Faut-il participer à la primaire dite de gauche ? (janvier 2017)

mercredi 28 juillet 2021.
 

La primaire dite de gauche va occuper l’espace politique durant tout le mois de janvier 2017. Bon nombre de nos concitoyens ayant voté à gauche et notamment ceux déçus par la politique Hollande –Valls, se demandent s’il faut participer ou non à cette primaire. Nous répondons ici à cette question.

Interchangeables… ! ?

Faut-il participer à la primaire dite de gauche ? 

Telle est la question que se pose un certain nombre d’électeurs de gauche dont beaucoup tiennent le raisonnement suivant : il faut que je participe pour éliminer de la course le champion du 49.3 et de la répression syndicale Manuel Valls.

D’autres ont fait la même analyse pour la primaire de la droite : participer pour éliminer de la course Sarkozy et Copé.

Malheureusement, le bon sens a ses limites.

De toute évidence, cette primaire n’est rien d’autre qu’une sorte de congrès du PS, légèrement ouvert à deux dissidents du Modem et de EELV : de Rugy et Benhamias mais bien ficelé d’entrée (refus de Gérard Filoche par exemple).

Désigner cette entourloupe de la direction du PS comme une "primaire de LA gauche" constitue une mystification. En effet, « dans cette « primaire de LA gauche », il n’y a ni le PCF, ni EELV, ni le Parti de gauche, ni le MUD de Robert Hue, ni « Nouvelle donne » de Pierre Larrouturou, ni le MRC de Jean Pierre Chevènement, alors même que ces trois petits partis de gauche avaient souhaité y participer et qu’ils furent refusés. » (Jean-Luc Mélenchon).

Il existe plusieurs autres façons pour répondre non à l’hypothèse d’une participation à cette "primaire" lorsque l’on est attaché à des valeurs réellement de gauche.

A) Première façon : une approche micro politique

en étudiant la biographie de chacun des candidats et leurs positionnements respectifs notamment lors de choix politiques importants.

Éléments d’information concernant les candidats à la primaire de l’infra gauche.

Ces informations sont extraites de Wikipédia pour aider à identifier le positionnement politique des candidats. Tous les liens sont indiqués pour une lecture complète si le lecteur la juge utile.

Nous avons relevé notamment des informations qui montrent que ces candidats se connaissent depuis longtemps et ont eu l’occasion à maintes reprises de travailler ensemble.

À cela s’ajoutent quelques autres sources.

On peut être parfois surpris par certaines informations. Par exemple, que Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont contribué activement à ce que Manuel Valls devienne premier ministre.

Cela relativise d’emblée les oppositions irréductibles que l’on voudrait nous faire croire.

Montebourg, Peillon, Hamon à de nombreuses reprises ont œuvré ensemble, et on discerne mal ce qui les différencie idéologiquement et tout semble indiquer qu’il s’agit ici simplement d’affirmations d’ambitions personnelles..

La lecture détaillée des biographies montre combien ces candidats sont des hommes et femmes d’appareils faisant varier leur positionnement en fonction des possibilités d’alliance permettant d’accéder aux plus hauts postes d’abord de leur appareil politique puis au sommet de l’État. Il n’y a pas de cohérence politique clairement définie sur le long terme sinon un libéralisme économique toujours présent mais jamais revendiqué.

Cela ne signifie pas que toutes leurs actions ont été négatives . Par exemple, la loi adoptée le 21 juillet 2014 sur proposition de Benoît Hamon concernant l’économie sociale et solidaire constitue une avancée importante pour ce secteur. Rappelons que l’ESS représente 10 % du PIB et près de 12,7 % des emplois privés en France. Ce secteur compte environ 200 000 entreprises et structures et 2,38 millions de salariés.

Ceci étant dit, cette loi ne remet aucunement en cause le fonctionnement capitaliste de l’économie française au niveau global.

Passons donc en revue quelques éléments sur ces candidats.

Jean-Luc Bennhamias

Il séjourne chez les Verts de 1984 à 2007 puis au MoDem.

Tout en étant membre du bureau exécutif du MoDem il continue d’appartenir au groupe des Verts au Parlement européen et au conseil régional de la région PACA.

Il quitte le MoDem en juin 2014, ce parti s’étant rallié à l’UDI

Il crée alors le parti de centre gauche nommé "Front Démocrate".

