« Grande marche pour l’Europe » de LREM et « consultations citoyennes » élyséennes : Confusion des genres

vendredi 30 mars 2018.
 

Christophe Castaner a tenu une conférence de presse pour présenter l’autoproclamée « Grande marche pour l’Europe » lancée ce samedi 24 mars par le mouvement de M. Macron. Il ne manquait pas d’évoquer à cette occasion avec moult détails les « consultations citoyennes » chères au président qui elles débuteront le 17 avril.

J’ai eu l’occasion dans une précédente chronique de démontrer en quoi ces dernières sont une mascarade, une partie jouée d’avance puisque le prétendu débat qu’elles sont sensées ouvrir ne saurait par exemple déboucher sur une remise en cause des traités. Je souhaite cette fois attirer votre attention sur la confusion volontairement entretenue par MM Macron et Castaner entre la Grande marche pour l’Europe et les consultations citoyennes, imbriquées jusque dans le calendrier. Dans l’absolu, la première devrait relever du mouvement de M. Macron, les secondes d’un choix du gouvernement, en réalité du président.

Pourtant tout est fait pour rendre l’une indissociable de l’autre. On est ainsi en droit de se demander à quel titre parlait M. Castaner ce mercredi ? En tant que secrétaire général de LREM comme lorsqu’il annonçait le dispositif de porte-à-porte ? Ou en tant que secrétaire d’Etat du gouvernement, comme lorsqu’il évoquait la présence de dix ministres sur les marches ce week-end, mais surtout la convergence entre ces marches et les consultations citoyennes et la présence de M. Macron sur l’une d’elles à Strasbourg ?

Dans les faits, la « Grande marche » va servir à rabattre sur les consultations citoyennes qui elles-mêmes vont servir de pré-campagne à M. Macron et à LREM pour les européennes, le tout financé par fonds publics hors campagne officielle. LREM décidera d’ailleurs de son programme non pas à l’issue de sa « Grande marche » mais bien après les consultations citoyennes comme l’a avoué M. Castaner. Il est ainsi jusqu’au premier ministre, pourtant non membre de LREM, qui est mobilisé pour promouvoir la « Grande marche ».

Le jeu de dupes est porté à son paroxysme lorsque M. Castaner affirmait le 17 février que cette « Grande marche », ce n’est « pas pour parler politique », mais « pour parler d’Europe, d’ambition européenne et pour réhabiliter partout en France la question européenne ». Dans le même temps, puisqu’il en est toujours ainsi au pays de M. Macron, la ministre des affaires européennes Brune Poirson tweetait : « Ayons le courage de repolitiser l’Europe pour la transformer ». Bref, mascarade et enfumage sont déjà de sortie.

Bien conscient de la grossièreté de la manœuvre, M. Castaner essaie de détourner l’attention, Fakenews à l’appui. Le voilà qui lançait ainsi, devant un parterre de journalistes prêts à tout avaler, que les consultations citoyennes allaient être « pilotées par tous les mouvements représentés à l’Assemblée ». Non, cent fois non ! Hors de question de prêter le flanc à cette mise en scène. LREM vient parler d’Europe pour mieux évacuer le bilan de l’Union européenne, avant que les consultations citoyennes viennent sur ce terrain arasé pour inscrire le futur dans l’existant et d’abord dans les actuels traités européens. La démocratie mérite mieux qu’une incantation à deux voix qui n’en font en réalité qu’une.

François Cocq


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