Lettre ouverte aux « journalistes-bourreaux » du « premier pouvoir »

mercredi 28 mars 2018.
 

Présentation : Cela fait des années que je regarde des émissions politiques, présentées par les « journalistes libres » des « médias libres » de notre « système démocratique ». Et je pense qu’est venu le temps de dénoncer le plus fort possible le « jeu médiatique » auquel ces « marionnettes de pacotille » se prêtent. J’ai successivement regardé et écouté avec attention les dernières émissions dont les invités étaient successivement Alexis Corbières (F.I), Philippe Martinez (C.G.T) et Eric Coquerel (F.I), et à chaque fois pour ces différents invités le même film s’est déroulé. L’objet de cet article est d’analyser, non les réponses, ou l’attitude des invités, mais la « manière de faire » des « journalistes » et de s’interroger si leurs pratiques sont en adéquation avec les objectifs de la démocratie. La thèse que je développe ici est que sous l’apparence d’une « émission politique », se pratique le « passage à la question » …

Du moyen-âge : De mémoire de collégien, le système féodal, connu pour sa grande humanité vis-à-vis des manants et « voleurs de poules », pour obtenir les aveux du « présumé coupable », avait le droit de passer celui-ci à … « la question » [1].

De la torture : « La question » était en fait la procédure qui permettait d’obtenir les aveux du présumé coupable, en le passant par des phases de torture physiques (Roue, pinces, écartèlement etc…). Observons que le « passage à la question » était réservé au « non nobles ». Les nobles, classe supérieure de « sang bleue », ne pouvaient en aucun cas y subir les souffrances de « la question ».

De la démocratie : La démocratie et la République ont heureusement mis en place des « procédures juridiques apparentes » [2] évitant le recours à ces procédures de « la question », mais contrairement aux apparences, pas dans tous les domaines. Le passage à « la question » existe toujours …

Du rôle des journalistes : La Révolution Française de 1789, en créant la « liberté d’opinion » a de fait généré un statut aux journalistes. Les journalistes sont les interprètes de la démocratie, au sens où, ils sont censés représentés les citoyens et du fait de leur connaissance et de leur statut de journalistes, réputés indépendants, ils posent « les questions » dérangeantes aux acteurs politiques, pour que le citoyen se fasse son opinion, telle est la théorie… car dans le réel les « journalistes » sont devenus, au fil du ruisseau dominant, les « agents pathogènes » de l’idéologie du système dominant : « Les pensées de la classe dominante sont aussi les pensées dominantes de chaque époque, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle ». [3]

De la dédiabolisation : Depuis la victoire du tricheur « Hollande » [4], la mission des journalistes fut de « dédiaboliser » Le Pen fille. De fait le second tour de l’élection Présidentielle de 2017 était déjà planifié. Il fallait à tout prix que l’un de Candidats du second tour, soit Le Pen, pour surtout planifier la victoire du second, quel qu’il soit, il serait de toute façon, le candidat du système. Tout fut donc fait pour dédiaboliser la fille, qui n’était pas le père. La preuve, elle condamnait les propos de son propre père…

Fillon trop à droite : Quand le candidat Fillon a lâché le fait, qu’avec lui, ce serait « la fin de la sécu », il s’était condamné aux yeux de ses propres patrons, le C.A.C 40. Il fallait le tuer, la « boite de Pandore » des affaires fut sorti. La machine à baffes mitrailla tout azimut (Fillon-Le Pen) empêchant toute réflexion citoyenne sur l’origine des causes (Vème République). Le « candidat du système » devait pouvoir se présenter exempt de toute idéologie, hormis celle du « pragmatisme », donc de l’adaptation au jour le jour, définition même du marché (« rencontre entre une offre et une demande fixant un prix »).

De la rediabolisation : Une fois le deuxième tour assuré, la fille Le-Pen fut à nouveau rediabolisé dans la dernière ligne droite…jouant ainsi parfaitement son rôle de repoussoir. Ce fut la période du « chantage politique » où tous ceux qui ne se rangeaient pas derrière le candidat de « l’ordre établi » était suspecté de vouloir « pactiser avec le diable ». Or 2017 n’avait rien à voir avec 2002 car à force de vouloir rejouer la pièce du « front républicain » elle se démonétise.

