574,8 ! Ca vous inspire ? Ca c’est du train, et sur la ligne TGV Est, en plus !... Si j’étais un minimum chauvine, je t’en ferais vite fait un hymne à la gloire de nos géniaux techniciens, de nos formidables ingénieurs, de nos fantastiques dirigeants qui ont permis cette prouesse. Mais comme je ne suis que passéiste, la fille de cheminot exhume ses vieux souvenirs d’escarbilles et de tortillards, de ce qu’on appelait les express (tu parles !!!) entre Paris et Cherbourg, une expédition ! N’empêche, si mon papa voyait ça ! Malgré tout ce qui se profile à l’horizon noirci de nos services publics, malgré les rails vendus aux plus offrant des marchands, malgré les contrôleurs bougons et les rumeurs de privatisations (A moi Firmi !), malgré tout ce qu’on dira, ce soir devant les infos, il y avait comme un vague sourire dans ma tête : Chouette, ils l’ont eu ce record ! Même si on n’y est pour rien, on reste confiant et le mot progrès rit encore. Tu le vois le TGV sur la ligne Paris-Rodez relancée pour l’occasion ? Ce serait chic, hein ?

Dans un genre un peu différent, il y en a un autre qui rêve de records, c’est Le Pen. En panne d’idées, depuis que le candidat UMP lui a piqué les siennes, il en invente de très très sympas : faire remonter les vitesses limites sur les autoroutes (doit être copain avec un entrepreneur de pompes funèbres !), et pendant qu’on y est, vas-y aussi pour l’alcoolémie, et pour faire bonne mesure, idem pour l’amnistie, paquet-cadeau, qui n’en veut ? Nous vivons décidément une drôle de campagne...

Il y en a d’autres qui font fort cette semaine : dans une commune je ne sais plus où, mais ça s’appelle Maincy, ils ont inventé le repas minimum pour enfants de mauvais payeurs ! Vous allez voir, ça résout vite fait le délicat problème de l’obésité précoce ! 7 petits gamins, du primaire, dont les parents avaient « oublié » de payer la cantine (oublié ! Par les temps qui courent, on se doute bien de ce que ça peut recouvrir, un verbe comme ça...), les petits loulous, au pain et à l’eau, ils les ont mis... Au pain et à l’eau, devant les autres gamins qui mangeaient, eux, un vrai repas ! On croit rêver, mais du coup, pas dans le bon sens, sûr... La maire du patelin, aux infos, même pas elle était gênée, dis donc. Elle nous a raconté que ce n’était pas si terrible, puisqu’on leur a donné du pain, justement... d’abord, depuis quand ça doit être rentable, un service social ?

Pour finir, sur une note optimiste (!!!), un morceau de bravoure dans le genre de ceux que nous sert Jacques, dans l’Aveyron, dans sa séquence-humour chaque semaine. Là, il s’agissait de réfléchir sur le peu d’appétence que manifestent les filles pour les carrières scientifiques. Ah bon ? Sont moins bonnes en maths ? En physique ? En bio ? Vous vous en étiez rendus compte, vous ? Le slogan, c’est « Allez, les filles, osez les Sciences ! » Yes ! Ca fait envie, hein ? Comme illustration du truc, ils ont montré deux exercices dans un bouquin de maths : sujet, les pourcentages, il me semble. Julie pèse 58 kilos, elle en perd 10 par un bon régime. Calculez le pourcentage de son propre poids qu’a perdu Julie. Nicolas, à présent : lui, il fait du commerce, et bien sûr, on va nous demander de trouver les bénéfices engrangés par le garçon. Aucune garantie de l’exactitude des énoncés, mais en gros c’était l’esprit. Globalement, on a compris, les nanas, ça ne pense que kilos superflus et envolés, les mecs, eux, ils font fructifier la fortune, amassent des sous... Que les filles s’empresseront de dilapider dans des régimes à la ... Ca ce n’était pas dit, c’est moi qui ! Après ça, les petites, tu leur dis : « Allez, les filles, etc. etc. » Et si elles sont malignes, elles t’envoient vite fait le bouquin de maths à la poubelle, sinon pire, et elles auront bien raison !

brigitte blang prs 57