Des élus locaux exaspérés, révoltés...

mercredi 31 octobre 2018.
 

Depuis 2014, près de 1 000 maires ont démissionné de leur fonction. Ce phénomène en très nette hausse révèle le mécontentement des élus vis-à-vis de la politique menée par les gouvernements successifs.

Les principales raisons invoquées par les magistrats démissionnaires sont la baisse des dotations de l’État, la suppression des contrats aidés, le transfert des compétences au niveau des communautés de communes ou d’agglomération.

À ces démissions de maires, il faut ajouter celles de dizaines de milliers de conseillers municipaux. La question démocratique est un sujet central au sein des collectivités, elle pose aussi la question de l’élection au suffrage universel direct des élus communautaires. Cette situation n’est que la partie émergée de l’iceberg, de la colère des élus. Chaque année d’ailleurs, les présidents Sarkozy, Hollande, Macron ont subi les sifflets et quolibets des élus lors de la réunion nationale de l’association des maires. Mécontentement certes « contenu », mais significatif du malaise.

Les services publics locaux fragilisés

La baisse de la DGF (Dotation générale de fonctionnement) décidée par le gouvernement Hollande-Valls-Macron a été le coup de grâce pour les communes. Celle-ci est passée de 21 % à 14 % en moyenne du budget de fonctionnement. Plus précisément, les collectivités ont perdu une grande partie de leur autofinancement (solde des recettes et des dépenses). Certaines déjà « pauvres » n’en ont plus, et ne peuvent plus investir ou envisager de réaliser leurs projets. Beaucoup d’élus ne peuvent donc plus respecter leur mandat. L’enjeu est bien pour eux d’empêcher la fragilisation et la mise en cause des services publics locaux : entretien des écoles et action éducative, politique sociale des CCAS, subventions à la petite enfance, à la vie associative sportive et culturelle mais aussi à la voirie et à l’aménagement de la ville ou des espaces publics.

Les communes à la trappe ?

Près d’un millier de petites communes se sont regroupées depuis cinq ans. Généralement sous la pression budgétaire, ces communes ont regroupé leurs moyens, c’est-à-dire leurs recettes, mais aussi… leurs dépenses ! Dans certains cas, ces fusions peuvent être une solution pour des communes proches géographiquement et rencontrant des problèmes assez identiques. Mais c’est une fausse solution lorsqu’elles sont imposées, ou rendues inévitables du fait de l’étranglement financier organisé par Bercy, adepte d’une recentralisation du pays.

Les 35 502 communes et leurs 580 000 élus (souvent bénévoles) résistent, mais avec difficulté. Le gouvernement Macron-Philippe vient de renforcer la tutelle sur les collectivités par un encadrement du budget de fonctionnement des principales grandes villes, des départements et des régions. Pas plus de 1,2 % d’augmentation, sinon baisses de dotations ! Cette condamnation de l’austérité éternelle fait l’unanimité, sauf auprès d’élus serviles de LREM et du Modem, qui numériquement sont assez marginaux.

La vie communale n’est pas la préservation des clochers. C’est une réalité politique qui implique plus d’un demi-million de citoyens dans l’administration de leur lieu de vie. Ces élus sont à la vie politique ce que sont les délégués syndicaux au syndicalisme. Défendre les communes, le nombre d’élus passe par un statut de l’élu, la préservation des dotations et aides de l’Etat, par une réforme fiscale qui redistribue une partie des moyens de l’État en veillant à une péréquation à même d’assurer l’égalité républicaine.

À bas la métropolisation macronienne !

Alors que le nombre de régions a diminué, qu’elles se sont agrandies (nouvelle perte de proximité), les départements restent un des facteurs pour lutter contre les déséquilibres territoriaux. Contrarié (par l’affaire Benalla) dans sa volonté de réformer la Constitution, Macron veut reprendre la main sur le plan institutionnel. Il entend étendre aux grandes métropoles le modèle lyonnais : une métropole prend les compétences du département sur son territoire et un conseil départemental croupion demeure sur le reste du département. Or aucun bilan réel n’a été tiré de l’expérience lyonnaise. Le développement du capitalisme mondialisé s’organise autour de grandes métropoles avec un risque accru d’inégalités territoriales croissantes.

Fédérer tous les élus de gauche

Dans un contexte de division de la gauche, les associations d’élus des partis PS, PCF ou EELV sont faibles. Des dizaines de milliers d’élus de gauche sans appartenance à un parti refusent de s’engager au sein d’une association partisane qui, dans le passé, était la machine de guerre des potentats locaux pour devenir parlementaire. Résister à la vague néo-libérale passe par la création d’une grande fédération unitaire, démocratique et indépendante de tous les élus de gauche. La reconstruction de la gauche passe aussi par la construction d’une fédération, d’un réseau des élus de toute la gauche.

Jean-Yves Lalanne (maire de Billère) et Catherine Touchefeu ( Conseil Départemental 44)


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message