Depuis la fête nationale algérienne, le 5 juillet dernier, des femmes organisent des sorties à la plage dans le nord du pays… en bikini. Un moyen pour elle de lutter, groupées, contre le harcèlement et la pression religieuse.
La station balnéaire d’Annaba, dans le nord de l’Algérie, est devenu depuis le début du mois de juillet un lieu de manifestations féministes plutôt atypiques. Pour lutter contre les discours moralisateurs, des femmes organisent des sorties à la plage... en bikini. Plusieurs sorties ont déjà été réalisées depuis le 5 juillet dernier, date de la fête nationale. L’objectif est simple : s’unir pour faire face aux regards et aux remarques désobligeantes, être plus fortes ensemble. Et cette révolte en maillot de bain rencontre un franc succès. Au départ, elles étaient une cinquantaine, lors de leur dernière sortie, ces militantes étaient près de 3600 !
L’union fait la force
A l’origine de ce mouvement : une jeune femme de 27 ans, connue sous le pseudonyme de Sara. Fin juin, alors qu’elle se rend à la plage en famille, elle se contraint à conserver ses vêtements par peur de se faire agresser verbalement voire même physiquement. Car si le bikini est autorisé dans le pays, il est souvent critiqué car perçu comme "trop provoquant". En rentrant chez elle, elle décide d’agir. Elle crée un compte Facebook secret pour organiser des sorties en groupes, en maillot de bain. L’union fait la force. Au départ, elle y invite des connaissances mais peu à peu le groupe a pris de l’ampleur.
"Le but n’est pas de faire du bruit et encore moins de faire le buzz mais de changer la société profondément et en douceur", explique Sara dans une interview accordée au Provincial. "Ceci ne pourra se faire qu’en habituant des milliers de voyeurs à ce qu’ils considèrent encore comme étant interdit."
Si cette action a été saluée au-delà des frontières algériennes, elle ne plaît cependant pas à tout le monde. "Je me baigne avec mon hijab, je laisse la nudité aux animaux", "Filles faciles", "Où sont vos pères ?", peut-on lire sur les réseaux sociaux. Pourtant, Sara ne renonce pas : cela "ne devrait pas être un exploit et encore moins choquer", estime-t-elle.
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