Qui incarne l’opposition ?

mercredi 9 août 2017.
 

L’Assemblée nationale a été renouvelée lors des dernières élections législatives : le groupe de la majorité La République En Marche a fait son entrée dans l’hémicycle, celui du Parti socialiste a été rebaptisé Nouvelle Gauche et une partie des Républicains sont devenus des Constructifs. Des personnalités politiques ont aussi fait leur entrée au sein du Palais Bourbon, comme Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ainsi, Franceinfo prédisait l’arrivée de "deux grandes gueules à l’Assemblée", La Dépêche estimait qu’il s’agissait du "retour des tribuns".

Où se trouve l’opposition ? Le député Les Républicains Claude Goasguen semble avoir trouvé son incarnation. Jean-Luc Mélenchon est "pour le moment, l’opposant le plus vigoureux". Lundi 31 juillet, l’élu de Paris a expliqué sur LCI que le président du groupe La France insoumise "est un orateur exceptionnel, ce que dit Mélenchon correspond à une partie de la population qu’il représente et que Macron ne représente pas". Jean-Luc Mélenchon ou l’opposition "frontale"

L’ancien candidat aux élections présidentielles de 2012 et 2017 a fermement marqué son opposition avec la majorité à l’Assemblée nationale. Lors d’un débat sur le projet de loi pour la confiance de la vie publique, il a préféré quitter la séance avec son groupe. "On vous dérange ? Et bien débrouillez-vous entre vous, nous on s’en va. Vous voterez la loi tranquillement, entre vous sans avoir à subir l’inconvénient d’avoir des gens comme nous. Vous aurez modernisé la vie politique, vous êtes entre vous. Allez bonsoir !", a-t-il lancé aux députés de La République En Marche.

Début juillet, Jean-Luc Mélenchon donnait déjà le ton dans un entretien au Journal du Dimanche. "L’opposition sera globale et frontale. Mais surtout nous serons une opposition qui argumente et propose afin de convaincre. Le pays nous écoutera. Et je fais le pari qu’on peut faire changer d’avis beaucoup de députés de La République En Marche ! Voyez la composition sociale de ce groupe : des cadres supérieurs. Dans la vie, ils donnent des ordres et n’ont pas l’habitude d’en recevoir. Donc, si on argumente, ils ne se plieront pas forcément à la discipline imposée par le Président et Richard Ferrand, le vrai numéro deux du régime. Notre but est de démanteler la forteresse que ces deux hommes veulent construire au sein de l’Assemblée", explique le chef du groupe de la France insoumise. Quant à sa façon "tempétueuse" de procéder, il confie être "lassé" qu’on l’"enferme dans cette formule". "J’assume le bruit et la fureur comme stratégie pour l’élection de 2012. Mais je suis passé à autre chose depuis longtemps. Dire non à la monarchie et argumenter, ce serait tempétueux ? À ce compte-là, quand Jean-Baptiste Drouet arrête la fuite de Louis XVI à Varennes, ce serait une impolitesse et une brutalité !".

Et comment compte-t-il incarner cette opposition "frontale" et "globale" ? Là encore, Jean-Luc Mélenchon évacue toutes hypothèses concernant des négociations. "Négocier ? Comment ? Le système de l’ordonnance ne le permet pas. Qui, à part le Medef, a demandé une réforme du Code du travail ? En trente ans, la flexibilité accrue n’a pas créé un seul emploi. Nous ne lâcherons rien. Nous informerons, nous mobiliserons. S’il le faut, nous appellerons nous-mêmes à des mobilisations populaires avec la jeunesse et dans les quartier", déclarait-il au Journal du Dimanche.

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La République En Marche face à La Démocratie En Marche

Et si comme François Hollande, Emmanuel Macron devait faire face à une fronde ? Même si elle n’existe pas encore officiellement, des avis divergent sur la ligne dictée par La République En Marche commence à se faire entendre au sein du parti macroniste. Un collectif d’une trentaine d’adhérents, appelé La Démocratie En Marche, a saisi la justice par rapport aux statuts de La République En Marche qui sont en train d’être votés. Leur porte-parole estime que les adhérents ne sont pas assez consultés au sein du mouvement, créé en avril 2016.

La justice a validé le vote sur les statuts de REM. La chambre des référés du tribunal ordonne "la prorogation de la date de la fin de la consultation d’un nouveau délai de 15 jours à compter de la diffusion de la présente ordonnance" sur le site de la REM. Le parti, qui devait dévoiler le 1er août les résultats du scrutin, va donc devoir attendre. Ses statuts prévoient la création d’un "Conseil". Il sera comme une sorte parlement du parti et sera composé pour un quart de militants, tirés au sort, et pour le reste de députés, sénateurs et élus locaux désignés et non élus. "Ce Conseil élira à son tour le bureau exécutif, composé d’une trentaine de membres dont dix de la société civile. Il élira également la direction du nouveau parti, probablement collégiale au moins dans un premier temps, pour trois ans dans la limite de deux mandats consécutifs", dit l’AFP.


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