De la censure : Dans nos Pays, la « censure officielle » a disparu car les « descentes de flics » au petit matin, à « l’humanité » ont démontré leur inefficacité. Contrôler les médias par l’argent, « agent numérisé » au service du capital, expliquant qu’aujourd’hui 90 % des médias en France appartiennent à 9 milliardaires est de fait, beaucoup plus pertinent, car le contrôle se fait en amont. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même…

Mélenchon et le danger soviétique : Pour empêcher les Communistes de peser sur les choix politiques les élections de la Vème république se déroulaient toutes, sous la « menace soviétique ». Désormais cette menace étant impossible à invoquer, le Venezuela et l’ALBA s’y substituèrent avantageusement pour introduire des éléments de « peur du peuple » et ainsi assurer la reproduction du système en place dont la liberté invoquée sur tous les tons, tel un slogan, cache en fait la violence de la « liberté de licencier ».

Des émissions politiques menées par les « journalistes libres » : Dans une émission politique dont l’invité est « Révolutionnaire » au sens progressiste du terme (Communiste, insoumis, syndicaliste C.G.T) l’objectif n’est pas de permettre au citoyen de se faire une opinion sur les sujets de fonds, mais de « faire le buzz ». Dans ce cadre, le « journaliste libre », en mission, va débiter autant qu’il peut des « questions » dont la forme apparait des plus pertinentes aux yeux du citoyen, mais dont l’objectif réel n’est pas d’entendre et d’écouter une réponse construite, mais de passer à la suivante, puis à la suivante, et encore et toujours encore…Dès que l’invité commence à argumenter de manière cohérente, qui pourrait gêner l’establishment, la question suivante surgit comme le diable de sa boite. Sous le feu roulant de questions, qui ne permettent ni de répondre, ni de reprendre son souffle, l’interlocuteur peut alors apparaitre désagréable, voire agressif « répondez à la question M.Mélenchon… », « Vous ne répondez pas à la question M. Coquerel », « nous n’avons pas compris votre réponse, M. Martinez » etc….

Structure / Superstructure : Sans le savoir par ignorance, ou en le sachant très bien, mais sans le reconnaitre, les journalistes dominants donnent raison à l’analyse de Marx qui dévoilait le fonctionnement du système capitaliste entre Structure et superstructure.

La Structure est le soubassement du capitalisme (fonctionnement économique) fondé sur l’exploitation ( structure de l’iceberg). Se rapporte à cette « structure » des questions qui pourraient tourner autour de la S.N.C.F (dettes), l’Usine Ford (plan de fermeture, malgré les cadeaux fiscaux), le « contrôle des chômeurs », la hausse de la C.S.G, le « plan fonctionnaires », le système fiscal, l’Industrie et le commerce extérieur, la captation des richesses (82 % des richesses crées en 2017 appropriées par 2 % de la population mondiale) les accords de libre-échange (ALENA) etc…

La superstructure correspond aux aspects formels de la société (Etat et lois) surplombant la société (la partie émergente de l’iceberg). Les questions partent alors souvent des sondages (75 % des français sont favorables à l’abandon du statut des cheminots) du buzz des « compte de campagne » pourtant validé par la Commission ou de la dernière élection en cours avec risque populiste (en fait fasciste) en Italie, où encore : « mais à quoi servez-vous M.Coquerel [5], vu qu’aucune de vos propositions n’ont été adopté par les parlementaires » ? ou encore « M Martinez pourquoi n’avez-vous pas réussi à bloquer les réformes sur le code du travail ? »

Je vous laisse deviner entre structure et superstructure le pourcentage de questions qui a la faveur des journalistes « dits libres » …qui par la suite dénonce la « politique politicienne » des « petites phrases » qui « n’abordent pas le fond » et « écœurent les français de la politique » … Ne dites plus « journalistes », mais « bal des hypocrites » …

Préserver le système : Disons-le tout net, les journalistes ne sont pour aucun candidat déclaré, hormis celui du système. Une fois assis les sondages, forme de torture organisé du peuple, définissant un ordre d’arrivée, il s’agit de conforter cet ordre, au sens religieux du terme. Et cet opportunisme d’obédience du « pouvoir médiatique » perdura tant que le « seigneur des anneaux » donnera l’apparence de « maîtrise » du pouvoir. Il suffit que les sondages et la réalité économique de la « Structure » fassent pression pour que les « propagandistes » quittent le navire et se rangent derrière les « interrogations du peuple » …attendant dans l’ombre la nomination du nouvel étalon, à promouvoir… marché oblige, jusqu’au prochain abatage.

