Quelques Diafoirus ont lancé en janvier 2016 un "appel pour une primaire à gauche" aux présidentielles de 2017. L’objectif réel de la-plupart était de marginaliser Jean-Luc Mélenchon. Ils ont parfaitement réussi leur coup avec un 2ème tour droite toute et l’élection d’Emmanuel Macron.
Aurons-nous droit à la même bêtise insigne en 2022 ?
L’appel à des primaires de la gauche sourd aujourd’hui de plusieurs mouvances. Je lis par exemple ce soir 15 décembre 2015 sur un blog Mediapart très bien référencé, la phrase suivante de Danyel Gill « Il nous faut de toute urgence s’organiser autour de primaires à gauche ! » Son texte attaque Jean-Luc Mélenchon, bille en tête, dans le même temps.
https://blogs.mediapart.fr/danyel-g...
La campagne pour les élections présidentielles nous donne déjà le spectacle d’une politique politicienne :
dans laquelle le "blog de l’illustre inconnu"par exemple, sert à lancer un projet porté par des responsables à coup sûr connus, avec une cible prioritaire à détruire : Jean-Luc Mélenchon. Cette affaire sent déjà mauvais.
où la manoeuvre compte beaucoup plus que le projet. Nous notons par exemple la modification draconienne des conditions pour avoir le droit de se présenter afin d’éliminer quiconque ne dispose pas d’un fort réseau d’élus locaux.
dans laquelle les moyens médiatiques essaient de configurer le choix de candidats proposés aux citoyens. En avril 2015, par exemple, une étude Ifop-Le Journal du dimanche donnait Manuel Valls en tête des personnalités souhaitées comme candidates à l’élection présidentielle de 2017 par les sympathisants de gauche, obtenant les suffrages de 29 % des sondés (37 % des sympathisants du PS, 15 % des sympathisants du Front de gauche et 18 % des sympathisants EELV), loin devant Martine Aubry (19%), François Hollande (18 %), Ségolène Royal (13 %), Arnaud Montebourg (9 %), Cécile Duflot (6 %) et Benoît Hamon (6 %). Ainsi ensuite, leur rumeur a entonné le refrain "Emmanuel Macron est le meilleur candidat pour la gauche" alors même que les enquêtes d’opinion elles-mêmes le plaçaient après Jean-Luc Mélenchon. Ajout postérieur : Le sondage IFOP de début mars 2016, par exemple, a encore confirmé cette avance de Jean-Luc Mélenchon à 15%, Macron à 14%.
dans laquelle les partis de l’establishment bénéficient d’avantages considérables, ne serait-ce que par leur visibilité sur les écrans de télévision et l’amabilité des journalistes à leur encontre. Ajout postérieur : François Hollande, par exemple, a bénéficié pour son émission du 14 avril du soutien évident de la chaîne France 2.
La perspective de primaires à gauche répond à des objectifs différents selon les partis et personnalités concernés. Chaque "gauche" du PS pense à son candidat (Montebourg pour les uns, Hamon pour d’autres, Lienemann encore pour d’autres sans parler de Filoche...). EELV pense surtout à Nicolas Hulot ; Cohn Bendit pense à lui-même ou à (?)...
Nous pouvons accepter la sincérité de l’argument avancé par certains : faire émerger un candidat sorti des rangs du PS mais peu mouillé dans le quinquennat Hollande pour apporter un "rempart" d’une part face à Le Pen, d’autre part face à un Juppé ou Sarkozy aux programmes particulièrement offensifs contre les acquis sociaux et démocratiques. Seul problème : Montebourg comme Hamon n’ont absolument pas fait preuve d’une stratégie politique différente de Hollande, Valls et Macron.
Certains défenseurs des primaires "afin que la gauche ne soit pas éliminée dès le 1er tour en 2017" sont également sincères. Mais comment ne voient-ils pas que :
François Hollande n’acceptera cette primaire que s’il a les plus grandes chances de la gagner sinon il passera outre et le candidat issu des "primaires pour l’unité" ne fera qu’accroître la division.
leur objectif de prouver la non validité d’une candidature Hollande ne peut que favoriser Manuel Valls, Emmanuel Macron ou Ségolène Royal qui n’apporteraient aucune garantie supplémentaire
plusieurs forces engagées dans cette tambouille cherchent surtout à protéger leurs sièges électoraux derrière de grands discours. Lors de la première soirée des partisans de la primaire, Yannick Jadot a eu l’honnêteté d’annoncer que l’objectif serait de partager les investitures aux législatives sur la base des résultats de la primaire. PS, PCF et EELV main dans la main en 2017 ? Hollande en rêvait, la primaire le ferait ? L’élan de la primaire semble bien se réduire au cache-sexe d’un partage des circonscriptions à l’ancienne dans une arrière-boutique.