On se demande à quel titre un tel candidat, par ailleurs tout à fait respectable, figure dans une primaire dite de gauche alors qu’un Gérard Filoche en est évincé malproprement. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-...

Benoît Hamon, membre du gouvernement du 16 mai 2012 au 25 août 2014, en tant que ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la consommation puis ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Il cofonde, en 1993 la tendance Nouvelle Gauche au sein du Mouvement des Jeunes Socialistes. Il est aussi cofondateur (avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon) en 2002 du courant Nouveau Parti socialiste (NPS), dont il devient l’un des porte-parole. Ce courant a aussi pour fonction de concurrencer le courant "Nouveau Monde" animé par Mélenchon et Emmanuelli. Le trio NPS explose lors de la synthèse du congrès du Mans, puis lors de la primaire présidentielle de 2007 (Montebourg et Peillon soutiennent Ségolène Royal, Hamon soutient Laurent Fabius). https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouve...

Dès l’automne 2013, Hamon organise avec d’autres ministres, dont Arnaud Montebourg, un ensemble d’actions afin d’inciter le président de la République François Hollande à changer de Premier ministre. Le propos est de montrer que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est épuisé et affaibli dans l’opinion et qu’il faut le remplacer par un homme plus jeune, à l’image renforcée par son poste de ministre de l’Intérieur, Manuel Valls https://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%...

Hamon a voté Oui en 2005 pour le TCE en contradiction avec la position prise en faveur du non par le NPS. http://www.voie-militante.com/polit...

Voir aussi : Les prises de position concernant le vote pour le TCE en 2005 https://fr.wikipedia.org/wiki/Prise...

Arnaud Montebourg,

En 2001, il fonde la Convention pour la sixième république (C6R) dont Paul Alliès devient président en 2009. En 2002 et 2003, il cofonde, avec Vincent Peillon, Julien Dray et Benoît Hamon, le courant Nouveau Parti socialiste, qui recueillera 17 % des voix au congrès de Dijon du PS…

Il déclare mort le NPS en 2005.

Pendant la campagne du référendum sur le « projet de traité établissant une Constitution pour l’Europe » (2004-2005), pourtant partisan du « non », il ne prendra pas part à la campagne, contrairement à la plupart des autres dirigeants socialistes tenants de cette position (Laurent Fabius, Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli), respectant le résultat du référendum interne du Parti socialiste…

Électron libre au sein des majorités internes successives du parti socialiste, il rejoint néanmoins la motion majoritaire à chaque congrès jusqu’en 2002.… Il soutient le pacte budgétaire européen (dit TSCG)

Quelques mois après avoir twitté à propos du lancement de Free mobile, le 10 janvier 2012, « Xavier Niel vient de faire avec son nouveau forfait illimité plus pour le pouvoir d’achat des Français que Nicolas Sarkozy en 5 ans »., il oppose intérêt du consommateur et emploi, reprenant ainsi les éléments de langage des opérateurs Orange, SFR et Bouygues et accusant l’Arcep de conduire le marché des télécoms à son autodestruction.

D’après le journaliste Emmanuel Berretta, ces prises de positions lui auraient valu un reportage particulièrement élogieux dans le journal télévisé de TF1, filiale du groupe Bouygues.…

Au Gouvernement, il est un des soutiens les plus engagés pour l’exploitation en France des gaz de schiste65, comme le confirme un rapport au gouvernement publié en avril 2015" https://fr.wikipedia.org/wiki/Arnau...

Le ministre du redressement productif au banc d’essai. Source : Le Point

Son bilan d’essai de 18 mois chez Habitat comme vice-président de l’enseigne n’a pas été concluant le groupe réalisant une perte de 11%. Un redressement productif de - 11% en quelque sorte. Il est suspendu pour un temps indéterminé : un nouveau concept est né : le S D I ( la suspension à durée indéterminée) du comité stratégique de l’entreprise . Pour plus de détails lire Le Point http://www.lepoint.fr/economie/le-b...

Vincent Peillon,

À la suite du congrès du Mans de 2005, il se sépare de certains fondateurs du courant Nouveau Parti socialiste tels Arnaud Montebourg, Thierry Mandon ou Yvette Roudy, et accepte un compromis avec la motion majoritaire de François Hollande.

