et du matériel militaire. Les autres producteurs ont été contraints de s’aligner et dès lors la monnaie étasunienne est devenue la monnaie obligée de commercialisation du pétrole.

C’était le début de quelque chose de vraiment formidable pour les USA. L’accès au pétrole a défini les empires du XXe siècle et l’accord de pétrodollars a été la clé de la suprématie des États-Unis en tant que seule superpuissance mondiale. La machine de guerre américaine fonctionne, est financée par et existe pour la protection du pétrole.

Les menaces de toute nation pour saper le système des pétrodollars sont considérées par Washington comme équivalant à une déclaration de guerre contre les États-Unis d’Amérique.

Au cours des deux dernières décennies, l’Irak, l’Iran, la Libye et le Venezuela ont tous menacé de vendre leur pétrole dans d’autres monnaies. En conséquence, ils ont tous été soumis à des sanctions américaines paralysantes et à des guerres sanglantes.

Au fil du temps, le système de pétrodollars s’est étendu au-delà du pétrole et le dollar américain est lentement mais sûrement devenu la monnaie de réserve des échanges mondiaux sur la plupart des produits de base. Ce système permet à l’Amérique de conserver sa position dominante en tant que seule superpuissance mondiale, malgré une dette stupéfiante de 23 000 milliards de dollars.

Or en septembre 2017, le président Maduro a tenu la promesse de Chavez d’effectuer les ventes de pétrole à leur gros client chinois en yuan plutôt qu’en dollars américains. Crime de lèse pétrodollars ! Quelques semaines plus tard, Trump a signé une série de sanctions rédhibitoires à l’encontre du peuple vénézuélien déjà étranglé par des sanctions financières, et ne cache plus ses menaces d’intervention militaire.

manif-pro-us-au-ve-ne-zuela-1-1 Les médias nous montrent des « manifestations populaires monstres » pour réclamer la destitution du président Maduro. Manifestations qui ont lieu dans les beaux quartiers de Caracas, où l’on brandit les drapeaux étasuniens, où l’on chante l’hymne yankee, où l’on applaudit d’avance l’idée d’une intervention militaire étasunienne.

Mais ces médias ne nous montrent jamais les manifestations réellement populaires comme celle qui s’est déroulée le même jour dans d’autres quartiers de la capitale vénézuélienne. Depuis des mois on n’avait vu une telle affluence populaire à un meeting bolivarien.

Il ne faut pas non plus être naïf concernant Maduro. Lui et Chavez ont cédé à la facilité : utiliser la rente pétrolière pour améliorer le sort des classes les plus démunies, c’est très louables, mais il aurait aussi fallu profiter de cette manne pour construire une véritable économie indépendante du pétrole. C’est la malédiction de bien des pays producteurs de pétrole, comme l’Algérie et, à un degré moindre, la Russie.

Le ministre toutou de Trump Drian a bonne mine en parlant de la « communauté internationale » qui soutient le putschiste Guaido ! Il entend par « communauté internationale » les alliés et vassaux des États-Unis. La véritable communauté internationale ne suit pas Trump. La grande majorité des pays de l’ONU (plus le Conseil de Sécurité) dont les principales puissances du monde actuel que sont la Russie, la Chine, l’Inde ou un pays clef comme le Mexique, ou la majorité des pays du Caricom (Caraïbes) ou encore les pays de l’Union Africaine au complet, etc. reconnaissent la légitimité du président Maduro.

Mais chut, faut pas le dire, faut suivre la doxa ultralibérale ! On n’a que les médias que l’on mérite...


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