Laïcité, Macron re-confessionnalise la société

mardi 12 décembre 2017.
 

Emmanuel Macron, comme Nicolas Sarkozy en 2007, a accepté de recevoir le titre de Chanoine de Latran. Une distinction donnée par le Pape aux rois puis aux présidents français que tous jusqu’ici ont accepté, même si Pompidou, Mitterrand et Hollande n’avaient pas fait le voyage à Rome pour l’officialiser. M. Macron lui, a annoncé qu’il irait au Vatican « pour en prendre possession ». Comment s’en étonner  ? Parmi les candidats à la dernière présidentielle, seul Jean-Luc Mélenchon avait promis de refuser ce titre religieux en cas d’élection. Dès la nomination de Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur on pouvait s’attendre à une fragilisation du socle laïque. En effet, chaque année ce dernier participe à Lyon à la cérémonie religieuse du vœu des échevins au cours de laquelle il remet un écu d’or au Cardinal Barbarin pour le remercier de bénir la ville. Et, récemment, il a annoncé la mise en place d’une instance de dialogue entre les trois religions monothéistes, excluant ainsi la majorité des Français (athées ou agnostiques.)

Macron remet en cause la laïcité pour tendre vers une « re-confessionnalisation » de la société, inspirée des modèles anglo-saxons. En prétendant que nombre de militants laïques considèrent la laïcité comme une « religion », il s’acharne sur une caricature. La laïcité met en jeu la raison pour définir un cadre commun à tous, fondé en droit, qui organise équitablement la coexistence de personnes aux convictions spirituelles diverses : humanistes athées ou agnostiques, fidèles des différentes religions. Elle vise à l’émancipation des citoyens grâce aux progrès des droits humains.

En acceptant ce titre, le président pratique la discrimination à l’égard des Français qui ne croient pas au ciel. Il rompt avec le principe d’égalité qui lie les citoyens, quelle que soit leur orientation philosophique ou religieuse. On attend plutôt du président qu’il abroge ce déni d’égalité qu’est le concordat en Alsace Moselle, qui viole l’indivisibilité de la République. Il pourrait interdire de financer sur fonds publics des établissements confessionnels. Mais aussi faire cesser la confusion entre le culturel et le cultuel, forme insidieuse de comportement antilaïque, couramment maniée à des fins électoralistes. Celui qui préside la République ne devrait-il pas plutôt être le premier soutien de tous ces militants de l’universalisme et de l’humanisme comme celles et ceux qui mènent la bataille féministe contre le patriarcat des intégristes religieux ?

Elliot Aubin


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