Les forces à gauche du PS aujourd’hui favorables à une primaire du Front de gauche auraient dû accepter la proposition d’un Front de gauche avec adhésions individuelles pour que cette primaire soit aujourd’hui possible. On ne peut vouloir le beurre et l’argent du beurre. De plus, il est étonnant qu’elles n’aient jamais fait officiellement cette proposition aux autres organisations du Front de Gauche.
Jacques Serieys 15 décembre 2015
1 bis) François Hollande et la direction du PS jouent la montre pour choisir la tactique leur apportant le plus de garanties
François Hollande souhaitait attendre le plus longtemps possible avant d’entrer officiellement dans l’arène car son statut de président de la république focalise déjà les médias sur lui. Par ailleurs,la foire d’empoigne actuelle de la primaire à droite peut produire des effets explosifs.
Manuel Valls avait également tout intérêt à asseoir sa notoriété sondagière vu l’importance qu’avait eue celle-ci en 2007 et 2012.
Aussi, la direction du Parti Socialiste a fait, par exemple, la sourde oreille à la candidature de Marie-Noelle Lienemann rendue publique en juin 2015 « Je me battrai de toutes mes forces pour qu’il y ait des primaires. S’il y en a, je suis prête à être candidate... Il faut proposer aux Français une voix républicaine sociale et conforme au socialisme démocratique qui a porté tous les progrès(...). Il faut porter un discours une stratégie cohérente et pas simplement s’accommoder de l’ère du temps »
Pour l’essentiel, la direction socialiste est partie pour jouer au chat et à la souris, en s’appuyant sur d’illustres et sincères inconnus pour enfoncer Jean-Luc Mélenchon comme un sectaire, égocentrique etc. Elle se dit que si elle réussit à faire passer cela parmi les électeurs de gauche, ce sera toujours ça de pris.
par la notoriété de plusieurs signataires (Daniel Cohn-Bendit, Marie Desplechin, Romain Goupil, Yannick Jadot, Dominique Méda, Gérard Aschieri, Thomas Piketty, Michel Wieviorka, Vikash Dhorasoo...),
par la tonalité assez critique vis à vis de la politique gouvernementale « Nous refusons les renoncements face aux inégalités sociales, à la dégradation environnementale, aux discriminations et à l’affaissement démocratique. Nous refusons la paralysie de nos institutions. »
par la dynamique citoyenne qu’elle essaie d’impulser « En signant cet appel, je m’engage à voter lors de la primaire des gauches et des écologistes. Je participerai dans la mesure du possible aux débats qui seront organisés pour la nourrir. Signez et faites signer, pour réanimer le débat politique, pour se réapproprier l’élection présidentielle, pour choisir notre candidat-e ! »
par le soutien d’Europe Ecologie Les Verts, exprimé par exemple, par son porte-parole Julien Bayou voyant dans l’appel « l’idée de ne pas faire ce qu’a fait Hollande sur l’économie, la fiscalité, le social, l’éducation, avec des nuances bien sûr... C’est une très belle nouvelle que ça sorte dans le débat public, d’autant plus que quand il s’agit de quelques activistes, les principaux intéressés peuvent ne pas répondre mais quand c’est ce type de signataires, c’est plus difficile »"
par l’accueil favorable du Parti Communiste Français, exprimé par exemple dans la déclaration de Pierre Laurent et dans l’éditorial de L’Humanité Dimanche signé Patrick Le Hyaric « Pour sortir du marasme actuel, des initiatives voient le jour à gauche pour tenter de faire vivre une perspective. Des clubs se forment, des gens se regroupent, des débats s’organisent, des personnalités lancent l’idée de réunions citoyennes et de choix d’un candidat de gauche à l’élection présidentielle de 2017 avec des « primaires ». Autant de preuves, à la fois, de l’ampleur des difficultés à surmonter et de la conscience qu’il est possible d’y parvenir, apportées par des citoyens et des personnalités qui, comme nous, refusent le retour de la droite, la montée de l’extrême droite et la destruction de la gauche, déjà bien entamée par les tenants de « la révolution copernicienne »
surtout par l’écho important dans l’électorat de gauche. D’après le sondage Harris interactive pour Marianne, 85% des sympathisants de gauche y sont favorables et cela correspond à mon impression sur le terrain.
