Jean-Luc Mélenchon : le seul à proposer une politique de justice sociale

dimanche 16 avril 2017.
 

Le vote Mélenchon n’est pas seulement un vote capable de battre Le Pen. «  C’est un vote de conviction sociale, écologique et démocratique. C’est un vote qui peut changer le cours de l’histoire.  »

Jean-Luc Mélenchon fait une campagne d’idées et détaille ses mesures sur le monde du travail : abrogation de la loi El Khomri, augmentation du Smic& Nicolas Tavernier/Réa Désormais testé par les sondeurs pour le second tour et donné gagnant face à Le Pen, le candidat «  insoumis  », soutenu par le PCF et Ensemble  !, s’impose au cœur du débat. Jusqu’à devenir la cible privilégiée de ses adversaires, qui peinent à décrédibiliser son programme.

La dynamique de cet adversaire-là en particulier «  n’intéresse pas  » Marine Le Pen, donc. Trois jours après la question posée sur BFM, elle répondait pourtant au Figaro, qui lui demandait «  comment on arrête  » (sic) la progression du candidat de la France insoumise. La candidate d’extrême droite rétorque alors par un mensonge éhonté sur les «  100 milliards d’impôts supplémentaires  » que Jean-Luc Mélenchon mettrait en place (en réalité 100 milliards de ¬dépenses publiques d’investissement). Pour autant, elle n’est pas la plus caricaturale des adversaires. François Fillon l’a qualifié, lors de son meeting parisien de la porte de Versailles, dimanche, de «  capitaine du cuirassé Potemkine  ». Ses soutiens se faisaient plus explicites en coulisses. Bernard Debré, député LR  : «  Est-ce que vous croyez que la France veut devenir communiste  ?  » Et dans la Voix du Nord, hier, Emmanuel Macron convoquait le même anticommunisme de confort, Mélenchon utilisant, selon lui, «  exactement les mots que les communistes avaient dans les années cinquante  » pour préparer «  l’ordre mondial de M. Poutine  ». Et voilà le spectre des «  chars russes à la Concorde  » agité par les marchés et le patronat. Pour le président du Medef, Pierre Gattaz, dans le Parisien, voter ¬Mélenchon (ou Le Pen, ou Hamon, précise-t-il) c’est «  ruine, désespoir et désolation, pauvreté généralisée  ». Et les Échos de qualifier cette apocalypse, hier  : «  Mélenchon, le nouveau “risque” français  ».

«  Des millions à se retrouver sur ses valeurs de gauche  »

Plus Jean-Luc Mélenchon monte dans les sondages, plus ses adversaires directs l’attaquent et le placent eux-mêmes au cœur du débat. S’il convient toujours de prendre avec des pincettes les enquêtes d’opinion, leur convergence prolongée montre que le candidat de la France insoumise est incontestablement devenu un candidat crédible, qui bouscule la campagne. Preuve de la dynamique en cours, Mélenchon a été testé au second tour par des instituts de sondage, face à Marine Le Pen puis face à Emmanuel Macron. C’est une première.

En 2012, le candidat du Front de gauche était monté entre 14 % et 17 % à la mi-avril, lors d’une embellie sondagière printanière, avant de terminer à 11 % une fois les urnes vidées. Mais le contexte est aujourd’hui bien différent. Jean-Luc ¬Mélenchon est désormais donné troisième devant Fillon. En 2012, il était resté bien loin du ¬second tour, de François ¬Hollande et de ¬Nicolas Sarkozy, tous deux estimés entre 27 % et 30 % d’intentions de vote au premier tour. À l’époque, l’opinion voyait en Hollande un candidat capable de faire gagner la gauche et de gouverner à gauche. «  Des millions de gens aujourd’hui, lorsqu’ils se retrouvent sur des valeurs de gauche, font prioritairement le choix de Mélenchon, remarque Olivier ¬Dartigolles, porte-parole du PCF. C’est une situation inédite dans le sens où, quand bien même Benoît Hamon a gagné sa primaire sur une orientation de rupture avec le quinquennat Hollande, il n’a pas réussi à maintenir cette clarté, pour le moins.  »

Le seul à proposer une politique de justice sociale

Depuis plus d’un an, le pari de Jean-Luc Mélenchon est le suivant  : «  La force va à la force.  » Son sujet est de «  fédérer le peuple  », tout en affirmant être «  un homme de gauche  ». «  Enfin, personne ne s’y trompe  », aime-t-il à rappeler. Hier, au micro de RTL, il a ainsi résumé la situation  : «  Si en effet je suis devant monsieur Fillon, alors tout l’argument d’après lequel le vote utile ce serait M. Macron pour éviter un duel Fillon contre Le Pen s’effondre.  » Le match est ouvert, en somme. De façon inédite encore une fois, puisque Jean-Luc Mélenchon est le seul des quatre «  grands  » à proposer une politique de renouveau démocratique, de transition écologique, de justice sociale et de rupture avec l’austérité. «  Macron, c’est un centriste, un libéral. Les gens savent à quoi s’attendre. En plus, dernièrement, il leur a mis un coup de matraque sur la tête en annonçant qu’il allait changer tout le Code du travail par ordonnances  », a-t-il assené mardi.

«  Il essaie de remplir le mot gauche. Il ne le brandit pas comme un slogan mais il lui redonne du contenu  », apprécie Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble  ! Et ¬Mélenchon séduit aujourd’hui au-delà des rangs de 2012, à la fois porté par la «  vague dégagiste  », par son programme écologique et social et la prise de conscience croissante de la crise institutionnelle, dont Hollande et Fillon ont, chacun de leur côté, montré les travers, du 49-3 aux affaires judiciaires. «  En 2012, les gens en avaient assez de Sarkozy. Sa remontée dans les derniers jours avait donné beaucoup de crédit au vote utile en faveur de Hollande, raconte Alexis ¬Corbière, porte-parole de Jean-Luc -Mélenchon. Des études estiment que 30 % des électeurs de Hollande ont hésité avec Jean-Luc Mélenchon. Cette fois-ci je ne crois pas qu’un candidat soit en capacité de capter de la même façon ce vote utile.  » Et d’insister, lors d’un point presse à Marseille, sur le fait que le vote Mélenchon n’est pas seulement un vote capable de battre Le Pen. «  C’est un vote de conviction sociale, écologique et démocratique. C’est un vote qui peut changer le cours de l’histoire.  »

GRÉGORY MARIN ET AURÉLIEN SOUCHEYRE, L’Humanité


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