Contre la CPI, Israël cherche le soutien de la France

vendredi 26 mars 2021.
 

Le 18 Mars 2021 M. Rivlin, président d’Israël, est venu chercher le soutien d’Emmanuel Macron dans le combat qu’Israël mène contre la Cour Pénale Internationale. Qu’a-t-il obtenu ? Questionnements sous la forme d’une lettre ouverte.

Monsieur Emmanuel Macron, Monsieur le Président

J’ai une question à vous poser.

Le 18 Mars 2021, vous avez reçu M. Rivlin, président d’Israël. M. Rivlin était accompagné, non pas d’un diplomate, d’une figure de la culture, des sciences ou de la politique de son pays, mais du chef d’état-major de l’armée israélienne. C’est que M. Rivlin, et il s’en est très clairement expliqué, était venu pour faire la guerre. Certes pas à la France, fidèle alliée de son pays, mais au Droit International. Car au travers de la Cour Pénale Internationale, c’est à l’ensemble des contraintes que lui imposerait l’application de ce Droit qu’Israël entend continuer d’échapper.

Pour s’y soustraire, plutôt que d’affronter un procès équitable où il pourrait faire valoir ses arguments, Israël a entrepris de discréditer la Cour, qualifiant ses accusations d’être politiques, et même antisémites…

Pourtant les violations du Droit International par Israël sont nombreuses, documentées et connues du public. Mais aussi, et l’exemple récent des destructions, à au moins quatre reprises, du village bédouin de Humsa Al Bqai’a le démontre, elles sont reconnues par l’ONU mais aussi la diplomatie française. En effet, parmi les photos des équipements détruits par l’armée d’occupation israélienne, on peut voire un panonceau qui met en avant les généreux donateurs, et le motif du don. L’un des donateurs est le Centre de crise et de soutien du Ministère des Affaires Étrangères. Le motif du don : « Humanitarian support to Palestinians at risk of forcible transfer in the West Bank » - « Aide humanitaire aux Palestiniens menacés de transfert forcé en Cisjordanie ».

La France donc, avec les moyens financiers que lui apportent ses citoyens au travers de leurs impôts, finance une aide humanitaire aux victimes de ce que le Droit International qualifie de crime. Ce qui démontre qu’elle connaît et reconnaît l’existence de tels crimes.

« Le statut de la Cour pénale internationale adopté à Rome en juillet 1998 (art. 8.2.b.vii et 8.2.e.viii du statut de la CPI) rappelle que, quand ils sont commis en relation avec une attaque systématique et à grande échelle contre la population civile, la déportation et le transfert forcé de population constituent des infractions graves aux Conventions de Genève. Ils peuvent aussi être qualifiés de crime contre l’humanité (art. 7.1.d du statut de la CPI). Les auteurs de tels crimes pourront être jugés, sous certaines conditions, par la Cour pénale internationale. » Source : https://dictionnaire-droit-humanita....

Au passage, je vous demande donc de faire le nécessaire auprès d’Israël pour que la France soit indemnisée par Israël de ces destructions et vols. Pour que les contribuables français n’aient pas à supporter le coût des crimes commis par Israël. Et si possible de récupérer le don que j’ai fait à cette communauté et qui a été volé par les occupants.

Venons en donc à ma question : Quelle réponse avez-vous apporté à la demande de M. Rivlin de vous joindre à son combat contre le Droit International ?

Votre mutisme sur le sujet lors de vos « déclarations conjointes » à l’issue de cette rencontre ne laisse pas de m’inquiéter !

De quoi ce silence est-il le nom ?

D’un soutien secret à l’entreprise israélienne ?

De la continuation d’une complicité discrète mais sans faille avec la politique israélienne pourtant marquée par une dérive criminelle notoire ? D’une révision, mais je n’ose y croire, de cette politique si peu soucieuse des Droits de l’Homme ?

Pour me faire une idée de ce que sera concrètement votre conduite sur cette question, je ne manquerai pas d’être attentif à quelques indicateurs :

La reconnaissance, enfin, de l’État de Palestine par la France.

L’abrogation des circulaires Alliot-Marie, Mercier et Dupont-Moretti, contraires à la jurisprudence de Cour Européenne des Droits de l’Homme et parfaitement incongrues en ce qu’elles s’en prennent aux défenseurs de nos valeurs pour protéger, sous couvert de lutte contre un racisme, un régime colonialiste et suprémaciste.

Le retrait de la France de l’Accord d’Association Union Européenne -Israël, au motif que ce dernier ne respecte pas les valeurs de l’UE, condition expressément acceptée par Israël, et très évidemment pas respectée.

Interdiction de l’importation de marchandises produites illégalement dans les colonies israélienne.

Identification et sanction des ressortissants français qui participeraient à la colonisation de la Palestine.

Le terme mis à la reconnaissance d’un supposé droit d’Israël à représenter tous les juifs du monde. La fin de toute complaisance envers les ingérences que cette reconnaissance lui autorise dans nos affaires intérieures.

L’exigence, à l’égard de la Commission Européenne, d’un contrôle strict des subventions accordées aux entités israéliennes. Ceci afin d’éviter que les impôts de français ne contribuent au financement d’entreprises listées par l’ONU comme complices de la colonisation de la Palestine, comme ce fut hélas le cas.

L’exigence du retrait des troupes d’occupation hors du territoire de la Palestine.

Etc.


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