2 bis) Cet appel présente des lacunes évidentes
Sur le fond politique, l’impasse sur les politiques libérales et l’austérité impulsée par l’Union européenne constitue un manque considérable dans cet appel car la possibilité d’une politique de gauche après les présidentielles commence à coup sûr par une cohérence et une conscientisation citoyenne sur ce sujet.
A l’heure où la casse du Code du travail se poursuit, ne rien en dire augure mal de la capacité des initiateurs de cet appel à choisir leur camp social.
Certaines formulations de l’appel comme du Manifeste adossé à lui sont aussi ambigües que les engagements socialistes de François Hollande en 2012, par exemple la mise en cause des « projets [qui] conjuguent sans cohérence le néo-libéralisme du capitalisme financier, les régressions ethniques et racistes, et le recyclage nostalgique de l’étatisme des Trente Glorieuses et de l’Etat omnipotent ».
Plus important que les mots, quel est le projet politique sous-jacent à cet appel ? La forte présence médiatique de Daniel Cohn Bendit laisserait penser qu’il a une idée derrière la tête, pour lui ou pour qui ?
Cet "appel" bénéficie du soutien de personnalités et forces politiques tellement différentes que son seul but, dans l’immédiat, se résume probablement à empêcher l’émergence d’une candidature Mélenchon.
Si cela nous amène, en fin de compte, à l’élection de Marine Le Pen ou d’un néolibéral plus dur encore que Hollande, des organisations comme le PCF et EELV auront joué un très mauvais tour à la gauche et à la classe ouvrière.
Jacques Serieys, janvier 2016
Le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a joué la montre en enfilant des balivernes.
Quant aux proches de François Hollande, ils ont exprimé leur opposition totale à ce projet de primaire "de la gauche et des écologistes", tel Jean-Yves Le Drian au Grand Jury "Je ne vois pas le président de la République, dans cette période tendue, passer du temps à aller défendre le soir sa candidature à une primaire. Je ne le vois pas du tout, ce n’est pas convenable".
Luc Carvounas, proche de Manuel Valls affirmait : « A partir du moment où le Président sortant est candidat, je n’imagine pas sa famille politique ne pas se rassembler derrière le chef de l’Etat ». Le principe des primaires se trouvant dans les statuts du Parti socialiste, il ajoutait « Après un débat, le bureau national du PS peut considérer qu’il y a dérogation. Ce ne sera pas la première fois que les statuts ne sont pas appliqués à la lettre »
Le président du groupe PS du Sénat, Didier Guillaume fermait le ban « Il ne peut pas y avoir de primaire avec un Président sortant, ça n’a pas de sens. (…) Le Président a autre chose à faire que de passer six mois de l’année à débattre avec d’autres socialistes » a-t-il affirmé dans l’émission Sénat 360 sur Public Sénat
Jacques Serieys, mars 2016
Cet appel à une « primaire des gauches et des écologistes » a eu des conséquences rapides dans la "gauche du Parti Socialiste".
Plusieurs têtes connues ont apporté leur soutien à la perspective d’une primaire des gauches et des écologistes.
Surtout, les instances nationales et représentants de la Motion B (30% du PS lors du dernier congrès) dans les départements ont voté à l’unanimité un texte appelant à des « primaires citoyennes de la gauche ».
« Dans ce quinquennat, la gauche s’est fracturée. Des choix opérés dans la solitude du pouvoir ont rompu le fil de nos engagements. Il n’y a pas de candidature automatique en 2017.
Les causes communes et les formes politiques se ré inventent en Europe. En France, les combats collectifs sont en panne. Institutions, partis, syndicats : partout, la démocratie doit être réveillée. Les primaires doivent être un grand événement démocratique, comme nos partis ne savent plus en produire. Très majoritairement, les Français s’y déclarent favorables.
D’ores et déjà, nous décidons de travailler avec tous pour donner un bel élan à cette idée, et pour rassembler les conditions concrètes de réussite de cette belle ambition commune. »
Jacques Serieys, mars 2016
Vu l’ampleur du soutien à l’idée d’une primaire à gauche, la direction du PS (à coup sûr en contact avec l’Elysée) a choisi de jouer le plus fin possible : dire oui à des primaires mais en posant des conditions la rendant impossible et faisant retomber la responsabilité de l’échec sur Jean-Luc Mélenchon.
