Constitutions : beaux principes et pires exactions

mardi 21 juin 2016.
 

LES CONSTITUTIONS SUFFISENT-ELLES A GARANTIR LE REPECT DES DROITS HUMAINS ?

Que dit l’article premier de la constitution du pays qui s’est autoproclamé « patrie des droits de l’homme » ? « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. » Dans ce pays, entre 2003 et 2013, le niveau de vie moyen des 10 % les plus pauvres a baissé de 320 euros en valeur annuelle, alors que celui des 10 % les plus riches a augmenté de 4 300 euros et le nombre de pauvres a augmenté de 800 000 personnes depuis 2008. Les femmes, tous temps de travail confondus, touchent 24 % de moins que les hommes et n’occupent que 26,9 % des sièges à l’Assemblée Nationale. Des « républicains » brandissent leurs « racines chrétiennes » et, favorisés par la duplicité du gouvernement, le nombre d’actes islamophobes a triplé depuis 2014. Quant à « l’égalité devant la loi », « ceux d’en bas » apprécieront !

Que dit le préambule de la constitution des USA, pays qui se présente comme le modèle achevé de la démocratie ? « Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d’établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d’assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d’Amérique. » Dans ce pays, 14,8 % des gens vivent en dessous-du seuil de pauvreté (ils étaient 13,2 % en 2008). « Pendant ce temps, l’indice Dow Jones progressait de 8776 fin 2008 à 17 900 en novembre 2015. »

La discrimination continue à frapper les Afro-Américains. Leur taux de pauvreté est trois fois plus élevé que celui des blancs (27,2 % en 2013). Le taux de chômage c’est 11,2 % pour les Noirs contre 4,6 % des Blancs. La richesse médiane des blancs est 13 fois supérieure à celle des noirs. Les assassinats impunis de noirs par des policiers, les procès truqués contre eux sont régulièrement dénoncés.

L’oppression des femmes reste une réalité. Près de 38 millions de femmes ont subi une violence physique de la part de leurs partenaires. Une Etatsunienne sur cinq a été violée (19,3%). Les Etats-Unis ont le plus grand nombre de prisonniers dans le monde, dont un million de femmes en prison ou sous contrôle du système juridique.

Est-il vraiment besoin d’argumenter pour affirmer qu’aucun texte constitutionnel ne suffirait à garantir le respect des droits humains ? Les beaux principes déclamés sont souvent des alibis pour couvrir les pires exactions. Alors, si les lois, fussent elles « fondamentales » doivent être écrites, elles ne valent rien si les conditions concrètes de leur application ne sont pas mises en œuvre et si les peuples ne sont pas organisés pour imposer le respect de leurs droits. Aussi peut-on légitimement se poser la question suivante : Est-il plus important que la population se mobilise pour le droit à la santé, à l’éducation, à un revenu digne, ou encore contre le pillage par les multinationales ou bien doit-elle se battre prioritairement pour s’assurer du nombre de mandats autorisés à un dirigeant ? Quel bénéfice le peuple états-unien tire-t-il de la limitation du nombre de mandat attribué par la constitution à son président ?

Robert SAE

Article original : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...


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