Lors de la campagne présidentielle de 2007, il est un des porte-parole de Ségolène Royal. En septembre 2007, Vincent Peillon décide de créer l’Institut Edgar Quinet.

Lors du congrès de Reims du PS de 2008, il rejoint la motion E portée par Ségolène Royal, candidate au poste de Première secrétaire.

En novembre 2009, il s’oppose à Ségolène Royal au sein de la motion E et crée son mouvement, le « rassemblement social, écologique et démocrate ». Le site d’information en ligne Rue89 avance que Vincent Peillon durant ses deux mandats n’a que peu d’intérêt pour la politique européenne et le désigne comme un « eurodéputé plutôt touriste », « champion de l’absentéisme ».

Ministre de l’éducation nationale de mars 2012 à avril 2014 En décembre 2013, il mène une réforme importante du statut des enseignants de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), qui déclenche un mouvement de protestation inédit de la part de ces enseignants d’ordinaire peu prompts à faire grève27,28, d’autant plus qu’il s’est déjà prononcé plusieurs fois en 2010 pour la suppression des CPGE et des Grandes écoles29,30. Le projet prévoit d’augmenter le nombre d’heures de cours de certains professeurs de CPGE sans compensation sur leur salaire, afin d’en redistribuer une partie aux professeurs de ZEP31. En dépit de son apparente volonté de fermeté, face à la mobilisation massive des professeurs (60 % de grévistes le 9 décembre), Vincent Peillon annonce le 12 décembre 2013 que les discussions ne sont pas « mûres » et repousse la réforme32. Seule est actée la diminution de deux heures du temps hebdomadaire de 18 heures des professeurs en ZEP, heures qui seront désormais consacrées au suivi des élèves.

Il est remplacé par Benoît Hamon à la suite du changement de gouvernement, en avril 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vince...

Vincent Peillon est soutenu par Karine Berger, conseiller économique de Hollande. Peillon serait-il le "poulain" de François Hollande. https://www.franceinter.fr/emission...

Sylvia Pinel, Parti radical de gauche.

Elle est d’abord nommée ministre de l’artisanat, du commerce du tourisme puis le 2 avril 2014, elle est nommée ministre du Logement et de l’Égalité des territoires dans le gouvernement Valls I, en remplacement de Cécile Duflot https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvi... Rappelons que tous les radicaux de gauche ont voté la loi Renseignement.

François de Rugy EELV de droite

Favorable à un retour des écologistes au gouvernement17, il annonce le 27 août 2015 dans le journal Le Monde qu’il quitte son parti, dont il dénonce la « dérive gauchiste » et l’absence de débat interne18, rejetant notamment la constitution de listes avec le Front de gauche en vue des élections régionales de décembre 2015 dans les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Quelques jours plus tard, il participe à la création de l’Union des démocrates et écologistes, un mouvement écologiste de centre gauche https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%...

Lors du vote en congrès en 2008 pour réviser la constitution en vue de l’adoption du TCE pourtant refusé par le référendum de 2005,au sein du groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR), il y a eu 21 votes contre et trois abstentions. Il s’agit de trois des quatre députés Verts (Yves Cochet, Noël Mamère et François de Rugy. Les http://bruxelles.blogs.liberation.f...

B) Deuxième façon de traiter la question : le vote des lois rétrogrades sous la présidence de Hollande

– Le CICE constitue l’une des plus grosses ponctions de tous les gouvernements de la cinquième république sur le trésor public en faveur du patronat. Aucun gouvernement de droite n’avait osé faire.

Ce chiffre astronomique est l’équivalent de cinq fois le budget de la justice, 1 3 fois le budget de la SNCF, bien plus que l’ensemble des dotations de l’État aux collectivités territoriales, plus que le budget de la défense, etc. Des rapports récents ont montré le caractère très limité d’un tel déversement d’argent en termes de création d’emplois et d’investissement. Qui a vu le "choc de croissance" qui aurait dû en résulter ? Qui a vu une baisse significative du taux de chômage ?

Une gabegie financière sans précédent alors que les médias répètent en chœur que le déficit de l’État ne fait que se creuser !