Le passage à la question : Les journalistes ne sont pas en place pour poser des questions de nature politique visant la « structure des choses », permettant d’éclairer le choix de société des citoyens, ce qui les obligerait à poser des questions de fond. Trop dangereux dans un système fondé sur « l’exploitation de l’homme par l’homme » alors, dans la superstructure, ils se réfugient et se vautrent, expliquant en retour les salaires mirobolants de leurs prestations achetées. Les porteurs d’alternatives progressistes et d’émancipation sont alors « questionnés », au sens primaire du terme, « questionnés » et requestionnés sur la même question, encore et encore, au même titre que les « présumés coupables » du système féodal, jusqu’à ce qu’ils, s’énervent, craquent et voyant l’enfermement des « questions » politiciennes, « agressent » les journalistes qui ne faisaient que « poser des questions » … que les « auditeurs attendent » dont « ils sont l’expression » et les « porte-paroles ». Les médias, pour cacher leur pouvoir absolu, dénoncent en permanence, toute remise en cause, qui pourrait porter atteinte à leur domination réelle, de « formatage ». Observons ici, que leur statut, lui aussi très protecteur, n’est pas, à la différence de celui des cheminots « privilégiés », remis en cause par le système médiatique…possédé par 9 milliardaires…

Les journalistes sont des bourreaux : Si le raisonnement ici tenu, est fondé et que cette approche en termes de « passage à la question » vous semble correspondre à la réalité, alors il faut aller jusqu’au bout du cheminement et considérer que les journalistes acteurs du « passage à la question » ne sont que des exécuteurs zélés de ce système de torture, en d’autres termes des bourreaux. Des bourreaux au service su système.

Des bourreaux faiseurs de Rois : Si l’on rajoute à ces aspects que dans une société fondée sur la « communication » qui influence tant de monde, ce qui était appelé « quatrième pouvoir », est devenu de fait le « premier pouvoir » et qui quel que soit le gouvernant reste et demeure. Le pouvoir d’informer est le nouveau pouvoir dictatorial, dont l’objectif est de « façonner l’opinion », en aucun cas d’informer. A ce niveau d’interrogations, on peut se demander si nous sommes encore en démocratie…

Ouverture : Le journal du 20 h de France 2 du 4 Mars 2018 a passé un reportage censé montrer « l’alliance objective » initiée par Mélenchon entre Le Pen, Vauquiez et Mélenchon, « dénonçant les médias ». En fait de soutien à Vauquiez, il ne s’agit que de quelques lignes d’un papier démontant le système médiatique, sur un article dont l’essentiel porte sur le service public, mais là les « journalistes libres » n’en diront rien, car leur objectif est de manipuler.

Mélenchon appelle « à haïr les médias » selon les journalistes là où il dit en vérité ceci : « Si la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine, elle ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de penser notre rapport à eux comme une question qui doit se traiter rationnellement dans les termes d’un combat » [6].

Au-delà des « étiquettes », ce qui est en danger est la démocratie, fondée sur « l’agora » du débat public (République), argument contre argument. L’expression qui donne le sens de la phrase est la seconde partie, juste oubliée. Tel le taureau, les journalistes ont foncé sur la ’muletta’... Mélenchon très bon torero... à la dialectique piquante s’en amuse. A se demander si un journaliste sait lire, non au sens primate, mais au sens où l’entendait Rabelais ???

Devant ces inepties abyssales, qui dévoilent l’enrôlement des journalistes au service du système, il faut exiger et obtenir la création d’un conseil de déontologie du journalisme, car ne pas intervenir sur cette question, peut déboucher sur le « danger de dictature médiatique ». Au-delà, il faut aussi réfléchir au statut de journaliste, avec comme pour le service public, des droits et des devoirs, dont le « conseil de déontologie » doit être la pierre angulaire. Oui, pour des journalistes émancipés, c’est-à-dire, dégagés des pressions des puissances financières qui obligent à penser en termes de marché et non d’émancipation.

Le 5 Mars 2018, Fabrice

NOTES

[1] http://vivre-au-moyen-age.over-blog...

[2] Dont beaucoup seraient aussi à « questionner »…

[3] K.Marx / l’idéologie allemande

[4] Elu sur l’envolée lyrique : « je n’ai qu’un adversaire…le monde de la finance » se traduisant par Pacte de compétitivité et autre

[5] Le même genre de questions se reproduisent quel que soit l’interlocuteur progressiste.

[6] https://melenchon.fr/2018/02/26/la-...


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