Julien Dray a donné le la sur BFMTV "Oui à une primaire de toute la gauche en vue d’avoir un seul candidat... Parce que la question sous-jacente à tout cela, c’est d’être présent au deuxième tour de l’élection présidentielle, de ne pas recommencer le 21 avril 2002". Mais... "Si la primaire sert à régler des comptes ou à éliminer les uns ou les autres, à faire un tribunal dans lequel devrait passer tel ou tel candidat, elle n’a aucun intérêt", prévient-il. Surtout, il insiste sur l’intérêt d’une primaire "de toute la gauche".
Jean-Christophe Cambadélis a repris le même argumentaire sur iTélé "Oui à une primaire de toute la gauche pour un candidat unique de la gauche... Il faut que l’ensemble des forces de gauche et des écologistes soient bien d’accord, celui qui l’emporte, on se met tous derrière lui. Sinon, ce n’est pas une primaire, c’est une manœuvre." Pour être sûr de la clarté de sa manoeuvre il ajoute goguenard "Si c’est une primaire de toute la gauche, ça va être difficile pour Mélenchon de se maintenir à l’extérieur…".
Ainsi, la direction du PS invitée aux petites réunions du soir à l’Elysée pour préparer les présidentielles croit éviter le piège des primaires en en tendant un à Jean-Luc Mélenchon comme l’a bien compris Marianne dans son article intitulé Primaire à gauche : comment Hollande piège Mélenchon « Si François Hollande reste mutique sur le sujet, il a donc pris soin d’envoyer au front ses grognards, qui s’emploient à déminer le terrain sans vexer les sympathisants de gauche, largement favorables à une primaire, selon un sondage Harris Interactive pour Marianne. Un conseiller élyséen, lui, ne prend pas de pincettes pour dévoiler l’issue de cette comédie : "Il n’y aura pas de primaire. Qui est en mesure d’en organiser une en six mois ? Les Républicains et le PS. Or, ceux qui ont répondu favorablement à l’appel sont les écologistes et les communistes." Et puis, "quand vous êtes président sortant, c’est difficile, justement parce qu’il faut présider la France", ajoute-t-il. »
6) Les appels à une primaire à gauche ont provoqué un tel emballement que bien des tacticiens généralement prudents ont été obligés de se découvrir plus tôt qu’ils ne le souhaitaient.
Mais que nous réserve l’avenir ?
La journée du 6 février nous avait déjà apporté plusieurs éclaircissements :
Premièrement, la conférence de presse tenue le matin même par Aurélie Filipetti et Benoît Hamon m’a paru plus contestataire qu’attendu. Arnaud Montebourg est-il en embuscade pour participer lui aussi au poker menteur ?
Je note en particulier un durcissement dans la critique de la politique gouvernementale " la triangulation (piocher des idées chez les adversaires politiques pour les déstabiliser) est en train de nous tuer, de nous asphyxier", a mis en garde Mme Filippetti. "Ce n’est pas seulement de la triangulation, là on campe chez l’adversaire", a renchéri le député des Yvelines. "Ce sur quoi il a été élu en 2012 ne semble plus l’animer aujourd’hui, il y a une forme de reniement qui est incompréhensible car en plus, c’est inefficace"
Deuxièmement, comme prévu, la direction du PS (donc le PS), n’a jamais eu l’intention de participer à une primaire ouverte de la gauche et des écologistes. Le Conseil national du parti s’est vu proposer un projet de résolution de 4 pages intitulé « le dépassement : une nouvelle étape pour une France nouvelle », ne comportant aucune référence à l’organisation d’une primaire ouverte pour désigner le candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2017. Trois chantiers sont prévus :
le lancement d’une Alliance Populaire (sous la responsabilité de Julien Dray) d’ici la fin mars s’adressant directement aux citoyens et aux associations par delà les partis.
en juin, le PS fera dix propositions sur la lutte contre la précarité, texte habituel pré-présidentielles qui tombe aux oubliettes aussitôt après
la préparation de sept « Cahiers de la présidentielle » déclinant les principaux points du futur programme du candidat
Troisièmement, Jean-Christophe Cambadélis affirme devant la presse l’inverse des positions qu’il défend devant le Conseil national de son parti. "Je veux, et je vais même me battre pour (la primaire), parce qu’un candidat unique de la gauche gagne la présidentielle, et que je ne fais pas l’impasse sur la présidentielle". Mais "il y a beaucoup trop de préalables pour l’instant", a-t-il immédiatement ajouté car :
Jean-Luc Mélenchon ne veut pas y participer
Pierre Laurent et le PCF considèrent impossible de "se mettre derrière" le président de la République François Hollande s’il gagnait la primaire
pour Clémentine Autain (Ensemble !), "seule la vraie gauche peut participer".
