Un 28 mai, pour se souvenir.
Ce jour-là a définitivement sonné le glas de la Commune.
Allez vous balader au Père Lachaise, du côté du Mur des Fédérés, vous verrez cette plaque au pied de laquelle révolutionnaires et socialistes se retrouvent chaque année à cette date. Pas bien loin, juste en face, la tombe de Jean-Baptiste Clément, toujours ornée de cerises, puis en remontant, les monuments en mémoire des déportés, mais aussi celui de l’Affiche rouge, vers d’Aragon gravés dans le granit, un beau quartier, en vérité.
Ce jour-là, au bout du cimetière, les Versaillais ont cru tordre le cou à un idéal libertaire et républicain : celui de la Commune de Paris. Seulement cru. Assassine-t-on la Liberté et la Fraternité ? Ce jour-là, le long de ce mur, mourront 147 communards. Ce jour-là, provisoirement, la réaction aura vaincu le peuple.
Thiers avait rêvé de saigner la Commune et la classe ouvrière. Ce fut fait ou presque. Mais on ne pourra pas passer en pertes et profits les cadavres humiliés par les bourgeoises en goguette, les photos de cercueils ouverts, comme à la foire, les déportés et les proscrits, les enfants arrêtés, les femmes fusillées, souvent après d’expéditifs procès, les prisonniers de Brest et de Cherbourg arrimés à des pontons, on ne pourra pas non plus oublier Louise, Louise Michel, qui voulait éduquer les filles -parfois contre des théoriciens qui n’avaient pas compris grand-chose !- et empêcher le travail des enfants, chère Louise !, ni Vallès, ni Courbet, ni Varlin le relieur fusillé rue des Rosiers, ni la guillotine brûlée devant la Mairie du 11ème , ni les francs-maçons plantant leur étendard sur une barricade pour évacuer les blessés, avant de rallier l’insurrection, ni le décret jetant les bases de l’enseignement laïque, on n’oubliera pas que cette révolution fut celle des travailleurs, des ouvriers, des journalistes, des artistes, des femmes aussi, et des enfants, mais certainement pas celle des politiciens ?
On n’oubliera pas les chiffres, les chiffres terribles qui parlent tout seuls, implacables constats de la barbarie de droit : 30 à 50 000 fusillés pendant la « Semaine Sanglante » qui s’achève le 28 mai, 40 000 prisonniers, 4000 déportés dont la plupart ne reviendront pas, des chiffres beaucoup plus impressionnants que ceux de la Terreur (3000 exécutions), qui pourtant passe toujours dans les manuels d’Histoire comme l’exemple de la vengeance aveugle.
C’est la fin de la Commune de Paris, dont seuls certains se souviennent encore, à la fin du mois de Mai, quand revient le Temps des Cerises. Mais pour nous qui gardons au coeur cette utopie magnifique, cette « plaie ouverte », il est plus que jamais temps de chanter ensemble, plus que jamais, l’époque nous l’impose : « tout ça n’empêche pas Nicolas, qu’la Commune n’est pas morte » et « qu’ils sentiront sous peu Nom de Dieu, qu’la Commune n’est pas mo-o-orte ! »
Nicolas ? C’est bien ce prénom-là ? Prémonition ?
brigitte blang prs 57
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