Manuel Valls a prévu de se rendre le 29 août en Haute-Garonne pour une journée militante organisée par le PS. A moins qu’il ne se ravise. La CGT 31 vient en effet de le déclarer persona non grata. En cause, l’hommage trop timide rendu par le Premier ministre à Georges Séguy, leader historique de la CGT, mort le 13 août, et enfant du pays. Surtout, la CGT est bien décidée à continuer le combat contre la loi travail.
Manuel Valls n’est pas franchement le bienvenu en Haute-Garonne. Il avait prévu de se rendre le 29 août à une journée militante organisée par le Parti socialiste à Colomiers. La fédération CGT du département souhaite ne pas l’y voir.
Le 16 août, la CGT Haute-Garonne lui a adressé un courrier, révélé par France Bleu, dans lequel il lui est demandé expressément d’annuler son déplacement, jugé comme "une provocation indécente" par le secrétaire départemental de la CGT 31, Cédric Caubère. La raison avancée ? L’hommage limité rendu par Manuel Valls à Georges Séguy, secrétaire général de la CGT de 1967 à 1982, ancien résistant toulousain, mort ce 13 août. Entre deux tweets félicitant les athlètes olympiques, Manuel Valls avait posté ce seul message :
"Décès de Georges Séguy, ancien dirigeant de la CGT : je salue une grande figure du syndicalisme et des luttes sociales dans notre pays."
Pour le secrétaire département de la CGT :
"Georges Séguy était porteur de valeurs aux antipodes de celles du Premier Ministre. Manuel Valls se réclame de Clémenceau, celui qui a fait tirer sur les mineurs de Carmaux (au XIXe siècle), plutôt que de Jaurès qui les a défendu. Au vu de l’hommage rendu, on estime que celui-ci pourrait avoir la décence de choisir une autre destination pour son meeting et de nous laisser en paix."
La CGT n’a pas dit son dernier mot sur la loi Travail
"CE MEETING SERAIT CONSIDÉRÉ COMME UNE PROVOCATION. LA CGT SERAIT CONTRAINTE D’AGIR EN FONCTION.
"Sur France Info, ce vendredi 19 août, Caubère précise le grief qui l’oppose au chef du gouvernement : "Il a rendu hommage du bout des lèvres et avec parcimonie à notre grand dirigeant confédéral Georges Séguy (....) qui était né à Toulouse, en Haute-Garonne. Le fait de venir ici est une provocation", estime-t-il. Embrayant ensuite sur un terrain bien plus politique : "C’est la seule chose qu’il est capable de faire, de la provocation puisqu’il n’est pas capable de redresser la politique économique, ni la politique sociale du pays. C’est pourquoi nous lui demandons de ne pas venir".
Il menace :
"Si ce meeting avait lieu quand même nous irions jusqu’à organiser un contre meeting. Et je tiens à souligner que seront présentes toutes les organisations qui luttent contre le projet de loi Travail depuis le début".
Plutôt qu’une question d’hommage, la CGT est surtout bien décidée à poursuivre le combat contre la loi Travail.
Et si Manuel Valls pensait en avoir fini après son passage en force au parlement, force est de constater qu’il se trompe. Avec ses 688.000 adhérents revendiqués disséminés partout en France, la CGT a les moyens de ses menaces.
"S’il voit le bout du tunnel, c’est qu’il marche à reculons et qu’il confond l’entrée avec la sortie", avait dit Georges Séguy de Jacques Chirac, alors Premier ministre, qui voyait le "bout du tunnel" à la crise en 1995. Une sentence qui sembe défier les âges.
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