M. Le Pen : sondage bidon pour 2017

jeudi 18 septembre 2014.
 

Un sondage bidon qui lui était ultra favorable pour le deuxième tour de 2017 est paru. Le PS s’est fâché et il a réveillé l’inepte et grotesque commission chargée de les surveiller. Après bien des auditions, elle a même condamné les auteurs du sondage. La commission prétend qu’il n’y a pas de preuve de son existence ! Le gag.

L’extrême droite peut dire merci à bien des médias

Le sondage n’en a pourtant pas moins été commenté pendant des heures et même des jours par le système médiatique. Les brillants professionnels ne s’étaient même pas donné la peine de vérifier si ce sondage était réel ! Cela n’empêche aucun de ces grands esprits de dormir. « Le Monde » a repris sa série d’interviews permanentes et photos aguichantes de madame Le Pen. Bref, il restera de la période que nous vivons un fait avéré. L’une des contributions les plus directes et les plus méthodiques à la montée de l’extrême droite en France sera venue d’une partie notoire du système médiatique. Deux raisons y ont conduit : le besoin de vendre du papier, et le code génétique politique des gardiens de moutons.

Pour servir la première raison il faut voir la situation comme elle est du point de vue médiatique. Les journalistes du premier cercle des déjeuners en ville ont beaucoup de mal à renouveler l’intérêt pour la vie institutionnelle. Que faire vivre comme débat dans un monde surplombé par une uniformité voulue et martelée : une seule politique est possible ! Quelle place occuper quand des livres vengeurs captent toute l’attention et l’intérêt ? Où poser l’appât du sensationnel dans une vie politique aussi terne ? Le grand frisson venant de chez la bête immonde est tellement excitant ! Et surtout sans danger, pour beaucoup. Cet état d’esprit intervient dans un contexte qui l’aggrave considérablement. Sans même qu’ils en soient sans doute conscients, ces gens organisent un déversement permanent des ingrédients traditionnels qui font le terreau de l’extrême droite depuis la naissance de la démocratie. D’abord l’agitation sans fin du thème de la décadence du pays : c’est le rôle des déclinistes. Tout va mal ! Des dizaines d’articles centrés sur la même variété de titres « la France à la traine… », « La France lanterne rouge… », « La France a beau faire cocorico, mais… ». Ensuite, la décadence des mœurs. Ce sont alors les innombrables articles mettant en scène des faits scabreux, des meurtres abominables, des faits divers anxiogènes et ainsi de suite. Enfin, la décadence politique : une stigmatisation permanente et harassante de tous ceux qui font de la politique. Vient ensuite la fabrication d’une culture du dégoût pour la politique. Sous prétexte d’indépendance, de « refus de servir la soupe », prévaut une manière de faire injurieuse qui ne tient aucun compte ni des idées ni du programme mais seulement des aspects personnels de la lutte, du jeu des ambitions réelles ou supposées, des personnes. En fait, c’est là un pur reflet de l’ambiance pourrie de maintes rédactions où les luttes pour le pouvoir ne sont jamais sanctionnées par des votes ou par le talent mais par des intrigues de palais. Le besoin de salir est permanent. Il est considéré comme un devoir. Il s’exprime par les soi-disant « questions décalées » auxquelles s’ajoutent dorénavant les « photos décalées » qui sont autant d’offenses contre l’esprit et la dignité personnelle avant même d’être l’expression d’une arrogante stupidité gratuite. Ce qui en reste est toujours une image pitoyable et guignolesque. En ce qui concerne les questions, c’est parait-il un devoir « d’impertinence », quant aux photos ce serait de l’art… Fermez le ban. D’une façon générale il s’agit d’enseigner jour après jour, article après article, ligne après ligne que la politique est une apparence, un rideau d’ombres servant à habiller des passions personnelles viles et basses. Je sais combien ce n’est que rarement intentionnel.

La plupart de ceux qui font cette sale besogne sont très ignorants des doctrines et programmes, de l’histoire politique. Leur culture générale reste aussi extrêmement superficielle. En fait, s’ils agissent comme ça et ne s’intéressent qu’à ça c’est parce qu’ils ne savent rien faire d’autre. Parfois, bien sûr, c’est vraiment intentionnel. Ainsi quand « Libération » prétend mettre en scène le débat du PS comme un retour du débat entre gauche révolutionnaire et gauche réformiste pour distinguer Manuel Valls de Christian Paul… Mais au total, cet environnement médiatique aigre et persifleur est le terreau actif, servi gratuitement et sans limite comme contribution à la bataille culturelle de l’extrême droite. Face à nous, c’est évidemment un réflexe de caste. Plus aucune obligation déontologique ou professionnelle ne tient. J’ai déjà expliqué ici comment le même phénomène de haine aveuglée prévaut sous toutes les latitudes avec les mêmes leitmotivs, bestialisant pour les hommes et davantage encore contre les femmes leader de l’autre gauche.

Chez nous cet été on aura vu l’incroyable. J’ai été mis a la retraite d’office par des gens qui n’avaient ni lu ni cherché à lire ou à entendre l’interview de moi qu’ils commentaient. Ça ne s’est pas arrangé depuis. La rentrée dans « Libération » et « le Monde » reprend l’interminable guerre que ces deux quotidiens mènent contre nous. Je me suis amusé de lire le malheureux futur livreur de pizza de « Libération » écrire qu’à force de « taper comme un sourd sur Hollande » je ne serai « plus écouté de personne ». C’est clair que ceux qui ont porté sur leur dos Hollande comme l’a fait ce papier d’emballage vont tellement bien ! Quand à moi, stable à dix pour cent dans les sondages, je viens de participer au record d’audience depuis 2012 de l’émission « C/Politique ». Je m’amuserai de cette rage impuissante contre moi, si ce n’était un signal si profond de la nécrose mentale de ce milieu qui est en train de se décomposer au profit du pire. Car franchement, quand on se dit « journal de toutes les gauches » comme « Libération » le fait à chaque crise pour retenir les lecteurs écœurés, n’y-a-t-il rien de mieux à faire avec moi, même si on ne m’aime pas, que ce pilonnage sans fin par le texte, l’image et le titre ?

Et comment ne pas voir le contexte dans lequel cette débandade s’inscrit ? Ainsi quand « Le Monde » met en danger la vie des otages de Syrie au nom de je ne sais quel devoir d’information. De quelle utilité ou urgence est pour chacun d’entre nous l’information donnée à propos de ce criminel ? De quel intérêt est celle donnée par « Libération » à propos d’un projet d’attaque du 14 juillet par le même ? Surtout sans que soit précisé s’il s’agit d’une vantardise ou d’un projet précis. Passé le moment de stupeur devant ces deux actes irresponsables de deux quotidiens appréciés par les importants, je me suis dit qu’on ne pouvait imputer la seule stupidité ou goût pour le scoop à n’importe quel prix sur n’importe quel sujet. Les deux journaux servent une thèse qui est au cœur des délires actuels dans certains milieux. La France serait remplie de dangereux islamistes tortionnaires prêts à des massacres de masse. Une manière insidieuse permanente de stigmatiser certaines populations, d’accréditer les fantasmes des autres et de les justifier. Au total, une bonne façon de plus faite à l’extrême droite.


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