Or tous ces candidats étaient d’accord pour le CICE

– La loi renseignement

Elle fut largement adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat contre l’avis de tous les syndicats de magistrats, des associations de défenses des libertés sur le numérique, de la ligue droits de l’homme et d’amnistie internationale. Tous les radicaux de gauche ont voté cette loi liberticide. La majorité des députés socialistes ont voté pour. Les candidats de la primaire étaient d’accord avec cette loi.

– La loi Macron –El Khomeri incroyable attaque contre le monde salarié. Aucun gouvernement de droite n’avait osé proposer cela malgré la pression du Medef. Elle a été approuvée par une large majorité du PS.

Et pour noircir encore plus ce tableau, une répression policière couplée à une instrumentalisation fascisante "des casseurs" s’abat sur les manifestants osant s’opposer à la loi.

Jamais depuis la Libération une campagne anti CGT d’une telle violence et d’une telle durée n’a été orchestrée par les médias au service du pouvoir contre la CGT.

A-t-on vu une pétition à l’initiative de Hamon, Montebourg, Peillon,… Protester contre cette répression politico –policière ? Non.

Qui peut encore, se prétendre socialiste et même de gauche au PS ? En tout cas certainement pas ceux qui ont voté ces lois.

C) Troisième façon d’aborder la question : le congrès du PS à Poitiers en juin 2015

 

Certes le Parti socialiste "est tiraillé entre le social-libéralisme prôné par le gouvernement Valls et le socialisme démocratique des « frondeurs »" (Wikipédia) mais si l’on se réfère au dernier congrès du PS qui a eu lieu à Poitiers du 5 au 7 juin 2015, la motion A a obtenu 60 % des voix des adhérents. Elle était défendue par Jean-Christophe Cambadélis et soutenue par Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault ainsi que l’aile droite du PS (Gérard Collomb, Christophe Caresche) mais également Martine Aubry.

Remarquons que Vincent Peillon n’a pas déposé de contribution et a soutenu la motion A. http://www.lopinion.fr/edition/poli... en mesure de

Motion B

Considérons cette motion intitulée « À gauche pour gagner » dont le premier signataire est Christian Paul. Cette motion regroupe la gauche du PS : les « frondeurs » (Aurélie Filippetti, Laurent Baumel), les deux précédents courants « Maintenant la gauche » (Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj, Gérard Filoche) et « Un monde d’avance » (Benoît Hamon, Guillaume Balas, Pouria Amirshahi, Barbara Romagnan) ainsi que les socialistes du mouvement Utopia.

Cette motion recueille 28, 3 % des voix.

Remarquons que Montebourg, comme Ségolène Royal et Emmanuel Macron étaient absents de ce congrès. Ainsi, Montebourg ne s’est pas engagé clairement pour la notion B.

La Motion D  : « La fabrique » est défendue par Karine Berger et se veut être un intermédiaire entre la notion A et la motion B. Elle réunit 9, 5 % des voix. Rappelons que Karine berger a fondé avec Montebourg la Convention pour la sixième république (C 6R) en 2001.

Pour plus d’informations sur le congrès de Poitiers, cliquez ici https://fr.wikipedLeia.org/wiki/Con...

Conclusion : on constate que seul Benoît Hamon a voté la motion B

D) Quatrième façon d’aborder la question : la primaire du PS pour les élections présidentielles de 2012

Rappelons que Hollande était arrivée en tête et Manuel Valls à la dernière place.

Que sont devenus les "programmes" des uns et des autres ? Néant. Et finalement,Manuel Valls devient premier ministre ! Résultat inverse de ce qui était souhaité par les électeurs ! Peut-on faire confiance à une primaire organisée par le PS ? Non.

E) Cinquième façon de traiter la question : le "rempart "des frondeurs pour le PS.

