Emmanuel Macron recycle les orphelins de DSK

mercredi 10 mai 2017.
 

Le candidat d’En marche  ! rencontrerait régulièrement l’ex-patron du FMI. Son équipe est composée de proches de Dominique Strauss-Kahn.

DSK, père spirituel d’Emmanuel Macron  ? Il suffit de jeter un œil sur l’organigramme de campagne de l’ancien associé de la banque Rothschild pour s’en convaincre  : les rouages essentiels de la machine d’En marche  ! sont tous issus des cabinets de l’ancien patron du FMI, candidat déchu aux primaires socialistes de 2012. Le nom le plus emblématique est celui de Jean Pisani-Ferry, ancien conseiller influent de DSK lorsqu’il était ministre de l’Économie (1997-1999), avant d’être nommé par François Hollande en 2013 commissaire général de France Stratégie (ancien commissariat au Plan). En 2014, à la demande d’Emmanuel Macron et de Sigmar Gabriel, il livre un rapport, censé servir de vernis scientifique aux recettes ultralibérales des ministres de l’Économie française et allemande, dans lequel il préconise le gel des salaires, la réduction drastique de l’intervention publique et une «  flexibilisation  » accrue du marché du travail… Il est aujourd’hui le chef d’orchestre du programme d’Emmanuel Macron  !

Autre orphelin à jouer un rôle clé  : Ismaël Emelien, ancienne petite main de la campagne de 2006 de Dominique Strauss-Kahn, qui fut son professeur à Sciences-Po. À 29 ans, c’est sur lui que repose une grande partie de la campagne d’En marche  !, qu’il a réfléchie sur le modèle des start-up. C’est aussi par son entremise que les deux anciens ministres de l’Économie se seraient rencontrés et rapprochés au printemps dernier, avant qu’Emmanuel Macron ne démissionne de Bercy pour se lancer vers la présidentielle. Un autre homme joue les «  go between  » discrets, c’est Philippe Grangeon, lui aussi très proche conseiller de DSK à Bercy, devenu directeur de la communication de Capgemini, et qui occupe également une place de choix dans l’entourage du candidat d’En marche  !

De l’attachée de presse du mouvement, Sibeth Ndiaye, en passant par le porte-parole Benjamin Griveaux, mais aussi Stanislas Guerini ou encore le trésorier Cédric O… tous ces trentenaires, pour beaucoup issus des rangs d’HEC, ont usé leurs semelles en 2006 rue de la Planche, au QG de Dominique Strauss-Kahn. Et tous ont participé, dès fin 2015, à la création du phénomène «  Macron  », bien avant que celui-ci n’affiche publiquement ses ambitions présidentielles. «  Il y a une filiation intellectuelle commune, faite d’une connaissance fine des mécanismes économiques. Entre eux, il existe un respect réciproque  », explique Ismaël Emelien, qui lance, en guise d’aveu  : «  Le concept d’égalité réelle (défendu par Macron – NDLR), DSK l’avait développé dans une note pour la fondation Jean-Jaurès en 2004. DSK apprécie d’avoir quelqu’un qui porte ses valeurs.  »

Car Emmanuel Macron, le chantre de la modernité en politique, n’hésite pas à piocher allègrement dans les marottes de l’ancien patron du FMI. Par exemple, la proposition du candidat d’exonérer de taxe d’habitation 80 % des Français, présentée comme le nec plus ultra de l’inventivité, était un leitmotiv de Dominique Strauss-Kahn… à la fin des années 1990. Mais de cet héritage politique, c’est François Bayrou qui en parle finalement le mieux. «  Ce sont les mêmes forces (les grands intérêts financiers) qui veulent réussir aujourd’hui avec Macron ce qu’elles ont raté avec Strauss-Kahn  », déclarait en septembre le maire de Pau, avant de négocier chèrement, lui aussi, son ralliement au candidat d’En marche  !

Maud Vergnol Chef de la rubrique Politique à L’Humanité


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