Syrie : Qu’a dit Jean-Luc Mélenchon à "On n’est pas couché" ?

vendredi 26 février 2016.
 

Quelques adversaires politiques qui ont une carte de presse en poche (l’un n’empêche pas l’autre, n’est-ce pas ?) veulent faire croire qu’hier soir, Jean-Luc Mélenchon serait devenu sur le dossier syrien un simple « soutien » à Vladimir Poutine qu’il aurait même « félicité ».

Le raccourci de l’information est tel qu’il n’est ici qu’objet de propagande grossière et simpliste. Un petit bout de phrase a été pris, sorti de son contexte, pour lui donner une signification différente de la pensée de son auteur. Et dans ce dossier il faut être précis. Ainsi, on a réduit une pensée internationale complexe en une simpliste vision « campiste » du monde où il faut être aligné sur un camp : soit les Etats-Unis soit la Russie. Cette vision de « guerre froide » new look est absurde et surtout éloignée de ce qui a été dit par Mélenchon lors de cette émission en réponse aux questions des journalistes Léa Salamé et Yann Moix.

Pour y voir clair, reprenons calmement et par les faits ce qui a été dit et que j’invite à vérifier. D’abord, pour donner un cadre géopolitique plus global à ce drame, il a été rappelé ce qui est trop peu souvent précisé : « Le fond de l’affaire, c’est le passage des oléoducs et des gazoducs à travers la Syrie, parce qu’il s’agit de faire passer des matières premières pour éviter que les russes ne tiennent de trop près à la gorge toute l’Europe pour leurs fournitures ». A cela, ni Yann Moix, ni Léa Salamé n’ont trouvé à redire.

Tarir les sources de financement de Daesh

Ensuite, le seul moment où le mot « félicité », qui semble faire un petit buzz, a été utilisé par Jean-Luc Mélenchon concernant ce que faisait l’armée russe, a été dit à propos du fait que cette dernière avait enfin réussi à couper la voie de communication qui permettait à Daesh la vente de pétrole en contrebande vers la Turquie. Après l’attentat contre le Bataclan, les commentateurs sont devenus presque unanimes pour dire que Daesh avait des moyens financiers dignes d’un Etat et qu’il était urgent de les tarir. C’était dans la vente de pétrole que résidait sa principale source de financement. Il était donc urgent de le faire et crucial pour ceux qui veulent vraiment lutter contre Daesh. « Je félicite les russes d’être parvenus à couper cette liaison, si bien que Daesh va être étranglé, et comme c’est Daesh qui nous a frappé je souhaite qu’il soit frappé à mort ». Voilà exactement ce qui a été dit par Jean-Luc Mélenchon. A quoi il a été répondu par Yann Moix que l’on ne peut pourtant soupçonner d’affection pour la diplomatie russe : « Là, on est d’accord ! ». On constate donc là la manipulation de certains médias qui veulent faire scandale d’une déclaration qui fit l’unanimité lorsqu’elle fut dite.

Rappelons-nous. Après de longs mois de blocage au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, tant de voix en France ont critiqué l’affrontement stérile avec la Russie que le Gouvernement de François Hollande a fini par changer d’avis et renouer le dialogue avec Moscou. Etait-ce une erreur ? Assurément, non. L’erreur serait de revenir au statu quo ante. Pourtant, certains veulent visiblement revenir en arrière et acter la nouvelle « guerre froide » avec tous les risques qu’elle comporte.

Vite, vite, vite, la paix !

Parce qu’il refuse cette « guerre froide »,Jean-Luc Mélenchon serait-il devenu hier soir un soutien inconditionnel de M. Poutine ? Ecoutons le : « Non, il ne peut être question de laisser Poutine régler le problème (39e minute). (..) Je ne suis pas d’accord pour que Poutine règle le problème. Je suis pour que l’ONU règle le problème. » On ne saurait mieux dire. Qui peut voir dans ses déclarations une quelconque lecture « poutinienne » du conflit ? C’est exactement l’inverse. Nous réclamons un règlement international de ce conflit certainement pas de s’aligner sur la diplomatie russe ou d’un autre pays. N’est-ce pas le bon sens ? Quel autre solution allant vers la paix est-elle sérieusement possible ?

Ni russe ni états-unien, défendre les intérêts de la France

De plus, pointant la part de propagande qu’il existe dans toutes les versions, y compris russes, mais surtout nord-américaines, qui décrivent le conflit, et la nécessaire prudence qu’il faut avoir devant les informations qui sont assenées dans bien des médias français, Jean-Luc Mélenchon a également déclaré « Tout est de la propagande. Je ne suis pas pour les bombardements, et tous les bombardements bombardent tout le monde. Cette pauvre population est prise dans une guerre qui ne la concerne pas, qui est une guerre d’oléoducs et de gazoducs ». Aussi, en réponse à des remarques un peu réductrices de Yann Moix qui lui demandait de hiérarchiser et de dire où était les « méchants », il précisait « Je n’accepte pas ce Disneyland politique. Les « très méchants là », les « très gentils ici ». Tout le monde est méchant dans cette histoire. Tout le monde. On n’a que des intérêts. Donc nous, nous sommes des français et nous nous occupons de ce qui nous concerne. (…) Et nos intérêts ? C’est que la guerre s’arrête vite, vite, vite ».

Enfin, pour conclure, il a tenu à préciser sa vision : « Je ne soutiens qu’une seule chose : le retour rapide à la paix (…) Il faut une coalition universelle contre Daesh et contre les bandes d’islamistes militarisés. Pour cela, il faut une coalition universelle. Pour cela il faut s’allier avec les russes. Discuter… et pas chacun de son coté, bombarder ce qu’il a envie de faire… Il n’y a pas de coalition internationale. C’est la pagaille. » Qui n’est pas d’accord ? Et qui, après le drame de la rédaction de Charlie hebdo et du Bataclan qui a coûté la vie à plusieurs centaines de nos compatriotes, qui ne veut pas qu’au plus vite cette guerre s’arrête ?

La vérité, première victime de la guerre

Voilà la part essentielle du message sur le dossier de la Syrie délivré hier soir par Jean-Luc Mélenchon. Au cours de l’échange, il rappelait à ses contradicteurs « La règle que l’on connaît dans le journalisme : la première victime d’une guerre c’est la vérité ». Manifestement, cette règle ne concerne pas que les périodes guerres, mais aussi les artifices utilisés par certaines rédactions parisiennes pour chercher à affaiblir ceux qui font entendre une voix politique différente. Les 10 000 appuis supplémentaires recueillis sur le site www.JLM2017.fr depuis cette émission démontrent la non-efficacité de cette méthode. A bon entendeur…


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