Un article de la revue Fakir par François Ruffin

Emmanuel Todd : « Priver le PS de son dernier rempart : les frondeurs  » vendredi, 13 mai 2016 / François Ruffin

Todd revient sur le PS, avec cette fois les frondeurs dans le collimateur. Et moi aussi, j’en ai ras le casque de leurs pantomimes…

Au précédent épisode, Emmanuel Todd l’espérait : « Déjà, si ça pouvait conduire à un engagement simple, chez les jeunes : « Plus jamais nous ne voterons PS ! » Je me porte beaucoup mieux, c’est une libération spirituelle, depuis que j’ai fait ce serment pour moi-même. Je rêverais de la mise à mort du PS. C’est peut-être ce que va nous apporter Hollande, il y a là une ouverture pour se débarrasser du parti socialiste. Et il existe désormais un boulevard à gauche. »

Suite à la loi El Khomri passée au bazooka du 49.3, on l’a appelé, hier, dans sa « retraite de travail » en Bretagne. Et c’est les frondeurs, cette fois, qui se sont retrouvés dans son viseur :

« Que le PS soit de droite, tout le monde le sait. Mais il faut maintenant les priver de son dernier rempart : les frondeurs. Ce sont eux qui vont servir d’ultime alibi. Ils sont certes sympathiques à titre individuel, mais ce sont désormais eux les plus nocifs, eux qui empêchent une clarification. Ou alors, qu’ils soient conséquents, et qu’ils fassent tomber le gouvernement. Le reste relève de l’agitation.

Être de gauche c’est ne plus jamais voter PS. Et il ne faut pas regarder ça comme un geste négatif, mais au contraire positif : se débarrasser du Parti socialiste, c’est ouvrir un champ des possibles. »

Je suis assez d’accord. (dit Ruffin)

Même si, à titre personnel, on préfère nettement une Barbara Romagnan à un Jean-Marie Le Guen, ça fait trop longtemps que la comédie dure, elle ne nous intéresse plus. Depuis quatre ans, ils se comptent, un coup ils sont quinze, l’autre fois trente, etc., avec des psychodrames bidons. Et jusqu’à la pantomime de cette semaine : alors qu’ils pouvaient faire tomber la loi El Khomri et le gouvernement Valls dans la foulée, voilà qu’ils essaient, en vain, de monter leur propre motion de censure, avec la garantie qu’elle ne marchera jamais.

J’ai cette conviction, et depuis un bail : ils se jouent un spectacle, celui de la résistance, mais pour eux-mêmes. Ce petit jeu est lisible par leurs pairs, par les députés, par les éditorialistes, mais incompréhensible pour les gens. Les Français s’en foutent, eux, de ces caprices : vous êtes pour ou vous êtes contre ? Choisissez votre camp.

Fin du texte de Fakir

(On peut avoir plus d’informations sur l’historien anthropologue démographe Emmanuel Todd en cliquant ici )

Site source de l’article https://www.fakirpresse.info/spip.p...

Effectivement, les prises de position des frondeurs sont variables et manquent de cohérence. Tout se passe comme s’il s’agissait ici d’une stratégie de sauvetage d’un PS en perdition. Exit donc Benoît Hamon et Montebourg selon cette approche.

F) Sixième façon : la démarche macro politique et historique : la vraie nature du PS

Cette manière de voir est simple et radicale et évite de passer du temps dans des analyses circonstancielles. Il faut simplement revenir à la nature profonde du PS (et du PRG).

Cela pose la distinction entre gauche élitaire et gauche populaire

Dans notre article "Partis politiques et classes sociales. Gauche élitaire et gauche populaire" http://www.gauchemip.org/spip.php?a... on a montré que le PS et l’UMP (devenue L R) constituent des viviers pour recruter des gestionnaires économiques,politiques et culturels de la classe dominante capitaliste divisée en deux pôles : le pôle de la propriété et du marché et le pôle de la compétence et de l’organisation.

Les organisations syndicales patronales (Medef, AFEP) défendent les intérêts du pôle propriété.

Le PS fait très majoritairement (pour ne pas dire totalement) partie de la gauche élitaire ainsi que EELV.

La gauche populaire défend les intérêts de la classe dominée elle-même divisée économiquement en trois parties : les salariés du secteur privé, les salariés du secteur public et les travailleurs indépendants. Les organisations syndicales de salariés et des travailleurs indépendants défendent des intérêts de la classe dominée notamment au sein de la sphère de production des biens et services. L’extrême gauche, le PCF, le PG, NGS, une partie très minoritaire de EELV et du PS en restant optimiste, défendent les intérêts de la classe dominée. Ces partis constituent la gauche populaire.

