Le gouvernement des lobbies

dimanche 28 mai 2017.
 

Pas plus que l’élection d’Emmanuel Macron, la nomination de son premier gouvernement ne peut résoudre les crises sociale, écologique et démocratique qui rongent le pays. La composition de ses équipes montre au contraire que tous les facteurs d’aggravation de ces crises sont réunis. Au-delà du paravent de la "société civile", ce gouvernement se distingue en effet par l’emprise des pires lobbies financiers et anti-écologiques.

Expression des intérêts des grands groupes, le Medef aura la haute main sur le ministère du travail, non seulement à travers la ministre Muriel Pénicaud, habituée des conseils d’administration du CAC 40, mais aussi via son directeur de cabinet Antoine Foucher qui était directeur adjoint du Medef en charge du social ! Le lobby spécifique des financiers est représenté notamment par le nouveau ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, qui était directeur de l’ESSEC, la grande école française qui forme l’élite de la finance. L’autre pièce maîtresse de la finance au gouvernement est à Bercy avec Emmanuel Moulin, nommé directeur de cabinet du ministre de l’économie, et passé par Citigroup, la 2e plus grande banque états-unienne, puis par la banque d’affaires italienne Mediobanca, liée à Silvio Berlusconi et dont le principal actionnaire français est Vincent Bolloré. C’est surtout lui qui, entre deux postes de banquier, a organisé sous Sarkozy en 2008-2009 à Bercy le coûteux sauvetage des banques françaises lors de la crise financière, sans leur imposer de véritables contreparties.

Les lobbies industriels anti-écologiques sont aussi représentés de manière éminente. Par le premier ministre Edouard Philippe lui-même, ancien directeur des relations publiques d’Areva, et personnellement hostile à la réduction de la part du nucléaire. Le lobby pharmaceutique pourra aussi compter sur l’oreille attentive de la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui s’était illustrée comme haute fonctionnaire dans la défense du rôle des experts liés aux groupes industriels. Largement intégrée à celle des médicaments, l’industrie des pesticides pourra aussi continuer à prospérer avec le ministre de l’agriculture Jacques Mézard qui s’est opposé au Sénat à la proposition d’au moins 20 % de bio dans les cantines, mais aussi à l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes, des neurotoxiques dangereux pour les abeilles ... et les humains.

Le seul moyen d’empêcher ces lobbies de nuire au pays dans toutes les décisions publiques est d’élire une majorité qui refusera sa confiance à un tel gouvernement. Pour séparer ainsi l’État de l’argent, les candidats de la France Insoumise sont les mieux placés puisque leur programme est le plus exigeant contre les lobbies qui corrompent l’action publique. La présence parmi eux de plusieurs lanceurs d’alerte montre qu’ils seront des garants inflexibles de l’intérêt général face à toutes les pressions et menaces.


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