Israël : Nouvelle étape dans le nettoyage ethnique communautariste

mardi 1er mars 2016.
 

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu est en train de préparer une loi qui devrait répondre, dans l’esprit des observateurs, à la question de savoir si Israël est la démocratie qu’il prétend fièrement être. Le projet de loi permet à la majorité des trois-quarts du parlement d’exclure un député en poste. Le projet insuffle une nouvelle vie à l’expression "tyrannie de la majorité". Mais dans ce cas, la majorité consistera à ce que des députés juifs oppriment leurs collègues palestiniens.

Netanyahu a présenté le projet de loi comme une réponse nécessaire aux actions récentes de trois députés de la faction Balad de la Liste Unifiée, une coalition de partis représentant le cinquième souvent laissé pour compte de la population d’Israël que sont les citoyens palestiniens.

Il affirme que les députés "ont pris le parti du terrorisme" ce mois-ci quand ils ont rendu visite aux familles palestiniennes de Jérusalem Est occupée qui attendent depuis des mois qu’Israël leur rende les corps de leurs proches. Les 11 morts sont parmi les personnes soupçonnées d’avoir mené ce que l’on appelle des attaques "solitaires" pendant la vague récente de "troubles" [guillemets de distanciation du terme ajouté par la traductrice] palestiniens. Redoutant davantage de manifestations, Israël a exigé que les familles enterrent les corps en secret, sans autopsie, et dans des parcelles situées à l’extérieur de Jérusalem.

Le fait qu’Israël se serve de dépouilles mortelles comme monnaie d’échange pour obtenir la docilité des Palestiniens vis-à-vis de son occupation illégale constitue un problème moral et politique urgent.

Mais les trois députés palestiniens ont également pensé qu’ils avaient l’obligation d’aider les familles en ajoutant de la pression sur le gouvernement Netanyahu pour qu’il rende les corps. La citoyenneté s’exerce sous une forme fortement dégradée pour la minorité palestinienne en Israël, mais elle jouit de davantage de droits que les Palestiniens vivant sous occupation. Quand une vidéo de leur visite aux familles a été publiée en ligne, cependant, la droite israélienne a saisi l’occasion pour diffamer les députés. Un comité parlementaire d’"éthique" comprenant les principaux partis juifs a suspendu les trois députés pour plusieurs mois. Maintenant, ils risquent de perdre leurs sièges. […] Balad, qui dénonce le statut d’Israël en tant qu’Etat juif et milite bruyamment pour une réforme démocratique, a toujours été susceptible d’être en haut de sa liste.

Dans chaque élection générale récente, une commission électorale dominée par les partis juifs a interdit au Balad ou à ses dirigeants de se présenter, une décision que les tribunaux israéliens ont chaque fois inversée. Maintenant, Netanyahu préfère légiférer sur l’expulsion de Balad et lance un défi aux tribunaux.

Ça ne s’arrêtera pas là. Si le Balad est destitué, la participation des autres factions de la Liste unifiée sera intenable car la droite israélienne cherche à nettoyer ethniquement le parlement.

Pour ceux qui doutent de telles intentions, notez qu’il y a deux ans, le gouvernement a relevé le seuil électoral pour l’entrée au parlement précisément pour exclure les factions palestiniennes. L’intention était de vider le parlement de ses représentants palestiniens. Mais ces factions ont mis de côté leurs différences historiques pour créer la Liste unifiée.


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