"J’attends que les préalables tombent. Nous aurons un conseil national dans soixante jours et j’espère que d’ici là, j’aurai des réponses précises", a-t-il dit.
Il est évident que diverses personnalités souhaitent pousser Hollande hors jeu pour prendre sa place. Pour ne pas se couper des élus et de l’électorat PS, ils jouent du billard à mille bandes au moment où les citoyens, eux, aspirent à un débat politique de fond. Dès à présent, l’idée de primaires de la gauche met aux prises plusieurs candidats putatifs poussant leurs lieutenants en avant et cachant bien où il veulent en venir.
Les "primaires ouvertes de la gauche et des écologistes" devenant en réalité caduques, quelle option va choisir le PCF ? La réponse à cette question présentera une grande importance. J’espère surtout que ce grand parti ne continuera pas trop longtemps à jouer au poker menteur avec quelques individus de la "gauche du PS", parce que cela n’ira pas bien loin.
En lien avec l’Elysée, Jean-Christophe Cambadélis et ses proches ont choisi d’opter pour des primaires afin de respecter les statuts du parti mais en convoquant seulement les candidats inscrits dans la démarche gouvernementale. En effet, la primaire prévue ne concerne que la "gauche gouvernementale" de "la Belle Alliance Populaire", c’est-à-dire le PS, le PRG et les écologistes pro-gouvernement. Les adhérents de ces organisations seront, seuls prévenus de ces dispositions.
Cette "primaire de la gauche" interviendrait fin janvier, après la primaire de la droite et après la décision attendue en décembre de François Hollande sur une éventuelle candidature à un second mandat.
Cette décision ne clarifie pas toute la préparation de ces primaires. Les fédérations du PS sont-elles, par exemple, en état de prendre en charge 1000 bureaux de vote alors que dans un nombre significatif de départements les instances sont totalement bloquées depuis la loi El Khomri ?
Même le Parti radical de gauche rechigne devant ces primaires de "la Belle Alliance Populaire" larmoyant qu’il n’a été informé du projet que par la presse, qu’elles vient seulement à "régler les problèmes internes du PS" (Jean-Michel Baylet).
La fameuse et fumeuse "Union des Démocrates et écologistes" de Jean-Vincent Placé et de François de Rugy va-t-elle attirer une portion significative des écologistes dans ce processus de primaires étriquées ?
Quel est vraiment le projet d’Emmanuel Macron ?
Jusqu’où iront les candidats socialistes opposés à François Hollande ?
L’annonce des primaires made in Rue de Solférino a enterré le processus lancé par Libération en janvier.
Les personnalités médiatiques engagées dans cette affaire en janvier sont bien muettes six mois plus tard.
Toute la gauche du Parti Socialiste s’est alignée, bon gré mal gré, sur la perspective de ces primaires votées à l’unanimité du Conseil national. Il est vrai que Gérard Filoche et ses amis de Démocratie et Socialisme continuent à en appeler à une « grande primaire citoyenne ouverte et démocratique de toute la gauche et des écologistes. Seule une candidature unique de la gauche, dès le premier tour, pourra éviter la catastrophe : un second tour où s’affronteraient la droite et l’extrême droite. » Ce point de vue pourrait être juste si cette primaire n’était pas seulement une opération tactique visant à redonner un vernis à la candidature de François Hollande.
Europe Ecologie Les Verts va organiser ses propres primaires. Cécile Duflot et Yanniick Jadot se sont déjà portés candidats.
Surtout, que va faire le Parti Communiste dans un tel contexte totalement préempté dans l’intérêt de François Hollande.
Conclusion : Chaque organisation ou courant appelle à sa primaire mais en prétendant que la sienne seule permettra à un candidat de "gauche" de parvenir au second tour. Heureusement, la partie de poker menteur va se clore cet automne.
Jacques Serieys
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