Les luttes sociales, des alliances entre ces deux gauches lorsque la gauche populaire est suffisamment puissante permettent d’obtenir des avancées sociales comme la retraite à 60 ans, la loi des 35 heures, etc. sachant que ces acquis peuvent être être remis en cause par la gauche élitaire (et évidemment la droite) lorsque la gauche populaire devient trop faible.

Les scores électoraux de ces deux gauches ont été étudiés dans l’article. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Il est donc politiquement impossible que les partis de la gauche élitaire s’attaquent aux deux problèmes économiques fondamentaux : le partage des richesses produites par les travailleurs c’est-à-dire le partage du PIB entre salaires et profits et d’autre part le partage des profits entre dividendes et épargne productive nécessaire à l’investissement productif.

De ce fait les représentants de ces partis ont été et seront toujours impuissants pour s’attaquer aux inégalités , à la pauvreté, à la précarité, au chômage (première chaîne d’or) et à la tête publique et privée (deuxième chaîne d’or).

Participer à une primaire de la gauche en fait élitaire n’a donc aucune utilité et ne peut nourrir que des illusions.

On peut considérer aussi ce deuxième pôle de la classe dominante, comme une classe intermédiaire petite-bourgeoise (salarié ou non) au service de la bourgeoisie comme le fait le sociologue Jean-Pierre Garnier. Ce dernier qualifie le Parti Socialiste de "deuxième droite".

Ce qualificatif qui ne manque pas de légitimité depuis l’élection de François Hollande pose néanmoins un certain nombre de problèmes précisément de sociologie politique car idéologiquement, la gauche élitaire, même si elle partage avec la droite une vision économique libérale, ne partagent pas tous les mêmes repères philosophico– politiques que la droite notamment sur la conception de l’égalité.

Sa vidéo sur l’histoire récente du PS ne manque pas d’intérêt .https://vimeo.com/64979934

Épilogue

En résumé, si l’on partage des valeurs de gauche en tenant compte de l’urgence écologique, mieux vaut voter Mélenchon et lui donner deux euros et si possible huit, plutôt que de donner ces deux euros au PS participer à une primaire sans réelle utilité.

1) Remarquons tout de même que le programme porté par Mélenchon "L’Avenir en commun" est le résultat de plusieurs mois d’élaboration collective ; il est mis à la disposition des électeurs depuis début décembre 2016 alors que celui du représentant du PS reste toujours une fabrication d’appareil et ne pourra être finalisé qu’à la fin de la primaire c’est-à-dire après le 29 janvier 2017. Une fois de plus, on assiste ici à une improvisation alors que transformer et gérer une société aussi complexe que la nôtre demande beaucoup plus de temps de réflexion collective.

2) Les candidats du PS s’adossent à un parti dont le budget s’élève en 2015 à 60, 7 millions d’euros disposant d’un nombre de permanents correspondant à une masse salariale d’un montant global de 15,5 millions d’euros. Il dispose d’un budget propagande de 4 millions d’euros.

Mélenchon peut-il s’adosser au Parti de Gauche ? Ce parti dispose d’un budget de 2, 3 millions d’euros et ce parti ne disposait en 2015 que de 1 ou 2 salariés correspondant à une masse salariale d’un montant global de 55 918 euros. Le budget propagande du parti s’élevait à 234 163 euros.

On comprend ainsi que ce n’est pas sur la logistique du PG que Mélenchon peut s’appuyer compte-tenu de l’énorme disproportion des moyens financiers au regard de ses concurrents.

3) Mais cette situation est en accord avec sa démarche politique France Insoumise qui est de ne pas s’appuyer sur un des partis mais sur le peuple, c’est-à-dire sur la volonté et l’engagement des citoyens pour être plus précis C’est la raison pour laquelle toute sa campagne électorale est et sera financée par des dons de citoyens.

Voir à ce propos notre article : France Insoumise : le point à mi-décembre 2016. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Plus de détails sur les recettes des partis politiques https://www.data.gouv.fr/s/resource... (Lorsque ce rapport de 819 pages est téléchargé, avant d’utiliser la fonction d’agrandissement de pages, allez dans le menue édition et cliquez sur recherche puis taper dans la vignette de recherche le nom du parti qui vous intéresse. Trois pages sont utilisées pour les comptes de chaque parti.) Un article ultérieur sera consacré à cette question.

Hervé Debonrivage


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